Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme

[PODCAST] Mort d'Alexeï Navalny : l'opposant russe dans le collimateur des complotistes

Publié par France Info20 février 2024,

Agent de la CIA, complot de l'Occident, victime du vaccin contre le Covid-19... de nombreuses théories du complot sont apparues à l'annonce de la mort de l'opposant russe en prison, certaines relayées par la propagande du Kremlin.

Il était l'opposant et adversaire numéro 1 du Kremlin. Alexeï Navalny est mort vendredi 16 février en prison, selon le service pénitentiaire fédéral de Russie. Un coup de tonnerre en Russie et dans le monde entier, et la complosphère n’a pas tardé à se réveiller. Dès l’annonce de sa mort, les premières théories du complot ont commencé à circuler.

"Ça a véritablement électrisé la complosphère internationale, note Tristan Mendès France, et on a eu de nombreux récits complotistes qui ont commencé à faire surface, que ce soit d'ailleurs poussé par le Kremlin lui-même ou les idiots utiles du régime un peu partout autour du monde." Parmi les thèses complotistes les plus diffusées : l'opposant à Vladimir Poutine a été tué par la CIA; l'Occident a éliminé Alexeï Navalny; il est mort d'une thrombose liée à l'injection du vaccin contre le Covid-19. "C’est la stratégie de la réponse du berger à la bergère, estime Rudy Reichstadt. Les complotistes retournent contre leurs détracteurs l’accusation de “complotisme”. Comme si c’était un jeu, comme si l’hypothèse d’une élimination délibérée d'Alexeï Navalny par le Kremlin était comparable à une théorie du complot. Alors qu’elle est on ne peut plus crédible de l’avis de l’écrasante majorité des spécialistes de la Russie et des observateurs des dérives du régime mis en place par Vladimir Poutine."

"Du kompromat à l'ancienne" contre Yulia Navalnaya

En Russie, "on commence à voir aussi sur les relais habituels de la propagande du Kremlin, sur Telegram notamment, des fakes qui visent maintenant Yulia Navalnaya, la femme d'Alexeï Navalny, raconte Sylvain Tronchet, correspondant de Radio France à Moscou. À mesure que celle-ci prend de l'importance, et après notamment cette déclaration qu'elle vient de faire où elle dit qu'elle va poursuivre le combat de son mari, on voit des choses qui la visent de plus en plus, avec des choses pas fines du tout. En clair, on lui prête des histoires adultérines avec des membres de son staff, on a vu apparaître des fausses réservations d'hôtel censées prouver que cette femme est nécessairement volage et légère et donc peu fiable. C'est très classique dans l'univers russe du discrédit, c'est du kompromat à l'ancienne, telle que le KGB pouvait les concevoir. Et ça, c'est un peu nouveau."

"Alexeï Navalny a quasi disparu du paysage médiatique russe, en tout cas des grands médias gouvernementaux."

Sylvain Tronchet, correspondant de Radio France à Moscou

"Il y a une stratégie de communication du Kremlin qui est différente en interne qu'en externe, note Tristan Mendès France. Ils ne communiquent pas du tout de la même façon auprès du public russe qu'ils le font à l'internationale."

Agent de Soros, du MI6 ou de la CIA

En 2020, l'opposant russe avait été empoisonné au novitchok, un produit mis au point par l'URSS à des fins militaires. À l'époque, les théories complotistes évoquaient plusieurs pistes, notamment la responsabilité du MI6 ou bien celle de la CIA. Le passé polémique est aussi utilisé par la complosphère.

Selon Tristan Mendès France, "on a vu immédiatement la complosphère internationale avoir recours à la ficelle du 'whataboutism', une stratégie rhétorique de diversion qui a pour but de déplacer le centre de gravité de la discussion publique". La complosphère a alors fait le parallèle avec l'affaire de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, "avec cette volonté flagrante de relativiser l'importance symbolique de cette mort tragique de Navalny."

Dans cet épisode, Rudy Reichstadt et Tristan Mendès France reviennent aussi sur la stratégie de désinformation du Kremlin concernant la tentative d'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal.

"Mort d'Alexeï Navalny : l'opposant russe dans le collimateur des complotistes", c'est le 62e épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférences et membre de l'observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcastsPodcast AddictSpotify, ou Deezer.

