Quant au Hamas, il accuse Israël d'être derrière l'Etat islamique...
Au lendemain de la diffusion d’une vidéo de la branche Sinaï de l’Etat islamique (EI) prenant violemment à partie le Hamas [1] , Salah al-Bardawil, l’un des porte-paroles du mouvement islamiste et nationaliste palestinien, accuse l’Etat d’Israël d’être derrière cette production.
Une accusation qui alimente la thèse complotiste d’une collusion entre l’EI et Israël. Permettant aux adversaires de l’EI de le discréditer en jouant sur un antisionisme endémique, cette théorie du complot fut aussi bien alimentée par le Grand Mufti d’Arabie Saoudite, que par le représentant de la Syrie à l’ONU, le président soudanais Omar el-Béchir ou encore Fidel Castro.
La vidéo diffusée mercredi 3 janvier 2018 via les chaines Telegram liées à l’EI, énumère une longue liste de griefs à l’encontre du Hamas, appelle à mener des attaques dans la bande de Gaza contre ses instances – ainsi que contre les chrétiens et les musulmans chiites de la Bande de Gaza – et met en scène l’exécution d’un Bédouin accusé d’avoir fourni des armes aux Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas.
Sur son compte Twitter, Salah al-Bardawil a immédiatement évoqué une « production sioniste », instrumentalisant des Arabes pour affaiblir la résistance [palestinienne], ce que les « renseignements sionistes ainsi que leurs laquais tentent de réaliser depuis longtemps ». Cette affirmation est également alimentée par certains activistes qui, ayant géolocalisé la scène de l’exécution près de Kerem Shalom, à la frontière entre Israël, l’Egypte et Gaza, veulent y voir une action du Mossad.
Qu’en est-il réellement ?
Si l’exécution par l’EI d’un collaborateur du Hamas n’a pas de précédent, cette vidéo est néanmoins bien une production de l’EI. Sa lecture objective ainsi qu’une mise en perspective de l’évolution des relations entre les deux groupes en attestent.
Tout d’abord, l’intégralité de la dernière minute est consacrée à la menace vis-à-vis des Juifs par Abou Kazem al-Maqdissi. Brandissant un couteau, ce djihadiste appartenant à la branche Sinaï de l’EI tient des propos peu équivoques :
« Pour les Juifs, nous avons aiguisé une épée puissante […], nous détruirons leur forteresse […] et réduirons en esclavages leurs aînés, leurs enfants et leurs vierges. […] Nos messages sont sur les lames des dagues, nous jubilerons de vous piétiner et de vous poignarder ».
De plus, les griefs affichés à l’encontre du Hamas, tant politiques (liens avec des Etats ou régimes considérés comme apostats ou laïcs, tolérance de la démocratie, objectifs nationalistes dans la lutte contre les juifs) que religieux (répression des groupes salafistes à Gaza [2]), ne sont pas récents [3] et s’inscrivent dans la ligne idéologique de l’EI.
Déjà confronté au violent antagonisme des partisans de l’EI au cours des derniers mois, le Hamas aurait tenté, en évoquant une thèse conspirationniste, de calmer le jeu sur le front intérieur en désignant Israël comme le véritable ennemi commun.
Notes :
[1] « Millat Ibrahim », al-Hayat Media, Wilayat (Province) Sinaï, le 3 janvier 2018.
[2] La vidéo met en scène des images du prédicateur djihadiste Abdel Latif Moussa tué en 2009 par le Hamas après avoir déclaré la création d’un Emirat islamique à Gaza.
[3] A titre d’exemple, le numéro 7 du magazine francophone de l’Etat islamique Dar al-Islam (novembre 2015) évoque « la méthodologie égarée du Hamas et sa gouvernance par autre que la loi d’Allah ».
Quant au Hamas, il accuse Israël d'être derrière l'Etat islamique...
Au lendemain de la diffusion d’une vidéo de la branche Sinaï de l’Etat islamique (EI) prenant violemment à partie le Hamas [1] , Salah al-Bardawil, l’un des porte-paroles du mouvement islamiste et nationaliste palestinien, accuse l’Etat d’Israël d’être derrière cette production.
Une accusation qui alimente la thèse complotiste d’une collusion entre l’EI et Israël. Permettant aux adversaires de l’EI de le discréditer en jouant sur un antisionisme endémique, cette théorie du complot fut aussi bien alimentée par le Grand Mufti d’Arabie Saoudite, que par le représentant de la Syrie à l’ONU, le président soudanais Omar el-Béchir ou encore Fidel Castro.
La vidéo diffusée mercredi 3 janvier 2018 via les chaines Telegram liées à l’EI, énumère une longue liste de griefs à l’encontre du Hamas, appelle à mener des attaques dans la bande de Gaza contre ses instances – ainsi que contre les chrétiens et les musulmans chiites de la Bande de Gaza – et met en scène l’exécution d’un Bédouin accusé d’avoir fourni des armes aux Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas.
Sur son compte Twitter, Salah al-Bardawil a immédiatement évoqué une « production sioniste », instrumentalisant des Arabes pour affaiblir la résistance [palestinienne], ce que les « renseignements sionistes ainsi que leurs laquais tentent de réaliser depuis longtemps ». Cette affirmation est également alimentée par certains activistes qui, ayant géolocalisé la scène de l’exécution près de Kerem Shalom, à la frontière entre Israël, l’Egypte et Gaza, veulent y voir une action du Mossad.
Qu’en est-il réellement ?
Si l’exécution par l’EI d’un collaborateur du Hamas n’a pas de précédent, cette vidéo est néanmoins bien une production de l’EI. Sa lecture objective ainsi qu’une mise en perspective de l’évolution des relations entre les deux groupes en attestent.
Tout d’abord, l’intégralité de la dernière minute est consacrée à la menace vis-à-vis des Juifs par Abou Kazem al-Maqdissi. Brandissant un couteau, ce djihadiste appartenant à la branche Sinaï de l’EI tient des propos peu équivoques :
« Pour les Juifs, nous avons aiguisé une épée puissante […], nous détruirons leur forteresse […] et réduirons en esclavages leurs aînés, leurs enfants et leurs vierges. […] Nos messages sont sur les lames des dagues, nous jubilerons de vous piétiner et de vous poignarder ».
De plus, les griefs affichés à l’encontre du Hamas, tant politiques (liens avec des Etats ou régimes considérés comme apostats ou laïcs, tolérance de la démocratie, objectifs nationalistes dans la lutte contre les juifs) que religieux (répression des groupes salafistes à Gaza [2]), ne sont pas récents [3] et s’inscrivent dans la ligne idéologique de l’EI.
Déjà confronté au violent antagonisme des partisans de l’EI au cours des derniers mois, le Hamas aurait tenté, en évoquant une thèse conspirationniste, de calmer le jeu sur le front intérieur en désignant Israël comme le véritable ennemi commun.
Notes :
[1] « Millat Ibrahim », al-Hayat Media, Wilayat (Province) Sinaï, le 3 janvier 2018.
[2] La vidéo met en scène des images du prédicateur djihadiste Abdel Latif Moussa tué en 2009 par le Hamas après avoir déclaré la création d’un Emirat islamique à Gaza.
[3] A titre d’exemple, le numéro 7 du magazine francophone de l’Etat islamique Dar al-Islam (novembre 2015) évoque « la méthodologie égarée du Hamas et sa gouvernance par autre que la loi d’Allah ».
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