Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Page d'accueil de Sputnik France (capture d'écran du 24/02/2020).

Sputnik (sputniknews.com) a été lancé en novembre 2014 par le gouvernement russe. Sa ligne éditoriale est à rapprocher de celle de Russia Today (RT), les deux médias ayant à leur tête la même directrice, Margarita Simonian, une proche du président Vladimir Poutine, directement nommée par lui.

Aujourd'hui, Sputnik est diffusé en plus de trente langues. Fin janvier 2015, le site Sputnik France (fr.sputniknews.com) a remplacé La Voix de la Russie (french.ruvr.ru – anciennement Radio Moscou, le service officiel d'information russe en langue française) ainsi que le portail francophone de l'agence de presse RIA Novosti (fr.ria.ru).

Avec près de 21 millions de visites par mois en moyenne en 2020 (données SimilarWeb), 783.000 abonnés sur Facebook, 218.000 sur YouTube et 94.000 sur Twitter, Sputnik France, qui s'est donné pour slogan « Nous dévoilons ce dont les autres ne parlent pas », est un média influent dans le paysage numérique francophone. Ses contenus sont souvent relayés sur la complosphère.

Le site de notations des médias NewsGuard appelle à la vigilance concernant Sputnik France, présenté comme un site qui « enfreint gravement les principes de base de crédibilité et de transparence. [...]  (Il) ne révèle pas appartenir au gouvernement russe et relaie de la désinformation et de la propagande en faveur de l'intérêt du pays. »

Les critiques qui visent Sputnik sont comparables à celles formulées à l'encontre de RT. Ainsi, le rapport conjoint du CAPS et de l'IRSEM sur les manipulations de l'information (2018) rappelle que « ce qui est reproché à RT et à Sputnik n’est pas de faire de la diplomatie publique, mais de manipuler l’information, ce qui n’est pas la même chose ».

« Ce que font RT et Sputnik n’est plus centré complètement sur la création d’une image positive de la Russie, mais l’objectif est de saper l’Occident de l’intérieur » poursuit la spécialiste de la Russie post-soviétique, l'historienne Galia Ackerman. Et de continuer ainsi : « L'objectif est de montrer que chez nous tout est pourri. Cela passe par les soutiens aux mouvements d’extrême-gauche et d’extrême-droite. L’extrême-gauche, car ils détestent les Etats-Unis. Il y a une proximité avec l’extrême-droite car le régime russe se définit comme traditionaliste. Je constate qu’au moindre prétexte, ces médias montrent Marine Le Pen de façon positive.  […] Pour leurs débats, ils choisissent assez habilement des gens. Parfois, ils invitent des gens qui ne sont pas de leur bord, simplement pour apporter un peu de crédibilité. »

Sputnik France a diffusé plusieurs fois des contenus à caractère conspirationniste au cours des dernières années comme le souligne Le Nouvel Observateur. Parmi les exemples sélectionnés par l'hebdomadaire, celui de la remise en cause du témoignage de la jeune blogueuse Bana Alabed qui témoignait via Twitter de ses conditions de vie à Alep ; Sputnik France la qualifiant d'« outil de propagande ultime ». Sputnik a également mis en avant l'idée d'une implication des États-Unis lors du crash de l’avion de la Germanwings dans les Alpes françaises le 24 mars 2015.

Le Décodex du Monde revient également sur Sputnik France qui « propage régulièrement de fausses informations [...] affirmant notamment qu'aucun américain n'était cité dans les révélations des Panama Papers, ce qui est faux » (suite aux révélations de l'enquête éclaboussant Vladimir Poutine, le Kremlin avait crié au complot – ndlr). Dans le contexte de l'élection présidentielle de 2017, Sputnik France s'appuie sur un prétendu « sondage » annonçant François Fillon en tête du premier tour.

Le 11 mars 2018, une enquête réalisée par le journal russe indépendant Vedomosti et l’institut de veille médiatique Medialogia montre que la place des théories du complot dans les médias russes va croissant depuis 2011. Ainsi, Sputnik a entretenu les doutes sur la réalité de la mission américaine sur la Lune : au début de l’année 2017, il avait annoncé qu’un groupe d’ingénieurs russes avait l’intention de lancer un satellite afin d’aller vérifier la réalité de la mission américaine de 1969 sur la base d’éventuelles traces qu’elles devraient y avoir laissé.

Parmi les chroniqueurs qui signent plusieurs contributions sur le site figurent le journaliste brésilien Pepe Escobar ou encore Xavier Moreau.

