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Conseil national de transition (CNT)

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Page d'accueil du CNT « canal historique » (capture d'écran, 06/04/2023).

Le Conseil national de transition (CNT) est un collectif complotiste français qui s’est autoproclamé en juin 2015 « l’organe gouvernemental officiel » et « la seule autorité légitime de la France ».

Il a été fondé en 2014 par Éric Fiorile, qui se présente comme le « porte-parole officiel » du CNT (à ne pas confondre avec la Confédération nationale du travail, un syndicat révolutionnaire). Fiorile dit avoir pris conscience à l’occasion des attentats du 11 septembre 2001 de l’existence d’« un plan visant à contrôler insidieusement toute la population mondiale pour la plonger dans un chaos terrible » et « imposer leur tyrannie absolue sur l’humanité ».

Le CNT considère que l’adhésion au traité européen de Lisbonne, en 2007, décrit comme un « acte de forfaiture suprême », a constitué un abandon de souveraineté nationale qui aurait entraîné la vacance du pouvoir en France. Le groupe, qui entend « libérer la France des politiciens », affirme qu'il « n’existe plus de république depuis au moins 2008 ». Il prétend s’appuyer sur la constitution française pour se définir comme seul pouvoir légitime, en tant que « groupe de citoyens ayant décidé de (le) revendiquer au nom du peuple tout entier » pour instaurer « la souveraineté du peuple en remplacement de celle de l’oligarchie actuelle », affirmant même – trompeusement – avoir été reconnu par l'ONU.

Le collectif embrasse la lecture du monde complotiste de son créateur, considérant que des « lois anticonstitutionnelles autorisant l’espionnage généralisé » auraient servi à mettre en place « une dictature où la souveraineté a pu se retrouver confisquée par un petit nombre de dirigeants et de groupes nantis ou corrompus à la solde d’intérêts hostiles ». À son sommet se trouverait la « secte » de la franc-maçonnerie, qui utiliserait le « contrôle des médias […] pour dissimuler la réalité », alors que « les postes de contrôle essentiels du pays appartiennent en majorité à ses membres (préfets et procureurs) ». Le CNT rejette une prétendue « dictature du Nouvel Ordre Mondial » qu’on chercherait à « imposer », notamment via le « Club Bilderberg », cette « organisation des maîtres du monde » qui réunirait chaque année « les plus hauts responsables de la franc-maçonnerie pour être sélectionnés (ou non) afin d’être propulsés à la tête des principaux organes de contrôle du pays ».

C’est surtout à l’été 2020 que le CNT se fait connaître, alors qu' il est à l’origine d’une campagne de placardage de mystérieux ronds verts dans les rues, sur les routes et les ronds-points, censés « représenter l’union de tous les peuples de la Terre en paix et en liberté ». Fiorile et le CNT présentent cette opération comme « visant à établir la souveraineté du et des peuples sur les politiciens, simples représentants des banques, industries et entreprises multinationales ».

Dans sa conception extravagante d’une prise de pouvoir imminente, le CNT affirme que « tous les politiciens […] seront suspendus » à son entrée en fonction et considère que ceux qui refuseront son autorité seront « inéluctablement considérés comme trahissant le peuple et toutes les valeurs de la France éternelle ». En juin 2016, le groupuscule se croit fondé à délivrer des « mandats d’arrêt » contre Manuel Valls, Nicolas Sarkozy et François Hollande pour « haute trahison, atteinte à la sûreté de l’État » et « crimes contre l’humanité », précisant qu’ils sont « soupçonnés d’appartenir à des réseaux occultes ayant phagocyté plusieurs services des institutions nationales ». Emmanuel Macron, élu président en 2017, est lui dénoncé comme souhaitant le « démantèlement de la France » et le « développement des pouvoirs pédo-criminels », alors que l’affaire Benalla serait la preuve de « l’utilisation de milices étrangères sur le sol de France ».

