Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Robert Faurisson dans l'émission "Post-scriptum" (ORTF, chaîne 2 ; 27 avril 1971)

Robert Faurisson (1929 - 2018) a commencé sa carrière avec cette posture : contrecarrer, réviser et/ou nier les interprétations littéraires dominantes, les « mythes » de Rimbaud, d'Apollinaire, etc. Le philologue constate alors « qu’on avait fabulé sur les textes sans prendre la peine de les lire ligne par ligne, mot à mot ». Son doctorat sur Lautréamont, soutenu en 1972, adopte déjà la même logique qu'il appliquera quelques années plus tard au champ historique du génocide des Juifs.

Ce maître de conférences en littérature du XXe siècle à l'université de Lyon 2 ne s'est pas intéressé à cette thématique par hasard. Outre ses pratiques littéraires qui se mêlent à sa démarche an-historique, Faurisson montre, à plusieurs reprises, sa volonté de se faire remarquer par des prises de position qui se veulent non-conformistes.

Il n'est pas crédible non plus quand il se prétend apolitique. Il n’y a pas que l’idéologie antisémite dont il est porteur qui dément cette affirmation. Son itinéraire montre en effet, au vu de ses fréquentations, prises de positions, déclarations et écrits, qu'il est un homme d'extrême droite. Son passé atteste d'engagements politiques radicaux. Robert Faurisson a été, notamment, membre de l’« Association pour la défense de la mémoire du maréchal Pétain » et de l'association des « Amis de Robert Brasillach ».

Obstiné, il parvient à créer le scandale en France fin 1978, dans le contexte de l'affaire Darquier de Pellepoix, avec la publication d'une partie de ses thèses dans le quotidien Le Monde. Quelques mois plus tôt, dans un tract, Faurisson écrivait que « le nombre des juifs "exterminés" par Hitler s’élève heureusement à… zéro »...

C'est le début de l'affaire Faurisson pendant laquelle le négationnisme se diffuse et prend une nouvelle dimension.

En 1987, lors du procès du nazi Klaus Barbie à Lyon, Faurisson réitère ses positions. « A Auschwitz, déclare-t-il, on a gazé… : des poux ! »

Représentant d’un négationnisme « technique » prétendant démontrer l’impossibilité du fonctionnement des chambres à gaz, Faurisson est alors soutenu par l’extrême droite et par une fraction de l’ultra-gauche, incarnée par Pierre Guillaume et sa librairie-maison d’édition La Vieille Taupe. Plusieurs se joignent à ce combat soi-disant révolutionnaire, invoquant la défense de la liberté d'expression. Ils dénoncent également l’antifascisme, qui ne serait qu'un alibi justifiant l'abandon du combat contre le capitalisme, et constituerait une idéologie d’après-guerre que légitimeraient, à tort selon eux, les chambres à gaz hitlériennes. Au sein de ce courant de pensée minoritaire figurent entre autres le linguiste américain Noam Chomsky ou encore Jean-Gabriel Cohn-Bendit (le frère aîné de Daniel Cohn-Bendit, figure emblématique des événements de Mai 68) et le chercheur au CNRS Serge Thion.

Le début du XXIe siècle annonce une focalisation sur la dénonciation du « complot judéo-sioniste », point nodal du discours négationniste. Robert Faurisson s’adapte à la donne et délaisse désormais ses pseudo-démonstrations censées prouver les impossibilités techniques du fonctionnement des chambres à gaz.

L’avenir appartient au négationnisme politique, concrétisé par une alliance, un compagnonnage assumé entre complotistes et négationnistes. Le 26 décembre 2008, Dieudonné M’Bala M’Bala accueille Robert Faurisson sur la scène du Zénith de Paris, scellant le début d’une collaboration avec la sphère dite de la « Dissidence » qui se manifestera notamment par la présence du négationniste dans le film de Dieudonné, L’Antisémite (2012). En 2011, l’essayiste Paul-Eric Blanrue lui consacrera un documentaire apologétique intitulé « Un homme » – un titre en forme d'allusion au livre Si c'est un homme, dans lequel Primo Levi témoigne de l'expérience concentrationnaire.

