Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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François Duprat (capture d'écran YouTube, 01/10/2019).

François Duprat (1940-1978) est un idéologue fasciste et antisémite français. Il est l'un des principaux diffuseurs de la propagande négationniste au sein de l’extrême droite française et internationale.

En 1967, il crée le Rassemblement pour la libération de la Palestine et entretient des relations de plus en plus suivies avec certaines organisations arabes comme le Parti populaire syrien. Considéré par beaucoup comme le successeur et l’héritier spirituel de Maurice Bardèche, le militant nationaliste assume ouvertement l’héritage idéologique de son prédécesseur. Sur la quatrième de couverture de son ouvrage, Histoire des SS (Les Sept Couleurs, 1967), il est présenté comme un talentueux historien appartenant à la « nouvelle école révisionniste », et qui, à ce titre, étudie la Seconde Guerre mondiale en en dénonçant un « certain nombre d’idées reçues », comme celle de la réalité des chambres à gaz.

Duprat a revendiqué très tôt son adhésion au négationnisme. Il l'expose avec virulence dans un numéro spécial de Défense de l’Occident peu après la guerre des Six Jours. Il a également compté au nombre des contributeurs de l’hebdomadaire Rivarol.

Après un passage dans plusieurs formations nationalistes, il participe à la fondation d'Ordre nouveau (ON). Il est membre de son conseil national et se présente sous cette étiquette aux élections municipales de mars 1971. Exclu du Front national (FN) qu’il a intégré après la dissolution d’ON, il y revient en 1974 et siège dans le Bureau politique du parti lepéniste. Il sera alors considéré comme le numéro 2 du parti, après Jean-Marie Le Pen.

C'est Duprat qui, avec François Brigneau, conclut un accord avec le Movimento Sociale Italiano (MSI) pour que la formation néo-fasciste italienne fournisse gratuitement au FN des imprimés pour les élections législatives de 1973.

Ses Groupes nationalistes-révolutionnaires (GNR), en marge du FN mais intégrés au sein du parti, sont dotés d' un groupe de presse à l’origine de la diffusion des classiques négationnistes et racistes. Parmi les nombreuses publications figurant au catalogue, on trouve la Revue d’histoire du fascisme qui affiche pour objectif de retrouver l’« essence même du phénomène fasciste, au travers de ses multiples avatars historiques ». Maurice Bardèche s’associe à l'équipe pour donner un « témoignage de l’intérêt » qu’il porte à la « diffusion de la vérité ».

Après la parution de quelques numéros, François Duprat définit le véritable rôle de sa revue : « Nous ne devons pas laisser à nos adversaires, marxistes et régimistes, le monopole de la présentation historique des hommes, des faits et des idées. Car l’Histoire est un merveilleux instrument de combat et il serait vain de nier qu’une des raisons importantes de nos difficultés politiques réside dans l’exploitation historique et la déformation systématique des expériences nationalistes du passé. C’est pour répondre à ce besoin d’affronter l’ennemi sur tous les terrains et y compris sur le terrain historique qu’une équipe d’intellectuels, de professeurs, de nationalistes a créé la Revue d’histoire du fascisme. [...] Elle lutte pour rétablir la vérité, et, en rétablissant cette vérité niée ou déformée, elle contribue à préparer les bases d’une renaissance nationaliste de nos peuples. L’histoire est le chemin de la vie. [...] La lutte contre les falsificateurs et les escrocs de l’Histoire est une nécessité politique vitale ».

En 1976 (année de la fusion entre la Fédération nationale et européenne et les GNR), la tendance nationaliste-révolutionnaire entend avant tout « rompre le mur du mensonge ». Comme elle le met en avant, la librairie des Cahiers européens-Notre Europe vient combler une place vacante dans la diffusion des idées négationnistes : « Pendant des années, à part les œuvres de Maurice Bardèche et de Rassinier, ou les efforts de "Défense de l’Occident", il n’existait pratiquement rien dans notre langue pour lutter contre les flots de mensonges déversés par la propagande sioniste alliée au bolchevisme sur la Deuxième Guerre mondiale. Aujourd’hui, les choses sont en train de changer et la librairie des Cahiers européens, seule en France à mener une action d’envergure de diffusion d’ouvrages de haut niveau scientifique sur la question, peut mettre à la disposition de ses lecteurs [de] nouveaux titres ».

