Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Page d'accueil du site (capture d'écran, 21/04/2022).

InfoWars (infowars.com) est l'un des plus influents sites complotistes américains.

Lancé en 1999 par Alex Jones, devenu l'une des principales figures conspirationnistes aux États-Unis, ce site Internet situé politiquement à l'extrême droite a pu cumuler jusqu'à 10 millions de visites par mois (données SimilarWeb), générant plusieurs dizaines de millions de dollars de recettes par an.

Le site jouit d’une audience considérable dans les milieux de l’alt-right américaine et peut être considéré comme le média de référence de la complosphère outre-Atlantique et dans le monde anglophone. Le site de notation des médias NewsGuard estime qu'InfoWars « enfreint gravement les principes journalistiques de base ». En 2009, l’entreprise d’Alex Jones faisait déjà travailler une quinzaine de personnes à temps plein sur un studio de 700 m² et dégageait un chiffre d’affaires annuel d’un million et demi de dollars.

InfoWars est essentiellement consacré à la dénonciation, sans réelle base factuelle, de prétendus complots et attaques sous faux drapeau sur à peu près tous les sujets. Dans cet océan d’infox, on peut citer les élucubrations du site sur les attentats du 11-Septembre (qui seraient le fait du gouvernement américain), la tuerie de l'école Sandy Hook de 2012 (une « mise en scène pilotée par des opposants aux armes à feu »), la franc-maçonnerie, les vaccins, la fluoration de l'eau, le contrôle mental, le sionisme, les sociétés secrètes, les chemtrails, les Illuminati, QAnon, les services de renseignement, le Pizzagate, le « Nouvel Ordre Mondial », Big Pharma, Les Démocrates, Barack Obama (accusé de mentir sur sa véritable identité), Michelle Obama (accusée d'être en réalité un homme), George Soros, le terrorisme, l'existence de bases sur la planète Mars accueillant des enfants réduits en esclavage sexuel, Bill Gates ou encore les Nations unies, accusées de chercher à réduire de 80% la population mondiale... Alex Jones a plusieurs fois annoncé sur InfoWars que le « Deep State » et/ou le parti démocrate allaient assassiner Donald Trump dans un attentat déguisé.

Si InfoWars propose des articles écrits, l’essentiel de son contenu se concentre sur la production vidéo, la diffusion d’émissions live et de talk-shows en plateau reprenant les codes visuels d’une véritable chaîne de télévision, dont l’animateur principal est Alex Jones, réalisés avec des moyens professionnels dans les studios d’InfoWars à Austin (Texas). Comme la plupart des médias complotistes, le site reproduit, sans autorisation préalable, des contenus émanant d’autres médias « alternatifs » mais aussi traditionnels, comme que le New York Times, la BBC, CNN ou encore BuzzFeed. InfoWars aurait également relayé des milliers d'articles issus du média de propagande russe RT.

InfoWars a construit une partie de son modèle économique sur un fonctionnement comparable à celui d’un site de télé-achat : Alex Jones et les autres animateurs font la promotion dans leurs émissions de produits proposés par la boutique en ligne. S’il s’agissait au départ de vente par des partenaires commerciaux, liés par exemple à l’univers du survivalisme, le site commercialise ensuite principalement des articles sous sa propre marque, InfoWars, centrée autour d’une large gamme de compléments alimentaires et de traitements de santé alternatifs. On pouvait par exemple y trouver un dentifrice prétendument capable de « tuer » le virus du Covid-19, qui lui vaudra une mise en demeure des autorités sanitaires américaines pour publicité mensongère. Alors qu’Alex Jones a souvent prétendu que son site survivait difficilement et seulement grâce aux dons de fans, il a été révélé que la boutique en ligne d’InfoWars a rapporté 165 millions de dollars en trois ans (2015 – 2018).

Outre son fondateur et principal animateur Alex Jones, on compte parmi les collaborateurs du site Jerome Corsi, le britannique Paul Joseph Watson, le présentateur Owen Shroyer, David Knight, l’animatrice DeAnna Loren (qui avait par exemple estimé que Joe Biden pourrait être remplacé par un clone ou des images 3D pour un débat), l’australienne Maria Zee ou encore Rob Dew.

En décembre 2015, Alex Jones interviewe sur InfoWars le candidat Donald Trump, qui salue la « réputation extraordinaire » de son interlocuteur et promet de ne « pas le laisser tomber », présageant d’un recours systématique aux fake news et au complotisme dans la parole du futur président des États-Unis. Un nombre considérable de personnalités conspirationnistes parmi les plus en vue ont été reçues dans le cadre d’émission sur InfoWars, la plupart du temps par Alex Jones lui-même, comme la star du hip-hop Kanye West, interviewé aux côtés de Nick Fuentes, la congressiste pro-QAnon Marjorie Taylor Greene, le général Michael Flynn, le consultant Républicain Roger Stone, Candace Owens, Tucker Carlson, Roseanne Barr, David Icke, le médecin antivax Vladimir Zelenko, Mike Cernovich, Paul Craig Roberts, Jim Marrs ou le dessinateur Ben Garrison.