Le 2 février 2012, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad remet à Robert Faurisson un « prix du courage, de la résistance et de la combativité » dans le cadre d’un festival international du film organisé à Téhéran. Le négationniste français peut être considéré comme un des acteurs de premier plan dans la diffusion du négationnisme au Moyen-Orient, notamment en Iran.

En mars 2018, il s'exprime dans le cadre du Forum de la Nation organisé par le mouvement d'extrême droite Jeune Nation. Il s'affiche aux côtés d'Yvan Benedetti et de Pierre Sidos.

Condamné plusieurs fois par la justice française depuis la fin des années 1970, il est, en juin 2017, débouté – au titre de l’« exception de vérité » – par le tribunal de grande instance de Paris de l’action en diffamation qu’il avait intentée à la journaliste du Monde Ariane Chemin. Le verdict est confirmé en appel le 12 avril 2018. Selon son avocat, Me Damien Viguier, Robert Faurisson entendait se pourvoir en cassation.

Le lendemain de son décès, le 22 octobre 2018, l'ensemble de la complosphère antisémite lui rend hommage. Parmi les héritiers politiques du propagandiste antisémite, deux se distinguent par leur proximité avec Robert Faurisson et par leur visibilité dans l'actualité du négationnisme. Le tweet de Dieudonné est sans ambiguïté : « Robert Faurisson nous a quitté, je perds un ami, un homme exceptionnel qui m a beaucoup inspiré. Je sais que la soif de vérité à laquelle il était enchaîné est à présent apaisée, elle aura fait de sa vie une oeuvre incomparable. Dans un monde normal, ta place serai (sic) au Panthéon. Nous ne t oublierons pas Robert. Tu es le seul pour qui je vais m imposer un devoir de mémoire ». Alain Soral réagit notamment par la mise en ligne d’une vidéo de près de 20 minutes accessible sur son site. Allongé sur un canapé, le polémiste antisémite dit à voix haute sa gratitude envers celui qu’il décrit comme un « maître de la rectitude morale » qui mériterait d’avoir des rues, des avenues, des boulevards et des écoles à son nom. La vidéo se termine par un photomontage exposant l’éventualité d’une panthéonisation de Robert Faurisson. Puis, son principal message – daté – est clairement formulé : « Pas de possibilité de renouveau nationaliste […] tant que le révisionnisme historique sera interdit ».

Aujourd'hui comme hier, Robert Faurisson est régulièrement cité comme une référence sur les sites conspirationnistes. Par exemple, dans un article publié le 22 juillet 2019 sur Egalité & Réconciliation, « Israël en Argentine : encore une victoire à la Pyrrhus », son auteur Maria Poumier renvoie directement en note en bas de page aux « travaux du professeur Robert Faurisson » afin de se renseigner sur le « troisième holocauste ». Cette proche de Dieudonné est l’auteur d’En confidence. Entretien avec « L’Inconnue » (éd. Pierre Marteau, 2009), une hagiographie de Robert Faurisson qu'elle considère comme un « historien pionnier ».

 

IL A DIT :

« Les prétendues ‘’chambres à gaz’’ hitlériennes et le prétendu ‘’génocide’’ des Juifs forment un seul et même mensonge historique, qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux bénéficiaires sont l’État d’Israël et le sionisme international, et dont les principales victimes sont le peuple allemand – mais non pas ses dirigeants – et le peuple palestinien tout entier ».

Source : Robert Faurisson, « Expliquez-vous », Europe n° 1, 17 décembre 1980.

