Des objets vendus à des prix exorbitants ont attiré l'œil des complotistes sur le site de revente en ligne Vinted. Des pédocriminels se cachent-ils derrière ces annonces ? Si on parle bien ici d’arnaques, de mauvaises blagues ou de vrais malentendus, cette théorie du complot ne date pas d’hier et ses conséquences peuvent être parfois désastreuses.
"Des réseaux pédo utilisent Vinted pour mettre à disposition des enfants, ils font passer des annonces avec des objets qui n'ont aucune valeur, toujours des objets pour enfant, type petite trottinette, peluche etc", explique un homme dans une vidéo publiée sur le réseau social TikTok. Depuis le 11 novembre, une rumeur selon laquelle la plate-forme de revente de vêtements et d'objets hébergerait des petites annonces à caractère pédophile circule sur les réseaux sociaux. "On avait suivi l’affaire de Wayfair. Je me dis : je vais vendre mes fringues, mais je vais d’abord regarder comment ça se passe (...) J’ai commencé à fouiller avec l’esprit d’investigation que l’on a maintenant", explique celle qui se cache derrière le compte Quantum Leap Traduction sur X dans un live audio en ligne captée par Tristan Mendès France. "On a des tweets qui ont été vus plus de 5 millions de fois, note-t-il, ce qui semblait être un épiphénomène en ligne était en train de devenir un véritable objet assez inquiétant."
"Ce qui est assez notable ici, remarque Rudy Reichstadt, c'est l'émergence de la figure du citoyen-enquêteur qui est née avec l'affaire Kennedy et qui prend une nouvelle dimension aujourd'hui avec les outils techniques, internet, les smartphones, qui permettent une démarche collaborative où chacun apporte sa pierre à l’édifice conspirationniste. C’est la raison pour laquelle il n’a jamais été aussi facile de construire des théories du complot aussi grandes, aussi massives et aussi intimidantes que des cathédrales conspirationnistes où tout fait signe, où tout fait sens."
Cette rumeur, qui n'est fondée sur aucun élément, rappelle beaucoup ce qui s’est passé en 2020 aux Etats-Unis, une théorie du complot selon laquelle le site d'ameublement américain Wayfair vendait des enfants derrière des annonces de meubles aux noms et prix jugés suspects. "C'est un décalque quasiment à l'identique, remarque William Audureau, journaliste au Monde dans la rubrique "les Décodeurs", auteur d'un article sur le sujet. Invité de Complorama, il poursuit : "Les complotistes qui sont à l'origine de la rumeur Vinted assument complètement de s’être inspirés de l'affaire Wayfair."
"Pour eux, l'affaire Wayfair est prouvée, il y a eu des enfants qui ont été mis en vente via ce site américain et du coup, ils estiment que comme ils sont plus éveillés, chaque fois qu'ils vont sur une plateforme, ils essayent d'être plus vigilants."
William Audureau, journaliste au journal "Le Monde"à Complorama
"De la même façon qu'ils se sont fait avoir, poursuit-il, ils réussissent à s'auto intoxiquer de la même manière, comme ils l'ont fait d'ailleurs sur d'autres plateformes." William Audureau est aussi l'auteur du livre Dans la tête des complotistes (éditions Allary) : "Le complotisme vous permet également de vous donner l'impression d'être acteur en faisant une enquête en ligne. (...) Il y a quelque chose de très ludique en fait, on a l'impression de voir une image qui se dessine, et c'est aussi pour ça que ça ne peut passer que par des sites qui sont en ligne". C'est un "jeu de rôle", selon Rudy Reichstadt. "Ce qui est fascinant avec la démarche complotiste, c'est cette pantomime permanente, on singe l'activité de journaliste d'investigation."
L'épisode revient aussi sur le Pizzagate, une théorie du complot qui s’est développée durant la campagne présidentielle américaine de 2016 au sujet d’un prétendu réseau pédophile impliquant Hillary Clinton.