Cet article est en accès libre.
Pour qu’il le reste, Conspiracy Watch a besoin de vous.
Je suis d'accord, je fais un don
je continue ma lecture

Il était l'opposant et adversaire numéro 1 du Kremlin. Alexeï Navalny est mort vendredi 16 février en prison, selon le service pénitentiaire fédéral de Russie. Un coup de tonnerre en Russie et dans le monde entier, et la complosphère n’a pas tardé à se réveiller. Dès l’annonce de sa mort, les premières théories du complot ont commencé à circuler.

"Ça a véritablement électrisé la complosphère internationale, note Tristan Mendès France, et on a eu de nombreux récits complotistes qui ont commencé à faire surface, que ce soit d'ailleurs poussé par le Kremlin lui-même ou les idiots utiles du régime un peu partout autour du monde." Parmi les thèses complotistes les plus diffusées : l'opposant à Vladimir Poutine a été tué par la CIA; l'Occident a éliminé Alexeï Navalny; il est mort d'une thrombose liée à l'injection du vaccin contre le Covid-19. "C’est la stratégie de la réponse du berger à la bergère, estime Rudy Reichstadt. Les complotistes retournent contre leurs détracteurs l’accusation de “complotisme”. Comme si c’était un jeu, comme si l’hypothèse d’une élimination délibérée d'Alexeï Navalny par le Kremlin était comparable à une théorie du complot. Alors qu’elle est on ne peut plus crédible de l’avis de l’écrasante majorité des spécialistes de la Russie et des observateurs des dérives du régime mis en place par Vladimir Poutine."

"Du kompromat à l'ancienne" contre Yulia Navalnaya

En Russie, "on commence à voir aussi sur les relais habituels de la propagande du Kremlin, sur Telegram notamment, des fakes qui visent maintenant Yulia Navalnaya, la femme d'Alexeï Navalny, raconte Sylvain Tronchet, correspondant de Radio France à Moscou. À mesure que celle-ci prend de l'importance, et après notamment cette déclaration qu'elle vient de faire où elle dit qu'elle va poursuivre le combat de son mari, on voit des choses qui la visent de plus en plus, avec des choses pas fines du tout. En clair, on lui prête des histoires adultérines avec des membres de son staff, on a vu apparaître des fausses réservations d'hôtel censées prouver que cette femme est nécessairement volage et légère et donc peu fiable. C'est très classique dans l'univers russe du discrédit, c'est du kompromat à l'ancienne, telle que le KGB pouvait les concevoir. Et ça, c'est un peu nouveau."

"Alexeï Navalny a quasi disparu du paysage médiatique russe, en tout cas des grands médias gouvernementaux."

Sylvain Tronchet, correspondant de Radio France à Moscou

"Il y a une stratégie de communication du Kremlin qui est différente en interne qu'en externe, note Tristan Mendès France. Ils ne communiquent pas du tout de la même façon auprès du public russe qu'ils le font à l'internationale."

Agent de Soros, du MI6 ou de la CIA

En 2020, l'opposant russe avait été empoisonné au novitchok, un produit mis au point par l'URSS à des fins militaires. À l'époque, les théories complotistes évoquaient plusieurs pistes, notamment la responsabilité du MI6 ou bien celle de la CIA. Le passé polémique est aussi utilisé par la complosphère.

Selon Tristan Mendès France, "on a vu immédiatement la complosphère internationale avoir recours à la ficelle du 'whataboutism', une stratégie rhétorique de diversion qui a pour but de déplacer le centre de gravité de la discussion publique". La complosphère a alors fait le parallèle avec l'affaire de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, "avec cette volonté flagrante de relativiser l'importance symbolique de cette mort tragique de Navalny."

Dans cet épisode, Rudy Reichstadt et Tristan Mendès France reviennent aussi sur la stratégie de désinformation du Kremlin concernant la tentative d'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal.

"Mort d'Alexeï Navalny : l'opposant russe dans le collimateur des complotistes", c'est le 62e épisode de Complorama avec Rudy Reichstadt, directeur de Conspiracy Watch, et Tristan Mendès France, maître de conférences et membre de l'observatoire du conspirationnisme, spécialiste des cultures numériques. Un podcast à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcastsPodcast AddictSpotify, ou Deezer.

Afficher plus

Inscrivez-vous à notre newsletter 

Depuis seize ans, Conspiracy Watch contribue à sensibiliser aux dangers du complotisme en assurant un travail d’information et de veille critique sans équivalent. Pour pérenniser nos activités, le soutien de nos lecteurs est indispensable.  

Faire un don !
à propos de l'auteur
[show_profile_image]
Partager :
Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
© 2007-2024 Conspiracy Watch | Une réalisation de l'Observatoire du conspirationnisme (association loi de 1901) avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
cross