 

Voir aussi :

[PODCAST] Pourquoi Faurisson savait qu'il mentait

 

(Dernière mise à jour le 06/03/2021)

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Robert Faurisson dans l'émission "Post-scriptum" (ORTF, chaîne 2 ; 27 avril 1971)

Robert Faurisson (1929 - 2018) a commencé sa carrière avec cette posture : contrecarrer, réviser et/ou nier les interprétations littéraires dominantes, les « mythes » de Rimbaud, d'Apollinaire, etc. Le philologue constate alors « qu’on avait fabulé sur les textes sans prendre la peine de les lire ligne par ligne, mot à mot ». Son doctorat sur Lautréamont, soutenu en 1972, adopte déjà la même logique qu'il appliquera quelques années plus tard au champ historique du génocide des Juifs.

Ce maître de conférences en littérature du XXe siècle à l'université de Lyon 2 ne s'est pas intéressé à cette thématique par hasard. Outre ses pratiques littéraires qui se mêlent à sa démarche an-historique, Faurisson montre, à plusieurs reprises, sa volonté de se faire remarquer par des prises de position qui se veulent non-conformistes.

Il n'est pas crédible non plus quand il se prétend apolitique. Il n’y a pas que l’idéologie antisémite dont il est porteur qui dément cette affirmation. Son itinéraire montre en effet, au vu de ses fréquentations, prises de positions, déclarations et écrits, qu'il est un homme d'extrême droite. Son passé atteste d'engagements politiques radicaux. Robert Faurisson a été, notamment, membre de l’« Association pour la défense de la mémoire du maréchal Pétain » et de l'association des « Amis de Robert Brasillach ».

Obstiné, il parvient à créer le scandale en France fin 1978, dans le contexte de l'affaire Darquier de Pellepoix, avec la publication d'une partie de ses thèses dans le quotidien Le Monde. Quelques mois plus tôt, dans un tract, Faurisson écrivait que « le nombre des juifs "exterminés" par Hitler s’élève heureusement à… zéro »...

C'est le début de l'affaire Faurisson pendant laquelle le négationnisme se diffuse et prend une nouvelle dimension.

En 1987, lors du procès du nazi Klaus Barbie à Lyon, Faurisson réitère ses positions. « A Auschwitz, déclare-t-il, on a gazé… : des poux ! »

Représentant d’un négationnisme « technique » prétendant démontrer l’impossibilité du fonctionnement des chambres à gaz, Faurisson est alors soutenu par l’extrême droite et par une fraction de l’ultra-gauche, incarnée par Pierre Guillaume et sa librairie-maison d’édition La Vieille Taupe. Plusieurs se joignent à ce combat soi-disant révolutionnaire, invoquant la défense de la liberté d'expression. Ils dénoncent également l’antifascisme, qui ne serait qu'un alibi justifiant l'abandon du combat contre le capitalisme, et constituerait une idéologie d’après-guerre que légitimeraient, à tort selon eux, les chambres à gaz hitlériennes. Au sein de ce courant de pensée minoritaire figurent entre autres le linguiste américain Noam Chomsky ou encore Jean-Gabriel Cohn-Bendit (le frère aîné de Daniel Cohn-Bendit, figure emblématique des événements de Mai 68) et le chercheur au CNRS Serge Thion.

Le début du XXIe siècle annonce une focalisation sur la dénonciation du « complot judéo-sioniste », point nodal du discours négationniste. Robert Faurisson s’adapte à la donne et délaisse désormais ses pseudo-démonstrations censées prouver les impossibilités techniques du fonctionnement des chambres à gaz.

L’avenir appartient au négationnisme politique, concrétisé par une alliance, un compagnonnage assumé entre complotistes et négationnistes. Le 26 décembre 2008, Dieudonné M’Bala M’Bala accueille Robert Faurisson sur la scène du Zénith de Paris, scellant le début d’une collaboration avec la sphère dite de la « Dissidence » qui se manifestera notamment par la présence du négationniste dans le film de Dieudonné, L’Antisémite (2012). En 2011, l’essayiste Paul-Eric Blanrue lui consacrera un documentaire apologétique intitulé « Un homme » – un titre en forme d'allusion au livre Si c'est un homme, dans lequel Primo Levi témoigne de l'expérience concentrationnaire.