En avril 2018, le site partage avec d'autres plate-formes conspirationnistes un « reportage » du journaliste britannique Robert Fisk suggérant que l’attaque chimique de Douma avait été mise en scène et reprenant à son compte la version du gouvernement syrien.

Dans un court article publié début juillet 2018, intitulé « “Faux terrorisme” et conspiration : les services spéciaux derrière de nombreux attentats ? », Sputnik met à l’honneur, sans contrepoint critique, un activiste conspirationniste islandais, Elias Davidsson, le présentant comme un « chercheur en droit international indépendant ». Ce dernier, qui a déjà qualifié par le passé les attentats du 11-Septembre de « mensonge formidable », affirme que les attentats de 2001 étaient « une opération planifiée au niveau de l’État, dont l’auteur est le Pentagone ». Quant aux autres attentats islamistes de Madrid, de Londres, de Paris, de Nice, d’Amman et d’Istanbul, Davidsson estime qu’à l’exception d’une seule, toutes ces attaques « étaient très probablement organisées par les autorités ».

En novembre 2018, le « Forum de la Dissidence », organisé par Jean-Yves Le Gallou sous l’égide de la Fondation Polémia, est sous le patronage du journaliste de Sputnik France Edouard Chanot. Parmi les orateurs figurent Martial Bild (TV Libertés), Claude Chollet (Observatoire des journalistes et de l'information médiatique) et Charles Meyer (Radio Courtoisie).

Le 29 mars 2019, Sputnik France publie un article intitulé accréditant l'idée que « Paris et Bruxelles prépareraient une provocation à l’arme chimique en Syrie ».

En mai 2020, dans une publication titrée « Félicien Kabuga, ''génocidaire rwandais'' ? Entre divagation médiatique et réalité des faits »  (22/05/2020), un dénommé Patrick Mbeko use d’une rhétorique complotiste et d’une dénaturation des faits pour insinuer le doute quant à la réalité de la planification du génocide des Tutsi.

Le 27 février 2022, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen annonce l'interdiction des médias russes RT et Sputnik sur le territoire de l'Union européenne.

 

Voir aussi :

Sputnik donne la parole au militant complotiste Elias Davidsson

 

(Dernière mise à jour le 27/02/2022)

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Sputnik (sputniknews.com) a été lancé en novembre 2014 par le gouvernement russe. Sa ligne éditoriale est à rapprocher de celle de Russia Today (RT), les deux médias ayant à leur tête la même directrice, Margarita Simonian, une proche du président Vladimir Poutine, directement nommée par lui.

Aujourd'hui, Sputnik est diffusé en plus de trente langues. Fin janvier 2015, le site Sputnik France (fr.sputniknews.com) a remplacé La Voix de la Russie (french.ruvr.ru – anciennement Radio Moscou, le service officiel d'information russe en langue française) ainsi que le portail francophone de l'agence de presse RIA Novosti (fr.ria.ru).

Avec près de 21 millions de visites par mois en moyenne en 2020 (données SimilarWeb), 783.000 abonnés sur Facebook, 218.000 sur YouTube et 94.000 sur Twitter, Sputnik France, qui s'est donné pour slogan « Nous dévoilons ce dont les autres ne parlent pas », est un média influent dans le paysage numérique francophone. Ses contenus sont souvent relayés sur la complosphère.

Le site de notations des médias NewsGuard appelle à la vigilance concernant Sputnik France, présenté comme un site qui « enfreint gravement les principes de base de crédibilité et de transparence. [...]  (Il) ne révèle pas appartenir au gouvernement russe et relaie de la désinformation et de la propagande en faveur de l'intérêt du pays. »

Les critiques qui visent Sputnik sont comparables à celles formulées à l'encontre de RT. Ainsi, le rapport conjoint du CAPS et de l'IRSEM sur les manipulations de l'information (2018) rappelle que « ce qui est reproché à RT et à Sputnik n’est pas de faire de la diplomatie publique, mais de manipuler l’information, ce qui n’est pas la même chose ».