En février, deux nouvelles publications, appelées à devenir des références négationnistes, sont proposées : Le Mensonge d’Auschwitz de Thies Christophersen et Six millions de morts le sont-ils réellement ?, la « fameuse brochure [...] de l’historien britannique Harwood, une réfutation irréfutable d’un mythe, avec une efficacité surpassant l’impact des travaux de Rassinier car plus dense et plus efficiente ».

Huit mois plus tard, le même service librairie diffuse une multitude d’ouvrages idéologiques dont Pour une éthique raciste de René Binet, Le Drame des juifs européens et Les Responsables de la Seconde Guerre mondiale de Paul Rassinier, Nuremberg de Maurice Bardèche et Pourquoi nous ment-on ? de Heinz Roth, une « brochure de 60 pages extrêmement documentée comprenant une bibliographie abondante », présentée comme une « contribution essentielle à l’histoire des responsabilités de la IIe Guerre mondiale et au problème de la soi-disant “Solution Finale” [...], une contribution extrêmement neuve et valable à l’étude de la réalité d’affaires exclusivement traitées sous le seul angle de la propagande et du mensonge ». Les Cahiers soumettent également à leurs lecteurs une liste de disques de chants, Le IIIe Reich ou Hitler.

François Duprat est tué dans l’explosion de sa voiture le 18 mars 1978. Son meilleur ami, Alain Renault, pense tout de même qu’on « ne se met pas impunément “au service de la cause du peuple et de la nation” [...]. On ne lutte pas impunément contre le sionisme dont les relents de pourriture et de lâcheté s’élèvent à travers le monde ». Un hommage, publié dans le journal officiel du FN, Le National, est revenu sur le rôle phare de François Duprat dans l'histoire du négationnisme.

Aujourd'hui encore, de nombreux représentants de l'extrême droite viennent se recueillir sur sa tombe chaque 18 mars. Parmi eux Jean-Marie Le Pen qui, depuis son exclusion du parti qu'il a fondé, a retrouvé le chemin du cimetière parisien. Dans le tome 2 de ses Mémoires  (éditions Muller, 2019), l'ancien président du FN qualifie Duprat « d’historien » et précise qu’il se sent « plus proche aujourd’hui de Duprat » qu’il ne l’était alors. Et d’ajouter : « l’histoire du Front national, notamment depuis le détail, m’a rapproché de soucis et d’analyses qui alors lui étaient propres ».

En 2018, la maison d'édition d'orientation « nationaliste révolutionnaire » gérée par Christian Bouchet, Ars Magna, a publié François Duprat, le prophète du nationalisme-révolutionnaire. L'ouvrage est présenté comme une sorte de découverte de « cet homme fascinant [...] par l’intermédiaire d’une anthologie et de témoignages de ceux qui militèrent avec lui. »

 

IL A ÉCRIT :

« Les Israéliens sont-ils débarrassés des tares physiques de leur race ? [...] Israël, un pays débarrassé de la lèpre de l’internationalisme, de cet internationalisme juif, plaie de tous les peuples du monde ? [...] Ils savent compter sur la juiverie internationale, toujours prête à entrer en action lorsque les intérêts de la ‘’Race Élue’’ sont menacés n’importe où dans le monde. [...]. L’exploitation des pseudo ‘’Six millions de morts’’ du national-socialisme a arraché à l’Allemagne Fédérale un milliard de dollars depuis 1952. [...] Le frénétique impérialisme sioniste se donne libre cours [...]. Le but de la diplomatie juive est donc clair : il faut, pour Tel-Aviv, réaliser le plus vite possible le plus grand Israël, et asservir totalement les peuples arabes. »

Source : François Duprat, « Israël », Défense de l’Occident, numéro spécial « L’Agression israélienne », juillet 1967, n° 64, p. 22-25.

