[LU SUR LE WEB] L’ex-président ivoirien s’est confié au journaliste François Mattéi. Ce livre à deux voix est un plaidoyer pro domo, sans nuance, d’où il ressort que la chute de Gbagbo serait le énième avatar d’une Françafrique qui ne veut pas mourir.
Tel qu’en lui-même l’éternité le change. Du fin fond de sa cellule de la prison de Scheveningen, aux Pays-Bas, Laurent Gbagbo reste toujours aussi combatif. Et toujours aussi approximatif avec l’histoire et les faits. Dans l’attente de son procès devant la Cour pénale internationale, qui l’accuse d’être le «co-auteur» de crimes contre l’Humanité durant la crise post-électorale de 2010-2011, l’ex-président ivoirien s’est confié au journaliste François Mattéi. Le résultat est édifiant. Ce livre à deux voix est un plaidoyer pro domo, sans nuance, d’où il ressort que la chute de Gbagbo serait le énième avatar d’une Françafrique qui ne veut pas mourir. Un de ces complots dont les héritiers de Jacques Foccart ont le secret.
Pour la rigueur et l’exactitude des faits, on repassera. En fait d’analyse François Mattéi se contente de relier entre eux des faits épars, de citer des bouts d’articles ou de discours, et d’extrapoler sans apporter la moindre preuve de ce qu’il avance. Mais tel n’est visiblement pas son souci. Le livre ne cherche pas à établir les faits, il fait office de cri d’indignation. Ce n’est pas la vérité qui compte, contrairement ce que promet son titre, mais celle de Laurent Gbagbo. Le reste n’est que littérature, et manipulation qu’il s’agit coûte que coûte de démonter.
Pas de place pour la contradiction sous la plume de François Mattéi, qui hormis l’ancien ambassadeur de France en poste à Abidjan lors de la crise, Jean-Marc Simon, n’interroge aucune voix discordante. D’ailleurs, quand il cite ce diplomate désormais à la retraite, c’est pour mieux le discréditer. Aucun proche d’Alassane Ouattara n’est mis à la question. Dommage, car il y a effectivement beaucoup à dire, avec le recul du temps, sur la façon dont les résultats de la présidentielle ivoirienne ont été proclamés par un président de la Commission électorale indépendante sous la forte pression de Paris et Washington, sur le rôle des Nations unies qui ont certifié ces résultats par-dessus le Conseil constitutionnel. Ou sur la gestion de la crise par la France [...].
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