"De Vinted au Pizzagate, la théorie du complot du trafic d’enfants sur Internet", c'est le 57e épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférence et membre de l'observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.
"Des réseaux pédo utilisent Vinted pour mettre à disposition des enfants, ils font passer des annonces avec des objets qui n'ont aucune valeur, toujours des objets pour enfant, type petite trottinette, peluche etc", explique un homme dans une vidéo publiée sur le réseau social TikTok. Depuis le 11 novembre, une rumeur selon laquelle la plate-forme de revente de vêtements et d'objets hébergerait des petites annonces à caractère pédophile circule sur les réseaux sociaux. "On avait suivi l’affaire de Wayfair. Je me dis : je vais vendre mes fringues, mais je vais d’abord regarder comment ça se passe (...) J’ai commencé à fouiller avec l’esprit d’investigation que l’on a maintenant", explique celle qui se cache derrière le compte Quantum Leap Traduction sur X dans un live audio en ligne captée par Tristan Mendès France. "On a des tweets qui ont été vus plus de 5 millions de fois, note-t-il, ce qui semblait être un épiphénomène en ligne était en train de devenir un véritable objet assez inquiétant."
"Ce qui est assez notable ici, remarque Rudy Reichstadt, c'est l'émergence de la figure du citoyen-enquêteur qui est née avec l'affaire Kennedy et qui prend une nouvelle dimension aujourd'hui avec les outils techniques, internet, les smartphones, qui permettent une démarche collaborative où chacun apporte sa pierre à l’édifice conspirationniste. C’est la raison pour laquelle il n’a jamais été aussi facile de construire des théories du complot aussi grandes, aussi massives et aussi intimidantes que des cathédrales conspirationnistes où tout fait signe, où tout fait sens."
Cette rumeur, qui n'est fondée sur aucun élément, rappelle beaucoup ce qui s’est passé en 2020 aux Etats-Unis, une théorie du complot selon laquelle le site d'ameublement américain Wayfair vendait des enfants derrière des annonces de meubles aux noms et prix jugés suspects. "C'est un décalque quasiment à l'identique, remarque William Audureau, journaliste au Monde dans la rubrique "les Décodeurs", auteur d'un article sur le sujet. Invité de Complorama, il poursuit : "Les complotistes qui sont à l'origine de la rumeur Vinted assument complètement de s’être inspirés de l'affaire Wayfair."
"Pour eux, l'affaire Wayfair est prouvée, il y a eu des enfants qui ont été mis en vente via ce site américain et du coup, ils estiment que comme ils sont plus éveillés, chaque fois qu'ils vont sur une plateforme, ils essayent d'être plus vigilants."
William Audureau, journaliste au journal "Le Monde"à Complorama
"De la même façon qu'ils se sont fait avoir, poursuit-il, ils réussissent à s'auto intoxiquer de la même manière, comme ils l'ont fait d'ailleurs sur d'autres plateformes." William Audureau est aussi l'auteur du livre Dans la tête des complotistes (éditions Allary) : "Le complotisme vous permet également de vous donner l'impression d'être acteur en faisant une enquête en ligne. (...) Il y a quelque chose de très ludique en fait, on a l'impression de voir une image qui se dessine, et c'est aussi pour ça que ça ne peut passer que par des sites qui sont en ligne". C'est un "jeu de rôle", selon Rudy Reichstadt. "Ce qui est fascinant avec la démarche complotiste, c'est cette pantomime permanente, on singe l'activité de journaliste d'investigation."
L'épisode revient aussi sur le Pizzagate, une théorie du complot qui s’est développée durant la campagne présidentielle américaine de 2016 au sujet d’un prétendu réseau pédophile impliquant Hillary Clinton.
"De Vinted au Pizzagate, la théorie du complot du trafic d’enfants sur Internet", c'est le 57e épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférence et membre de l'observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.
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