Si l’absurdité des prétentions du CNT peut prêter à sourire, il n’en demeure pas moins un mouvement qui affiche une vraie vocation séditieuse. Ainsi, le 14 juillet 2015, le collectif, renommé « mouvement du 14 juillet » pour l’occasion, organise une manifestation à Paris dont le but est de « prendre le pouvoir » pacifiquement, espérant rallier l’armée. Près de 300 personnes y participent, dont par exemple Sylvain Baron. Cinq ans plus tard, Éric Fiorile annonce pour le 18 décembre une nouvelle marche sur Paris pour renverser les institutions. Il est interpellé peu avant par la DGSI, dans le cadre de l’enquête sur le groupe d’ultra-droite les Barjols, qui projetait d’assassiner Emmanuel Macron. Finalement écarté de ce dossier, il est toutefois incarcéré en détention préventive pour possession illégale d’arme à feu de catégorie B.

Le CNT s'oppose à la vaccination depuis ses origines. Éric Fiorile interprète donc la crise du Covid-19 comme la « première phase de ce Grand Chaos » pour « une réduction mondiale de la population par une fausse pandémie destinée à l’obliger à accepter des injections létales à moyen et long terme ». Delphine Cosme, une cadre du mouvement qui se décrit comme « passionnée d’ayurveda » et « spécialiste du comportement humain », prétend dans une vidéo que le Covid « est uniquement prévu pour mettre en place une organisation, mettre à feu et à sang le pays. » Le CNT parle d'un « virus fantôme » et d'un « génocide mondial » par la vaccination, dénonçant comme « crime contre l’humanité » les mesures anti-Covid prises par le gouvernement français. Sur son site internet, il a proposé plusieurs documents pour s’en affranchir, à en-tête officielle farfelue siglée CNT, comme par exemple un « Laissez-passer – Exemption totale des mesures Covid » ou une « attestation de déconfinement sans conditions ». Dans un de leur tract signé du « gouvernement de la France libre », il est affirmé que « le port d’un masque est interdit », s’appuyant sur un avis juridique de Maître Carlo Alberto Brusa, l’une des figures de la mouvance covido-sceptique française. Dans un reportage de la chaîne TMC de janvier 2021, une dizaine de militants du CNT arborant le fameux rond vert en pin’s, apparaissent en train de tracter, jusque dans un commissariat, pour dénoncer la « dictature » et les mesures anti-Covid. Ils sont accompagnés pour l’occasion du « coach bien-être santé holistique » et vidéaste complotiste Hayssam Hoballah qui, visiblement séduit par leurs thèses, déclare que « ce gouvernement, cet État en fait, est devenu anticonstitutionnel. » En mars 2021, des membres du CNT envoient des « sommations » à des médecins du Morbihan, les menaçant d’être « traduits devant un tribunal militaro-populaire » pour avoir appliqué les mesures de lutte contre le Covid-19.

Le CNT a souvent ciblé son discours sur les forces armées, qu’il appelle « à assumer leur devoir patriotique » en ralliant son autorité, indiquant que si « des individus corrompus contrevenaient aux ordres du Conseil National de Transition », les militaires devraient « s’opposer à leurs supérieurs, y compris par leurs armes ». En décembre 2020, le CNT est rejoint par Stan Maillaud, fraîchement sorti de prison (un ancien gendarme et activiste de la chasse aux prétendus « réseaux pédocriminels » ayant été plusieurs fois condamné pour des enlèvements d’enfants). Nommé « responsable de la NeoPol », la police fictive du CNT, « créée » en janvier 2019 pour lutter « contre les réseaux pédocriminels et les institutions étatiques qui les alimentent », Maillaud annonce une alliance formelle avec l’équipe du site complotiste Profession-Gendarme. Stan Maillaud lance dans la foulée l’« Opération chocolat », qui vise à rallier des gendarmes français à la cause du CNT en leur offrant des chocolats, « afin que ceux-ci se libèrent et nous libèrent de la tyrannie macronienne ». À noter que le CNT reçoit dans ce cadre le soutien de Vincent le Maquis, un influent vidéaste Gilet jaune, dont la chaîne YouTube compte plus de 35 000 abonnés. Les autorités françaises se montrent elles beaucoup moins convaincues : Stan Maillaud est interpellé et incarcéré mi-août 2021, pour « appel à la désobéissance de militaires ». Deux mois plus tôt, c'est Delphine Cosme, devenue « présidente du CNT » après l’incarcération de Fiorile, qui est placée en détention provisoire pour « actes d’intimidation aggravés », suspectée d’avoir joué un rôle actif dans l’envoi par le CNT, en octobre 2020, de lettres menaçantes « de sommation et de rappel à la loi » à des milliers de fonctionnaires de différents services publics, en particulier des forces de l’ordre.