 

(Dernière mise à jour le 27/09/2022)

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François Duprat (capture d'écran YouTube, 01/10/2019).

François Duprat (1940-1978) est un idéologue fasciste et antisémite français. Il est l'un des principaux diffuseurs de la propagande négationniste au sein de l’extrême droite française et internationale.

En 1967, il crée le Rassemblement pour la libération de la Palestine et entretient des relations de plus en plus suivies avec certaines organisations arabes comme le Parti populaire syrien. Considéré par beaucoup comme le successeur et l’héritier spirituel de Maurice Bardèche, le militant nationaliste assume ouvertement l’héritage idéologique de son prédécesseur. Sur la quatrième de couverture de son ouvrage, Histoire des SS (Les Sept Couleurs, 1967), il est présenté comme un talentueux historien appartenant à la « nouvelle école révisionniste », et qui, à ce titre, étudie la Seconde Guerre mondiale en en dénonçant un « certain nombre d’idées reçues », comme celle de la réalité des chambres à gaz.

Duprat a revendiqué très tôt son adhésion au négationnisme. Il l'expose avec virulence dans un numéro spécial de Défense de l’Occident peu après la guerre des Six Jours. Il a également compté au nombre des contributeurs de l’hebdomadaire Rivarol.

Après un passage dans plusieurs formations nationalistes, il participe à la fondation d'Ordre nouveau (ON). Il est membre de son conseil national et se présente sous cette étiquette aux élections municipales de mars 1971. Exclu du Front national (FN) qu’il a intégré après la dissolution d’ON, il y revient en 1974 et siège dans le Bureau politique du parti lepéniste. Il sera alors considéré comme le numéro 2 du parti, après Jean-Marie Le Pen.

C'est Duprat qui, avec François Brigneau, conclut un accord avec le Movimento Sociale Italiano (MSI) pour que la formation néo-fasciste italienne fournisse gratuitement au FN des imprimés pour les élections législatives de 1973.

Ses Groupes nationalistes-révolutionnaires (GNR), en marge du FN mais intégrés au sein du parti, sont dotés d' un groupe de presse à l’origine de la diffusion des classiques négationnistes et racistes. Parmi les nombreuses publications figurant au catalogue, on trouve la Revue d’histoire du fascisme qui affiche pour objectif de retrouver l’« essence même du phénomène fasciste, au travers de ses multiples avatars historiques ». Maurice Bardèche s’associe à l'équipe pour donner un « témoignage de l’intérêt » qu’il porte à la « diffusion de la vérité ».

Après la parution de quelques numéros, François Duprat définit le véritable rôle de sa revue : « Nous ne devons pas laisser à nos adversaires, marxistes et régimistes, le monopole de la présentation historique des hommes, des faits et des idées. Car l’Histoire est un merveilleux instrument de combat et il serait vain de nier qu’une des raisons importantes de nos difficultés politiques réside dans l’exploitation historique et la déformation systématique des expériences nationalistes du passé. C’est pour répondre à ce besoin d’affronter l’ennemi sur tous les terrains et y compris sur le terrain historique qu’une équipe d’intellectuels, de professeurs, de nationalistes a créé la Revue d’histoire du fascisme. [...] Elle lutte pour rétablir la vérité, et, en rétablissant cette vérité niée ou déformée, elle contribue à préparer les bases d’une renaissance nationaliste de nos peuples. L’histoire est le chemin de la vie. [...] La lutte contre les falsificateurs et les escrocs de l’Histoire est une nécessité politique vitale ».

En 1976 (année de la fusion entre la Fédération nationale et européenne et les GNR), la tendance nationaliste-révolutionnaire entend avant tout « rompre le mur du mensonge ». Comme elle le met en avant, la librairie des Cahiers européens-Notre Europe vient combler une place vacante dans la diffusion des idées négationnistes : « Pendant des années, à part les œuvres de Maurice Bardèche et de Rassinier, ou les efforts de "Défense de l’Occident", il n’existait pratiquement rien dans notre langue pour lutter contre les flots de mensonges déversés par la propagande sioniste alliée au bolchevisme sur la Deuxième Guerre mondiale. Aujourd’hui, les choses sont en train de changer et la librairie des Cahiers européens, seule en France à mener une action d’envergure de diffusion d’ouvrages de haut niveau scientifique sur la question, peut mettre à la disposition de ses lecteurs [de] nouveaux titres ».

