Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Page d'accueil de la chaîne YouTube d'Afrique Média (capture d'écran).

Afrique Média (afriquemedia.tv) est un média privé camerounais francophone, propriété de l'homme d'affaires Justin Tagouh.

La ligne éditoriale très engagée d'Afrique Média trahit, derrière une dénonciation permanente du « néo-colonialisme », un tropisme à la fois ouvertement pro-russe et violemment anti-occidental, en particulier anti-français, qui verse allégrement dans le conspirationnisme. Parmi ses thèmes favoris : la dénonciation du franc CFA comme arme « néocoloniale » de contrôle de l'Afrique par la France ; la France et l'Occident qui se trouveraient derrière le terrorisme islamiste en Afrique ; l'OTAN responsable de l'invasion russe en Ukraine ; la défense des régimes issus de coups d'État militaires au Mali, en Guinée ou au Burkina Faso.

Basée à Douala, Afrique Média se présente comme la « première chaîne de télévision panafricaine ». Elle affiche d'ailleurs sa filiation revendiquée avec des personnages historiques considérés comme des héros de la cause panafricaniste comme Thomas Sankara, Kwame NKrumah, Patrice Lumumba, Marcus Garvey, Malcolm X ou encore l'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi.

À l'été 2014, Afrique Média se voit retirée du bouquet média de CanalSat, après qu'un invité à l'antenne a accusé CanalSat d'avoir perçu d'un État africain « la rondelette somme de  2 milliards [de francs CFA] » (environ 3 millions d'euros) pour brouiller volontairement son signal pendant quelques heures. À l'été 2015, la chaîne est suspendue d'antenne un mois par les autorités camerounaises pour avoir laissé ses invités, lors de débats, « proférer des accusations non justifiées et des appels à la haine susceptibles de porter atteinte à l’image et à l’honneur de personnalités, d’institutions et pays étrangers », en accusant par exemple la France et les États-Unis de soutenir en sous-main le mouvement terroriste islamiste Boko Haram. Le régulateur des médias camerounais déplorait à l'époque « la généralisation des manquements professionnels » et « des confusions préjudiciables entre liberté d’opinion et les atteintes à la dignité des personnes ».

Parmi les invités qu'Afrique Media reçoit régulièrement, l'analyste politique Bertrand Tatsinda, amateur des « révélations sur la Minusma » (mission de l'ONU au Mali) ; l'activiste complotiste et panafricaniste Kemi Seba, par exemple à l'occasion du sommet Russie-Afrique de Sotchi en 2019 ; ou encore Banda Kani, président d'un micro parti politique camerounais, et habitué des diatribes complotistes anti-françaises et pro-Poutine : en juillet 2021, il participait par exemple à un débat sur « le plan macabre des mercenaires dans le projet d'assassinat des dirigeants africains », dont la paternité se voyait attribuée aux Occidentaux. En septembre 2022, c'est la député malienne Amina Fofana qui, sur l'antenne d'Afrique Media, accuse Paris d'être derrière le terrorisme dans son pays.

Largement investie dans la diffusion d'un discours conforme à la propagande du Kremlin, autour de la guerre en Ukraine notamment, Afrique Média reçoit en ce sens le blogueur complotiste belge Michel Collon en octobre 2022, l'ancien militaire Adrien Bocquet ou encore l'ex-député belge d'extrême droite Laurent Louis, ancienne figure de la complosphère francophone, condamné pour négationnisme, qui affirme à l'antenne que la « Russie intervient pour protéger son peuple, pris en otage » et que les Russes, en lutte contre l'« impérialisme », sont « les seuls qui peuvent défendre aujourd’hui les pays en Afrique. »

Afrique Média revendique plusieurs dizaines de collaborateurs au Cameroun et à travers le monde. Une enquête de Jeune Afrique de 2021 révélait que, plutôt que par la publicité, la chaîne avait été financée par les chefs d'État de Guinée équatoriale et du Tchad, avant de se tourner vers le soutien de la Russie par l'entremise de Luc Michel, activiste belge d'extrême-droite... et intervenant régulier sur Afrique Média.

En 2020, le PDG d'Afrique Média, Justin Tagouh (qui a rencontré le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et affirme avoir rencontré Vladimir Poutine) annonçait vouloir lancer une radio panafricaine sur le modèle d'Afrique Média avec le soutien de « partenaires russes ».

Un partenariat est signé fin décembre 2022 entre Afrique Média et Russia Today, la chaîne du Kremlin, avec pour volonté affichée de lutter contre la « la propagande mensongère occidentale ».

Début décembre 2023, les bureaux de la chaîne, dont le siège est situé en banlieue de Douala (Cameroun) sont mis sous scellés. Afrique Média est accusée par la Caisse nationale de prévoyance sociale du Cameroun de n’avoir pas « immatriculé » son personnel et d’accumuler les impayés de cotisations.

Suivi par plus d'un million d'utilisateurs sur Facebook, le média compte environ 883 000 abonnés sur YouTube où il cumule plus de 170 millions de vues depuis 2014, avec une accélération notable de son audience depuis l'automne 2022.