Pour d’autres figures plus confidentielles, un passage sur InfoWars fait office de consécration dans la sphère publique. C’est le cas par exemple de Maram Susli, Brother Nathaniel ou encore Dom Lucre. En septembre 2023, Alex Jones reçoit Vladimir Soloviev dans son émission sur InfoWars, le plus célèbre des propagandistes pro-Kremlin.

En août 2018, dans le cadre des poursuites engagées contre Alex Jones par des familles de victimes du massacre de Sandy Hook, InfoWars a été banni des plateformes Spotify, Facebook, YouTube (la chaîne d’InfoWars totalisait près de 2,5 millions d’abonnés) et Pinterest, suivies par Twitter un mois plus tard. L’application d’InfoWars est retirée de l’Apple Store dès 2018 et par Google en 2020. Le compte Twitter d’Infowars est finalement réinstauré par Elon Musk en décembre 2023, après qu’il a pris le contrôle de la plateforme à l’oiseau bleu.

Suite à ces bannissements en chaîne, Alex Jones lance en 2019 Banned.info, une plateforme vidéo « anti-censure » sur laquelle sont désormais diffusés les contenus d’InfoWars, mais aussi ceux d’autres figures complotistes comme le présentateur vedette Tucker Carlson ou le conspi britannique David Icke.

En 2022 puis 2024, Alex Jones est condamné pour diffamation et préjudice moral à payer une amende record de près d’1,5 milliard de dollars aux familles de la tuerie de l’école Sandy Hook pour avoir affirmé qu’il s’agissait d’un « canular » joué par des « acteurs ». Se déclarant en faillite personnelle, Alex Jones, propriétaire d’InfoWars met en vente le site pour payer une partie des indemnités. En novembre 2024, on apprend que c’est le journal satirique new-yorkais The Onion (équivalent américain du Gorafi en France) qui rachète le groupe InfoWars, avec la participation de certaines familles de victimes. The Onion, qui publie des faux articles dans une démarche humoristique, compte transformer InfoWars en une parodie de lui-même, en éditant des infox exagérément complotistes et en se moquant de figures de la complosphère, comme Alex Jones. Cette transformation d’une des plus grosses places fortes mondiales de désinformation en un site luttant contre ce phénomène est saluée par les victimes d’Alex Jones comme une véritable « revanche ».

 

(Dernière mise à jour le 19/11/2024)

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InfoWars (infowars.com) est l'un des plus influents sites complotistes américains.

Lancé en 1999 par Alex Jones, devenu l'une des principales figures conspirationnistes aux États-Unis, ce site Internet situé politiquement à l'extrême droite a pu cumuler jusqu'à 10 millions de visites par mois (données SimilarWeb), générant plusieurs dizaines de millions de dollars de recettes par an.

Le site jouit d’une audience considérable dans les milieux de l’alt-right américaine et peut être considéré comme le média de référence de la complosphère outre-Atlantique et dans le monde anglophone. Le site de notation des médias NewsGuard estime qu'InfoWars « enfreint gravement les principes journalistiques de base ». En 2009, l’entreprise d’Alex Jones faisait déjà travailler une quinzaine de personnes à temps plein sur un studio de 700 m² et dégageait un chiffre d’affaires annuel d’un million et demi de dollars.

InfoWars est essentiellement consacré à la dénonciation, sans réelle base factuelle, de prétendus complots et attaques sous faux drapeau sur à peu près tous les sujets. Dans cet océan d’infox, on peut citer les élucubrations du site sur les attentats du 11-Septembre (qui seraient le fait du gouvernement américain), la tuerie de l'école Sandy Hook de 2012 (une « mise en scène pilotée par des opposants aux armes à feu »), la franc-maçonnerie, les vaccins, la fluoration de l'eau, le contrôle mental, le sionisme, les sociétés secrètes, les chemtrails, les Illuminati, QAnon, les services de renseignement, le Pizzagate, le « Nouvel Ordre Mondial », Big Pharma, Les Démocrates, Barack Obama (accusé de mentir sur sa véritable identité), Michelle Obama (accusée d'être en réalité un homme), George Soros, le terrorisme, l'existence de bases sur la planète Mars accueillant des enfants réduits en esclavage sexuel, Bill Gates ou encore les Nations unies, accusées de chercher à réduire de 80% la population mondiale... Alex Jones a plusieurs fois annoncé sur InfoWars que le « Deep State » et/ou le parti démocrate allaient assassiner Donald Trump dans un attentat déguisé.