Le 2 février 2012, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad remet à Robert Faurisson un « prix du courage, de la résistance et de la combativité » dans le cadre d’un festival international du film organisé à Téhéran. Le négationniste français peut être considéré comme un des acteurs de premier plan dans la diffusion du négationnisme au Moyen-Orient, notamment en Iran.

En mars 2018, il s'exprime dans le cadre du Forum de la Nation organisé par le mouvement d'extrême droite Jeune Nation. Il s'affiche aux côtés d'Yvan Benedetti et de Pierre Sidos.

Condamné plusieurs fois par la justice française depuis la fin des années 1970, il est, en juin 2017, débouté – au titre de l’« exception de vérité » – par le tribunal de grande instance de Paris de l’action en diffamation qu’il avait intentée à la journaliste du Monde Ariane Chemin. Le verdict est confirmé en appel le 12 avril 2018. Selon son avocat, Me Damien Viguier, Robert Faurisson entendait se pourvoir en cassation.

Le lendemain de son décès, le 22 octobre 2018, l'ensemble de la complosphère antisémite lui rend hommage. Parmi les héritiers politiques du propagandiste antisémite, deux se distinguent par leur proximité avec Robert Faurisson et par leur visibilité dans l'actualité du négationnisme. Le tweet de Dieudonné est sans ambiguïté : « Robert Faurisson nous a quitté, je perds un ami, un homme exceptionnel qui m a beaucoup inspiré. Je sais que la soif de vérité à laquelle il était enchaîné est à présent apaisée, elle aura fait de sa vie une oeuvre incomparable. Dans un monde normal, ta place serai (sic) au Panthéon. Nous ne t oublierons pas Robert. Tu es le seul pour qui je vais m imposer un devoir de mémoire ». Alain Soral réagit notamment par la mise en ligne d’une vidéo de près de 20 minutes accessible sur son site. Allongé sur un canapé, le polémiste antisémite dit à voix haute sa gratitude envers celui qu’il décrit comme un « maître de la rectitude morale » qui mériterait d’avoir des rues, des avenues, des boulevards et des écoles à son nom. La vidéo se termine par un photomontage exposant l’éventualité d’une panthéonisation de Robert Faurisson. Puis, son principal message – daté – est clairement formulé : « Pas de possibilité de renouveau nationaliste […] tant que le révisionnisme historique sera interdit ».

Aujourd'hui comme hier, Robert Faurisson est régulièrement cité comme une référence sur les sites conspirationnistes. Par exemple, dans un article publié le 22 juillet 2019 sur Egalité & Réconciliation, « Israël en Argentine : encore une victoire à la Pyrrhus », son auteur Maria Poumier renvoie directement en note en bas de page aux « travaux du professeur Robert Faurisson » afin de se renseigner sur le « troisième holocauste ». Cette proche de Dieudonné est l’auteur d’En confidence. Entretien avec « L’Inconnue » (éd. Pierre Marteau, 2009), une hagiographie de Robert Faurisson qu'elle considère comme un « historien pionnier ».

 

IL A DIT :

« Les prétendues ‘’chambres à gaz’’ hitlériennes et le prétendu ‘’génocide’’ des Juifs forment un seul et même mensonge historique, qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux bénéficiaires sont l’État d’Israël et le sionisme international, et dont les principales victimes sont le peuple allemand – mais non pas ses dirigeants – et le peuple palestinien tout entier ».

Source : Robert Faurisson, « Expliquez-vous », Europe n° 1, 17 décembre 1980.

 

Voir aussi :

[PODCAST] Pourquoi Faurisson savait qu'il mentait

 

(Dernière mise à jour le 06/03/2021)

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