Dès juillet 2018, des dissensions internes se font jour au sein du CNT, qui se scinde en deux branches rivales. Alors qu’Éric Fiorile demeure à la tête d’un « CNT Canal historique », un autre groupe qui dénonce le fonctionnement « dictatorial » de sa direction et s’inquiète du fait que l’ONU n’ait pas reconnu la légitimité du CNT, se réorganise sous la direction de Fabrice Bonnard, militant pour l’indépendance de la Savoie, par ailleurs condamné en 2013 pour « usurpation du titre d’avocat et travail dissimulé ». À l’été 2021, on apprend finalement qu’à la suite de ses déboires judiciaires, le « CNT Canal historique » exclut à son tour Éric Fiorile, laissant entendre sur son site Internet que celui qui en était le fondateur pourrait en fait être secrètement complice des autorités françaises… Libéré de prison, Fiorile réagit en affirmant que le CNT, désormais « perverti et démantelé », n’est plus qu’un « ersatz utilisant (s)es travaux et idées dénaturés ».

Après avoir longtemps revendiqué le statut sans jamais formellement l’avoir, et proposé sur son site de faire des dons à la destination obscure, le CNT Canal historique se constitue finalement en association, déclarée en préfecture de l’Allier en octobre 2021. Il réaffirme sur son site être « en droit français et en droit international, le gouvernement légal et légitime de la France libre ». Les statuts du CNT ne font nulle part mention de la dimension conspirationniste et séditieuse de ses intentions, se contentant d’évoquer la promotion « du respect et la défense des droits de l’homme », le droit des minorités ou la défense de l’environnement. La direction renouvelée du CNT est assurée par la nouvelle « porte-parole » Myriam Vouters, qui exerce comme Éric Fiorile la profession de naturopathe, ainsi qu’un certain Philippe Laurent, « Président de la Cour Suprême du Peuple Souverain de France ».

Il est difficile de connaître le nombre réel des sympathisants et adhérents du groupuscule. À l’automne 2021, alors qu’il en avait été écarté, Éric Fiorile avançait le chiffre fantaisiste de 30 000 membres. Sur le site du CNT Canal historique, en sommeil, on peut écouter les conseils enregistrés par l’un de ses membres pour convaincre les gens d’accepter leurs tracts de propagande dans la rue. La chaîne en ligne du CNT, « Conseil national.tv », qui ambitionne d'être « la TV du Gouvernement de la France Libre », se contente de diffuser des centaines d’heures de vidéo, également relayées sur YouTube, principalement des longues discussions en visioconférence entre ses membres, qui peinent à rassembler plus de quelques milliers de vues. S’y enchaînent des litanies de propos complotistes, comme lorsqu’en juin 2021, Philippe Laurent prétendait que personne n’était mort du Covid, mais plutôt « d’autres pathologies (qui) se développent, eu égard au port du masque essentiellement. (…) Ça c’était vraiment calculé, c’était fait pour ça. »

 

(Dernière mise à jour le 03/03/2024)

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Page d'accueil du CNT « canal historique » (capture d'écran, 06/04/2023).