En février, deux nouvelles publications, appelées à devenir des références négationnistes, sont proposées : Le Mensonge d’Auschwitz de Thies Christophersen et Six millions de morts le sont-ils réellement ?, la « fameuse brochure [...] de l’historien britannique Harwood, une réfutation irréfutable d’un mythe, avec une efficacité surpassant l’impact des travaux de Rassinier car plus dense et plus efficiente ».

Huit mois plus tard, le même service librairie diffuse une multitude d’ouvrages idéologiques dont Pour une éthique raciste de René Binet, Le Drame des juifs européens et Les Responsables de la Seconde Guerre mondiale de Paul Rassinier, Nuremberg de Maurice Bardèche et Pourquoi nous ment-on ? de Heinz Roth, une « brochure de 60 pages extrêmement documentée comprenant une bibliographie abondante », présentée comme une « contribution essentielle à l’histoire des responsabilités de la IIe Guerre mondiale et au problème de la soi-disant “Solution Finale” [...], une contribution extrêmement neuve et valable à l’étude de la réalité d’affaires exclusivement traitées sous le seul angle de la propagande et du mensonge ». Les Cahiers soumettent également à leurs lecteurs une liste de disques de chants, Le IIIe Reich ou Hitler.

François Duprat est tué dans l’explosion de sa voiture le 18 mars 1978. Son meilleur ami, Alain Renault, pense tout de même qu’on « ne se met pas impunément “au service de la cause du peuple et de la nation” [...]. On ne lutte pas impunément contre le sionisme dont les relents de pourriture et de lâcheté s’élèvent à travers le monde ». Un hommage, publié dans le journal officiel du FN, Le National, est revenu sur le rôle phare de François Duprat dans l'histoire du négationnisme.

Aujourd'hui encore, de nombreux représentants de l'extrême droite viennent se recueillir sur sa tombe chaque 18 mars. Parmi eux Jean-Marie Le Pen qui, depuis son exclusion du parti qu'il a fondé, a retrouvé le chemin du cimetière parisien. Dans le tome 2 de ses Mémoires  (éditions Muller, 2019), l'ancien président du FN qualifie Duprat « d’historien » et précise qu’il se sent « plus proche aujourd’hui de Duprat » qu’il ne l’était alors. Et d’ajouter : « l’histoire du Front national, notamment depuis le détail, m’a rapproché de soucis et d’analyses qui alors lui étaient propres ».

En 2018, la maison d'édition d'orientation « nationaliste révolutionnaire » gérée par Christian Bouchet, Ars Magna, a publié François Duprat, le prophète du nationalisme-révolutionnaire. L'ouvrage est présenté comme une sorte de découverte de « cet homme fascinant [...] par l’intermédiaire d’une anthologie et de témoignages de ceux qui militèrent avec lui. »

 

IL A ÉCRIT :

« Les Israéliens sont-ils débarrassés des tares physiques de leur race ? [...] Israël, un pays débarrassé de la lèpre de l’internationalisme, de cet internationalisme juif, plaie de tous les peuples du monde ? [...] Ils savent compter sur la juiverie internationale, toujours prête à entrer en action lorsque les intérêts de la ‘’Race Élue’’ sont menacés n’importe où dans le monde. [...]. L’exploitation des pseudo ‘’Six millions de morts’’ du national-socialisme a arraché à l’Allemagne Fédérale un milliard de dollars depuis 1952. [...] Le frénétique impérialisme sioniste se donne libre cours [...]. Le but de la diplomatie juive est donc clair : il faut, pour Tel-Aviv, réaliser le plus vite possible le plus grand Israël, et asservir totalement les peuples arabes. »

Source : François Duprat, « Israël », Défense de l’Occident, numéro spécial « L’Agression israélienne », juillet 1967, n° 64, p. 22-25.

 

(Dernière mise à jour le 27/09/2022)

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