« Ce que font RT et Sputnik n’est plus centré complètement sur la création d’une image positive de la Russie, mais l’objectif est de saper l’Occident de l’intérieur » poursuit la spécialiste de la Russie post-soviétique, l'historienne Galia Ackerman. Et de continuer ainsi : « L'objectif est de montrer que chez nous tout est pourri. Cela passe par les soutiens aux mouvements d’extrême-gauche et d’extrême-droite. L’extrême-gauche, car ils détestent les Etats-Unis. Il y a une proximité avec l’extrême-droite car le régime russe se définit comme traditionaliste. Je constate qu’au moindre prétexte, ces médias montrent Marine Le Pen de façon positive.  […] Pour leurs débats, ils choisissent assez habilement des gens. Parfois, ils invitent des gens qui ne sont pas de leur bord, simplement pour apporter un peu de crédibilité. »

Sputnik France a diffusé plusieurs fois des contenus à caractère conspirationniste au cours des dernières années comme le souligne Le Nouvel Observateur. Parmi les exemples sélectionnés par l'hebdomadaire, celui de la remise en cause du témoignage de la jeune blogueuse Bana Alabed qui témoignait via Twitter de ses conditions de vie à Alep ; Sputnik France la qualifiant d'« outil de propagande ultime ». Sputnik a également mis en avant l'idée d'une implication des États-Unis lors du crash de l’avion de la Germanwings dans les Alpes françaises le 24 mars 2015.

Le Décodex du Monde revient également sur Sputnik France qui « propage régulièrement de fausses informations [...] affirmant notamment qu'aucun américain n'était cité dans les révélations des Panama Papers, ce qui est faux » (suite aux révélations de l'enquête éclaboussant Vladimir Poutine, le Kremlin avait crié au complot – ndlr). Dans le contexte de l'élection présidentielle de 2017, Sputnik France s'appuie sur un prétendu « sondage » annonçant François Fillon en tête du premier tour.

Le 11 mars 2018, une enquête réalisée par le journal russe indépendant Vedomosti et l’institut de veille médiatique Medialogia montre que la place des théories du complot dans les médias russes va croissant depuis 2011. Ainsi, Sputnik a entretenu les doutes sur la réalité de la mission américaine sur la Lune : au début de l’année 2017, il avait annoncé qu’un groupe d’ingénieurs russes avait l’intention de lancer un satellite afin d’aller vérifier la réalité de la mission américaine de 1969 sur la base d’éventuelles traces qu’elles devraient y avoir laissé.

Parmi les chroniqueurs qui signent plusieurs contributions sur le site figurent le journaliste brésilien Pepe Escobar ou encore Xavier Moreau.

En avril 2018, le site partage avec d'autres plate-formes conspirationnistes un « reportage » du journaliste britannique Robert Fisk suggérant que l’attaque chimique de Douma avait été mise en scène et reprenant à son compte la version du gouvernement syrien.

Dans un court article publié début juillet 2018, intitulé « “Faux terrorisme” et conspiration : les services spéciaux derrière de nombreux attentats ? », Sputnik met à l’honneur, sans contrepoint critique, un activiste conspirationniste islandais, Elias Davidsson, le présentant comme un « chercheur en droit international indépendant ». Ce dernier, qui a déjà qualifié par le passé les attentats du 11-Septembre de « mensonge formidable », affirme que les attentats de 2001 étaient « une opération planifiée au niveau de l’État, dont l’auteur est le Pentagone ». Quant aux autres attentats islamistes de Madrid, de Londres, de Paris, de Nice, d’Amman et d’Istanbul, Davidsson estime qu’à l’exception d’une seule, toutes ces attaques « étaient très probablement organisées par les autorités ».

En novembre 2018, le « Forum de la Dissidence », organisé par Jean-Yves Le Gallou sous l’égide de la Fondation Polémia, est sous le patronage du journaliste de Sputnik France Edouard Chanot. Parmi les orateurs figurent Martial Bild (TV Libertés), Claude Chollet (Observatoire des journalistes et de l'information médiatique) et Charles Meyer (Radio Courtoisie).

Le 29 mars 2019, Sputnik France publie un article intitulé accréditant l'idée que « Paris et Bruxelles prépareraient une provocation à l’arme chimique en Syrie ».

En mai 2020, dans une publication titrée « Félicien Kabuga, ''génocidaire rwandais'' ? Entre divagation médiatique et réalité des faits »  (22/05/2020), un dénommé Patrick Mbeko use d’une rhétorique complotiste et d’une dénaturation des faits pour insinuer le doute quant à la réalité de la planification du génocide des Tutsi.

Le 27 février 2022, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen annonce l'interdiction des médias russes RT et Sputnik sur le territoire de l'Union européenne.

 

Voir aussi :

Sputnik donne la parole au militant complotiste Elias Davidsson

 

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