Le Conseil national de transition (CNT) est un collectif complotiste français qui s’est autoproclamé en juin 2015 « l’organe gouvernemental officiel » et « la seule autorité légitime de la France ».

Il a été fondé en 2014 par Éric Fiorile, qui se présente comme le « porte-parole officiel » du CNT (à ne pas confondre avec la Confédération nationale du travail, un syndicat révolutionnaire). Fiorile dit avoir pris conscience à l’occasion des attentats du 11 septembre 2001 de l’existence d’« un plan visant à contrôler insidieusement toute la population mondiale pour la plonger dans un chaos terrible » et « imposer leur tyrannie absolue sur l’humanité ».

Le CNT considère que l’adhésion au traité européen de Lisbonne, en 2007, décrit comme un « acte de forfaiture suprême », a constitué un abandon de souveraineté nationale qui aurait entraîné la vacance du pouvoir en France. Le groupe, qui entend « libérer la France des politiciens », affirme qu'il « n’existe plus de république depuis au moins 2008 ». Il prétend s’appuyer sur la constitution française pour se définir comme seul pouvoir légitime, en tant que « groupe de citoyens ayant décidé de (le) revendiquer au nom du peuple tout entier » pour instaurer « la souveraineté du peuple en remplacement de celle de l’oligarchie actuelle », affirmant même – trompeusement – avoir été reconnu par l'ONU.

Le collectif embrasse la lecture du monde complotiste de son créateur, considérant que des « lois anticonstitutionnelles autorisant l’espionnage généralisé » auraient servi à mettre en place « une dictature où la souveraineté a pu se retrouver confisquée par un petit nombre de dirigeants et de groupes nantis ou corrompus à la solde d’intérêts hostiles ». À son sommet se trouverait la « secte » de la franc-maçonnerie, qui utiliserait le « contrôle des médias […] pour dissimuler la réalité », alors que « les postes de contrôle essentiels du pays appartiennent en majorité à ses membres (préfets et procureurs) ». Le CNT rejette une prétendue « dictature du Nouvel Ordre Mondial » qu’on chercherait à « imposer », notamment via le « Club Bilderberg », cette « organisation des maîtres du monde » qui réunirait chaque année « les plus hauts responsables de la franc-maçonnerie pour être sélectionnés (ou non) afin d’être propulsés à la tête des principaux organes de contrôle du pays ».

C’est surtout à l’été 2020 que le CNT se fait connaître, alors qu' il est à l’origine d’une campagne de placardage de mystérieux ronds verts dans les rues, sur les routes et les ronds-points, censés « représenter l’union de tous les peuples de la Terre en paix et en liberté ». Fiorile et le CNT présentent cette opération comme « visant à établir la souveraineté du et des peuples sur les politiciens, simples représentants des banques, industries et entreprises multinationales ».

Dans sa conception extravagante d’une prise de pouvoir imminente, le CNT affirme que « tous les politiciens […] seront suspendus » à son entrée en fonction et considère que ceux qui refuseront son autorité seront « inéluctablement considérés comme trahissant le peuple et toutes les valeurs de la France éternelle ». En juin 2016, le groupuscule se croit fondé à délivrer des « mandats d’arrêt » contre Manuel Valls, Nicolas Sarkozy et François Hollande pour « haute trahison, atteinte à la sûreté de l’État » et « crimes contre l’humanité », précisant qu’ils sont « soupçonnés d’appartenir à des réseaux occultes ayant phagocyté plusieurs services des institutions nationales ». Emmanuel Macron, élu président en 2017, est lui dénoncé comme souhaitant le « démantèlement de la France » et le « développement des pouvoirs pédo-criminels », alors que l’affaire Benalla serait la preuve de « l’utilisation de milices étrangères sur le sol de France ».

