Les stéréotypes antisémites et la rhétorique complotiste véhiculés par Donald Trump et ses fils sont l'envers d'une judéophilie des plus ambigües.
Donald Trump aime bien affubler ses adversaires de surnoms dépréciatifs : Joe Biden est « Sleepy Creepy Joe », Hillary Clinton est « Crooked Hillary », et Bernie Sanders, « Crazy Bernie ». Autant de sobriquets que ses supporters aiment scander dans les meetings et relayer sur les réseaux sociaux.
Pour disqualifier Adam Schiff, le président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, en première ligne dans l’enquête visant à le destituer, Trump accole désormais à son nom le sobriquet « Shifty Schiff ». Comprendre : « Schiff le Sournois ». « Si vous pensez que cela sonne vaguement antisémite, vous avez raison », souligne Peter Beinart dans The Forward. Richard Silverstein rappelle qu’à l'époque de l’esclavage, les Blancs racistes traitaient les Noirs de « shiftless and lazy » (fainéants et paresseux) et que les antisémites qualifiaient les Juifs de « shifty and conniving » (sournois et fourbes).
S’il y avait un doute sur la portée de ces sous-entendus, il est levé par deux tweets de Donald Trump Jr, le fils aîné du président, qui, le 2 octobre, expliquait qu'Adam Schiff avait été « choisi et soutenu par George Soros ».
Le milliardaire américain est une cible récurrente de Donald Trump et de ses partisans. Pendant sa campagne, Donald Trump faisait siffler le nom de Soros dans ses meetings. Un clip de fin de campagne en 2016, aux accents conspirationnistes, mettait en scène les travailleurs américains et les puissances de l’argent, incarnées par George Soros, Janet Yellen, alors présidente de la Réserve fédérale, et Lloyd Blankfein, ex-patron de Goldman Sachs : le clip suggerait que ces derniers poursuivaient des « intérêts particuliers mondiaux ». « Une rhétorique et ses métaphores qui ont historiquement été utilisées contre les juifs et alimentent toujours l’antisémitisme », dénoncée par l’Anti-Demation League (ADL). Fin mai 2018, Donald Trump Jr est allé jusqu’à relayer un tweet de l'actrice Roseanne Barr qui accusait Soros d’avoir été « un nazi qui a trahi ses compatriotes juifs assassinés dans des camps de concentration allemands et leur a volé leur richesse » – c'est faux : Soros n’avait pas 15 ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale et il n’a survécu à la Shoah qu’en recourant à une fausse identité.
Régulièrement mis en cause pour ses dérapages et sa complaisance vis-à-vis de l'extrême droite antisémite, Trump adopte avec constance la même ligne de défense : son soutien sans faille à Israël et à son Premier ministre Benyamin Nétanyahou. Il va même jusqu’à retourner l’accusation contre les démocrates quand il déclare, en août dernier, que « tout juif qui vote pour un démocrate témoigne soit d’un manque total de connaissances, soit d’une grande déloyauté ».
L’antisémitisme de Donald Trump présente, ainsi, au moins trois dimensions :
« Au fur et à mesure que l'enquête sur la destitution va s'intensifier, la rhétorique antisémite de Trump va probablement s’intensifier » prévient Peter Beinart. « Elle va s’aggraver non pas tant parce que Trump serait plus hostile aux Juifs qu’aux autres minorités religieuses ou raciales. Non, elle va s'aggraver parce que Trump pense en termes de stéréotypes. Et pour les prochains mois, alors que sa présidence est sur la sellette, son plus grand adversaire sera Adam Schiff, un Juif ».
Voir aussi :
Le fils du Premier ministre israélien poste (puis efface) une caricature aux relents antisémites
De la dangerosité des accusations de complot visant George Soros
Les stéréotypes antisémites et la rhétorique complotiste véhiculés par Donald Trump et ses fils sont l'envers d'une judéophilie des plus ambigües.
Donald Trump aime bien affubler ses adversaires de surnoms dépréciatifs : Joe Biden est « Sleepy Creepy Joe », Hillary Clinton est « Crooked Hillary », et Bernie Sanders, « Crazy Bernie ». Autant de sobriquets que ses supporters aiment scander dans les meetings et relayer sur les réseaux sociaux.
Pour disqualifier Adam Schiff, le président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, en première ligne dans l’enquête visant à le destituer, Trump accole désormais à son nom le sobriquet « Shifty Schiff ». Comprendre : « Schiff le Sournois ». « Si vous pensez que cela sonne vaguement antisémite, vous avez raison », souligne Peter Beinart dans The Forward. Richard Silverstein rappelle qu’à l'époque de l’esclavage, les Blancs racistes traitaient les Noirs de « shiftless and lazy » (fainéants et paresseux) et que les antisémites qualifiaient les Juifs de « shifty and conniving » (sournois et fourbes).
S’il y avait un doute sur la portée de ces sous-entendus, il est levé par deux tweets de Donald Trump Jr, le fils aîné du président, qui, le 2 octobre, expliquait qu'Adam Schiff avait été « choisi et soutenu par George Soros ».
Le milliardaire américain est une cible récurrente de Donald Trump et de ses partisans. Pendant sa campagne, Donald Trump faisait siffler le nom de Soros dans ses meetings. Un clip de fin de campagne en 2016, aux accents conspirationnistes, mettait en scène les travailleurs américains et les puissances de l’argent, incarnées par George Soros, Janet Yellen, alors présidente de la Réserve fédérale, et Lloyd Blankfein, ex-patron de Goldman Sachs : le clip suggerait que ces derniers poursuivaient des « intérêts particuliers mondiaux ». « Une rhétorique et ses métaphores qui ont historiquement été utilisées contre les juifs et alimentent toujours l’antisémitisme », dénoncée par l’Anti-Demation League (ADL). Fin mai 2018, Donald Trump Jr est allé jusqu’à relayer un tweet de l'actrice Roseanne Barr qui accusait Soros d’avoir été « un nazi qui a trahi ses compatriotes juifs assassinés dans des camps de concentration allemands et leur a volé leur richesse » – c'est faux : Soros n’avait pas 15 ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale et il n’a survécu à la Shoah qu’en recourant à une fausse identité.
Régulièrement mis en cause pour ses dérapages et sa complaisance vis-à-vis de l'extrême droite antisémite, Trump adopte avec constance la même ligne de défense : son soutien sans faille à Israël et à son Premier ministre Benyamin Nétanyahou. Il va même jusqu’à retourner l’accusation contre les démocrates quand il déclare, en août dernier, que « tout juif qui vote pour un démocrate témoigne soit d’un manque total de connaissances, soit d’une grande déloyauté ».
L’antisémitisme de Donald Trump présente, ainsi, au moins trois dimensions :
« Au fur et à mesure que l'enquête sur la destitution va s'intensifier, la rhétorique antisémite de Trump va probablement s’intensifier » prévient Peter Beinart. « Elle va s’aggraver non pas tant parce que Trump serait plus hostile aux Juifs qu’aux autres minorités religieuses ou raciales. Non, elle va s'aggraver parce que Trump pense en termes de stéréotypes. Et pour les prochains mois, alors que sa présidence est sur la sellette, son plus grand adversaire sera Adam Schiff, un Juif ».
Voir aussi :
Le fils du Premier ministre israélien poste (puis efface) une caricature aux relents antisémites
De la dangerosité des accusations de complot visant George Soros
Depuis seize ans, Conspiracy Watch contribue à sensibiliser aux dangers du complotisme en assurant un travail d’information et de veille critique sans équivalent. Pour pérenniser nos activités, le soutien de nos lecteurs est indispensable.