Si InfoWars propose des articles écrits, l’essentiel de son contenu se concentre sur la production vidéo, la diffusion d’émissions live et de talk-shows en plateau reprenant les codes visuels d’une véritable chaîne de télévision, dont l’animateur principal est Alex Jones, réalisés avec des moyens professionnels dans les studios d’InfoWars à Austin (Texas). Comme la plupart des médias complotistes, le site reproduit, sans autorisation préalable, des contenus émanant d’autres médias « alternatifs » mais aussi traditionnels, comme que le New York Times, la BBC, CNN ou encore BuzzFeed. InfoWars aurait également relayé des milliers d'articles issus du média de propagande russe RT.

InfoWars a construit une partie de son modèle économique sur un fonctionnement comparable à celui d’un site de télé-achat : Alex Jones et les autres animateurs font la promotion dans leurs émissions de produits proposés par la boutique en ligne. S’il s’agissait au départ de vente par des partenaires commerciaux, liés par exemple à l’univers du survivalisme, le site commercialise ensuite principalement des articles sous sa propre marque, InfoWars, centrée autour d’une large gamme de compléments alimentaires et de traitements de santé alternatifs. On pouvait par exemple y trouver un dentifrice prétendument capable de « tuer » le virus du Covid-19, qui lui vaudra une mise en demeure des autorités sanitaires américaines pour publicité mensongère. Alors qu’Alex Jones a souvent prétendu que son site survivait difficilement et seulement grâce aux dons de fans, il a été révélé que la boutique en ligne d’InfoWars a rapporté 165 millions de dollars en trois ans (2015 – 2018).

Outre son fondateur et principal animateur Alex Jones, on compte parmi les collaborateurs du site Jerome Corsi, le britannique Paul Joseph Watson, le présentateur Owen Shroyer, David Knight, l’animatrice DeAnna Loren (qui avait par exemple estimé que Joe Biden pourrait être remplacé par un clone ou des images 3D pour un débat), l’australienne Maria Zee ou encore Rob Dew.

En décembre 2015, Alex Jones interviewe sur InfoWars le candidat Donald Trump, qui salue la « réputation extraordinaire » de son interlocuteur et promet de ne « pas le laisser tomber », présageant d’un recours systématique aux fake news et au complotisme dans la parole du futur président des États-Unis. Un nombre considérable de personnalités conspirationnistes parmi les plus en vue ont été reçues dans le cadre d’émission sur InfoWars, la plupart du temps par Alex Jones lui-même, comme la star du hip-hop Kanye West, interviewé aux côtés de Nick Fuentes, la congressiste pro-QAnon Marjorie Taylor Greene, le général Michael Flynn, le consultant Républicain Roger Stone, Candace Owens, Tucker Carlson, Roseanne Barr, David Icke, le médecin antivax Vladimir Zelenko, Mike Cernovich, Paul Craig Roberts, Jim Marrs ou le dessinateur Ben Garrison.

Pour d’autres figures plus confidentielles, un passage sur InfoWars fait office de consécration dans la sphère publique. C’est le cas par exemple de Maram Susli, Brother Nathaniel ou encore Dom Lucre. En septembre 2023, Alex Jones reçoit Vladimir Soloviev dans son émission sur InfoWars, le plus célèbre des propagandistes pro-Kremlin.

En août 2018, dans le cadre des poursuites engagées contre Alex Jones par des familles de victimes du massacre de Sandy Hook, InfoWars a été banni des plateformes Spotify, Facebook, YouTube (la chaîne d’InfoWars totalisait près de 2,5 millions d’abonnés) et Pinterest, suivies par Twitter un mois plus tard. L’application d’InfoWars est retirée de l’Apple Store dès 2018 et par Google en 2020. Le compte Twitter d’Infowars est finalement réinstauré par Elon Musk en décembre 2023, après qu’il a pris le contrôle de la plateforme à l’oiseau bleu.

Suite à ces bannissements en chaîne, Alex Jones lance en 2019 Banned.info, une plateforme vidéo « anti-censure » sur laquelle sont désormais diffusés les contenus d’InfoWars, mais aussi ceux d’autres figures complotistes comme le présentateur vedette Tucker Carlson ou le conspi britannique David Icke.

En 2022 puis 2024, Alex Jones est condamné pour diffamation et préjudice moral à payer une amende record de près d’1,5 milliard de dollars aux familles de la tuerie de l’école Sandy Hook pour avoir affirmé qu’il s’agissait d’un « canular » joué par des « acteurs ». Se déclarant en faillite personnelle, Alex Jones, propriétaire d’InfoWars met en vente le site pour payer une partie des indemnités. En novembre 2024, on apprend que c’est le journal satirique new-yorkais The Onion (équivalent américain du Gorafi en France) qui rachète le groupe InfoWars, avec la participation de certaines familles de victimes. The Onion, qui publie des faux articles dans une démarche humoristique, compte transformer InfoWars en une parodie de lui-même, en éditant des infox exagérément complotistes et en se moquant de figures de la complosphère, comme Alex Jones. Cette transformation d’une des plus grosses places fortes mondiales de désinformation en un site luttant contre ce phénomène est saluée par les victimes d’Alex Jones comme une véritable « revanche ».

 

(Dernière mise à jour le 19/11/2024)

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