Si l’absurdité des prétentions du CNT peut prêter à sourire, il n’en demeure pas moins un mouvement qui affiche une vraie vocation séditieuse. Ainsi, le 14 juillet 2015, le collectif, renommé « mouvement du 14 juillet » pour l’occasion, organise une manifestation à Paris dont le but est de « prendre le pouvoir » pacifiquement, espérant rallier l’armée. Près de 300 personnes y participent, dont par exemple Sylvain Baron. Cinq ans plus tard, Éric Fiorile annonce pour le 18 décembre une nouvelle marche sur Paris pour renverser les institutions. Il est interpellé peu avant par la DGSI, dans le cadre de l’enquête sur le groupe d’ultra-droite les Barjols, qui projetait d’assassiner Emmanuel Macron. Finalement écarté de ce dossier, il est toutefois incarcéré en détention préventive pour possession illégale d’arme à feu de catégorie B.

Le CNT s'oppose à la vaccination depuis ses origines. Éric Fiorile interprète donc la crise du Covid-19 comme la « première phase de ce Grand Chaos » pour « une réduction mondiale de la population par une fausse pandémie destinée à l’obliger à accepter des injections létales à moyen et long terme ». Delphine Cosme, une cadre du mouvement qui se décrit comme « passionnée d’ayurveda » et « spécialiste du comportement humain », prétend dans une vidéo que le Covid « est uniquement prévu pour mettre en place une organisation, mettre à feu et à sang le pays. » Le CNT parle d'un « virus fantôme » et d'un « génocide mondial » par la vaccination, dénonçant comme « crime contre l’humanité » les mesures anti-Covid prises par le gouvernement français. Sur son site internet, il a proposé plusieurs documents pour s’en affranchir, à en-tête officielle farfelue siglée CNT, comme par exemple un « Laissez-passer – Exemption totale des mesures Covid » ou une « attestation de déconfinement sans conditions ». Dans un de leur tract signé du « gouvernement de la France libre », il est affirmé que « le port d’un masque est interdit », s’appuyant sur un avis juridique de Maître Carlo Alberto Brusa, l’une des figures de la mouvance covido-sceptique française. Dans un reportage de la chaîne TMC de janvier 2021, une dizaine de militants du CNT arborant le fameux rond vert en pin’s, apparaissent en train de tracter, jusque dans un commissariat, pour dénoncer la « dictature » et les mesures anti-Covid. Ils sont accompagnés pour l’occasion du « coach bien-être santé holistique » et vidéaste complotiste Hayssam Hoballah qui, visiblement séduit par leurs thèses, déclare que « ce gouvernement, cet État en fait, est devenu anticonstitutionnel. » En mars 2021, des membres du CNT envoient des « sommations » à des médecins du Morbihan, les menaçant d’être « traduits devant un tribunal militaro-populaire » pour avoir appliqué les mesures de lutte contre le Covid-19.

Le CNT a souvent ciblé son discours sur les forces armées, qu’il appelle « à assumer leur devoir patriotique » en ralliant son autorité, indiquant que si « des individus corrompus contrevenaient aux ordres du Conseil National de Transition », les militaires devraient « s’opposer à leurs supérieurs, y compris par leurs armes ». En décembre 2020, le CNT est rejoint par Stan Maillaud, fraîchement sorti de prison (un ancien gendarme et activiste de la chasse aux prétendus « réseaux pédocriminels » ayant été plusieurs fois condamné pour des enlèvements d’enfants). Nommé « responsable de la NeoPol », la police fictive du CNT, « créée » en janvier 2019 pour lutter « contre les réseaux pédocriminels et les institutions étatiques qui les alimentent », Maillaud annonce une alliance formelle avec l’équipe du site complotiste Profession-Gendarme. Stan Maillaud lance dans la foulée l’« Opération chocolat », qui vise à rallier des gendarmes français à la cause du CNT en leur offrant des chocolats, « afin que ceux-ci se libèrent et nous libèrent de la tyrannie macronienne ». À noter que le CNT reçoit dans ce cadre le soutien de Vincent le Maquis, un influent vidéaste Gilet jaune, dont la chaîne YouTube compte plus de 35 000 abonnés. Les autorités françaises se montrent elles beaucoup moins convaincues : Stan Maillaud est interpellé et incarcéré mi-août 2021, pour « appel à la désobéissance de militaires ». Deux mois plus tôt, c'est Delphine Cosme, devenue « présidente du CNT » après l’incarcération de Fiorile, qui est placée en détention provisoire pour « actes d’intimidation aggravés », suspectée d’avoir joué un rôle actif dans l’envoi par le CNT, en octobre 2020, de lettres menaçantes « de sommation et de rappel à la loi » à des milliers de fonctionnaires de différents services publics, en particulier des forces de l’ordre.