 

(Dernière mise à jour le 19/12/2023)

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Afrique Média (afriquemedia.tv) est un média privé camerounais francophone, propriété de l'homme d'affaires Justin Tagouh.

La ligne éditoriale très engagée d'Afrique Média trahit, derrière une dénonciation permanente du « néo-colonialisme », un tropisme à la fois ouvertement pro-russe et violemment anti-occidental, en particulier anti-français, qui verse allégrement dans le conspirationnisme. Parmi ses thèmes favoris : la dénonciation du franc CFA comme arme « néocoloniale » de contrôle de l'Afrique par la France ; la France et l'Occident qui se trouveraient derrière le terrorisme islamiste en Afrique ; l'OTAN responsable de l'invasion russe en Ukraine ; la défense des régimes issus de coups d'État militaires au Mali, en Guinée ou au Burkina Faso.

Basée à Douala, Afrique Média se présente comme la « première chaîne de télévision panafricaine ». Elle affiche d'ailleurs sa filiation revendiquée avec des personnages historiques considérés comme des héros de la cause panafricaniste comme Thomas Sankara, Kwame NKrumah, Patrice Lumumba, Marcus Garvey, Malcolm X ou encore l'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi.

À l'été 2014, Afrique Média se voit retirée du bouquet média de CanalSat, après qu'un invité à l'antenne a accusé CanalSat d'avoir perçu d'un État africain « la rondelette somme de  2 milliards [de francs CFA] » (environ 3 millions d'euros) pour brouiller volontairement son signal pendant quelques heures. À l'été 2015, la chaîne est suspendue d'antenne un mois par les autorités camerounaises pour avoir laissé ses invités, lors de débats, « proférer des accusations non justifiées et des appels à la haine susceptibles de porter atteinte à l’image et à l’honneur de personnalités, d’institutions et pays étrangers », en accusant par exemple la France et les États-Unis de soutenir en sous-main le mouvement terroriste islamiste Boko Haram. Le régulateur des médias camerounais déplorait à l'époque « la généralisation des manquements professionnels » et « des confusions préjudiciables entre liberté d’opinion et les atteintes à la dignité des personnes ».

Parmi les invités qu'Afrique Media reçoit régulièrement, l'analyste politique Bertrand Tatsinda, amateur des « révélations sur la Minusma » (mission de l'ONU au Mali) ; l'activiste complotiste et panafricaniste Kemi Seba, par exemple à l'occasion du sommet Russie-Afrique de Sotchi en 2019 ; ou encore Banda Kani, président d'un micro parti politique camerounais, et habitué des diatribes complotistes anti-françaises et pro-Poutine : en juillet 2021, il participait par exemple à un débat sur « le plan macabre des mercenaires dans le projet d'assassinat des dirigeants africains », dont la paternité se voyait attribuée aux Occidentaux. En septembre 2022, c'est la député malienne Amina Fofana qui, sur l'antenne d'Afrique Media, accuse Paris d'être derrière le terrorisme dans son pays.

Largement investie dans la diffusion d'un discours conforme à la propagande du Kremlin, autour de la guerre en Ukraine notamment, Afrique Média reçoit en ce sens le blogueur complotiste belge Michel Collon en octobre 2022, l'ancien militaire Adrien Bocquet ou encore l'ex-député belge d'extrême droite Laurent Louis, ancienne figure de la complosphère francophone, condamné pour négationnisme, qui affirme à l'antenne que la « Russie intervient pour protéger son peuple, pris en otage » et que les Russes, en lutte contre l'« impérialisme », sont « les seuls qui peuvent défendre aujourd’hui les pays en Afrique. »

Afrique Média revendique plusieurs dizaines de collaborateurs au Cameroun et à travers le monde. Une enquête de Jeune Afrique de 2021 révélait que, plutôt que par la publicité, la chaîne avait été financée par les chefs d'État de Guinée équatoriale et du Tchad, avant de se tourner vers le soutien de la Russie par l'entremise de Luc Michel, activiste belge d'extrême-droite... et intervenant régulier sur Afrique Média.

En 2020, le PDG d'Afrique Média, Justin Tagouh (qui a rencontré le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et affirme avoir rencontré Vladimir Poutine) annonçait vouloir lancer une radio panafricaine sur le modèle d'Afrique Média avec le soutien de « partenaires russes ».

Un partenariat est signé fin décembre 2022 entre Afrique Média et Russia Today, la chaîne du Kremlin, avec pour volonté affichée de lutter contre la « la propagande mensongère occidentale ».

Début décembre 2023, les bureaux de la chaîne, dont le siège est situé en banlieue de Douala (Cameroun) sont mis sous scellés. Afrique Média est accusée par la Caisse nationale de prévoyance sociale du Cameroun de n’avoir pas « immatriculé » son personnel et d’accumuler les impayés de cotisations.

Suivi par plus d'un million d'utilisateurs sur Facebook, le média compte environ 883 000 abonnés sur YouTube où il cumule plus de 170 millions de vues depuis 2014, avec une accélération notable de son audience depuis l'automne 2022.

 

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