Dès juillet 2018, des dissensions internes se font jour au sein du CNT, qui se scinde en deux branches rivales. Alors qu’Éric Fiorile demeure à la tête d’un « CNT Canal historique », un autre groupe qui dénonce le fonctionnement « dictatorial » de sa direction et s’inquiète du fait que l’ONU n’ait pas reconnu la légitimité du CNT, se réorganise sous la direction de Fabrice Bonnard, militant pour l’indépendance de la Savoie, par ailleurs condamné en 2013 pour « usurpation du titre d’avocat et travail dissimulé ». À l’été 2021, on apprend finalement qu’à la suite de ses déboires judiciaires, le « CNT Canal historique » exclut à son tour Éric Fiorile, laissant entendre sur son site Internet que celui qui en était le fondateur pourrait en fait être secrètement complice des autorités françaises… Libéré de prison, Fiorile réagit en affirmant que le CNT, désormais « perverti et démantelé », n’est plus qu’un « ersatz utilisant (s)es travaux et idées dénaturés ».

Après avoir longtemps revendiqué le statut sans jamais formellement l’avoir, et proposé sur son site de faire des dons à la destination obscure, le CNT Canal historique se constitue finalement en association, déclarée en préfecture de l’Allier en octobre 2021. Il réaffirme sur son site être « en droit français et en droit international, le gouvernement légal et légitime de la France libre ». Les statuts du CNT ne font nulle part mention de la dimension conspirationniste et séditieuse de ses intentions, se contentant d’évoquer la promotion « du respect et la défense des droits de l’homme », le droit des minorités ou la défense de l’environnement. La direction renouvelée du CNT est assurée par la nouvelle « porte-parole » Myriam Vouters, qui exerce comme Éric Fiorile la profession de naturopathe, ainsi qu’un certain Philippe Laurent, « Président de la Cour Suprême du Peuple Souverain de France ».

Il est difficile de connaître le nombre réel des sympathisants et adhérents du groupuscule. À l’automne 2021, alors qu’il en avait été écarté, Éric Fiorile avançait le chiffre fantaisiste de 30 000 membres. Sur le site du CNT Canal historique, en sommeil, on peut écouter les conseils enregistrés par l’un de ses membres pour convaincre les gens d’accepter leurs tracts de propagande dans la rue. La chaîne en ligne du CNT, « Conseil national.tv », qui ambitionne d'être « la TV du Gouvernement de la France Libre », se contente de diffuser des centaines d’heures de vidéo, également relayées sur YouTube, principalement des longues discussions en visioconférence entre ses membres, qui peinent à rassembler plus de quelques milliers de vues. S’y enchaînent des litanies de propos complotistes, comme lorsqu’en juin 2021, Philippe Laurent prétendait que personne n’était mort du Covid, mais plutôt « d’autres pathologies (qui) se développent, eu égard au port du masque essentiellement. (…) Ça c’était vraiment calculé, c’était fait pour ça. »

 

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