Ce qui est peut-être le plus troublant dans la manière dont Trump a frôlé la mort, c'est à quel point un tel événement est banal.
La tentative d'assassinat qui a visé l'ancien président américain et actuel candidat Donald Trump le 13 juillet dernier a suscité des théories du complot presque dès que les coups de feu ont retenti. Compte tenu du degré de polarisation politique atteint aux États-Unis, ces théories se sont divisées en deux grands récits distincts, indexés sur les convictions politiques de chacun des deux camps.
D'un côté, les allégations selon lesquelles la fusillade n'était qu'une mise en scène ont circulé à gauche, même si de telles rumeurs ont longtemps été l'apanage de l'extrême droite. Les partisans de Trump, quant à eux, ont immédiatement crié au complot, déclarant que leur champion avait été victime d'une tentative d'assassinat orchestrée ou permise par « l'État profond ». Selon cette version, Trump devait être abattu par plusieurs tireurs, mais a survécu en tournant la tête au dernier moment, et l'un des tireurs, identifié comme Thomas Crooks, a été tué pour faire disparaître toute preuve du complot...
Les théories du complot qui affirment qu'un événement est une imposture même lorsqu'il est diffusé en direct et qu'il se déroule sous les yeux d'un large public sont relativement récentes. Elles s'inscrivent dans les fausses accusations selon lesquelles le massacre de l'école primaire Sandy Hook en 2012 avait été « mis en scène » sans aucune victime – le même « faux drapeau » mis en avant dans chaque incident à grande échelle aux États-Unis aujourd'hui.
Cependant, les théories du complot concernant les assassinats ou tentatives d'assassinats de présidents sont loin d'être nouvelles. Il suffit de jeter un oeil sur l'industrie encore lucrative des auteurs conspirationnistes qui écrivent sur l'assassinat de John F. Kennedy six décennies après les faits, malgré l'absence de nouvelles preuves soutenant autre chose que l'idée que Lee Harvey Oswald a agi seul. Bien qu'il n'y ait aucun consensus sur l'identité des tireurs, une majorité d'Américains doute encore que Kennedy a été abattu par un seul tireur.
Ce type de conspirationnisme est naturel, surtout face au scénario le plus impensable en politique américaine. Voir un leader puissant presque abattu en direct à la télévision constitue une matière parfaite pour les théories du complot. Après tout, quelque chose s'est effectivement mal passé et, dans les premiers instants qui suivent les tirs, personne ne sait ce qui se passe. Les candidats à une élection présidentielle ne sont pas censés être abattus. Quand cela se produit, nous exigeons de savoir pourquoi et comment cela a pu arriver.
L'histoire derrière la tentative d'assassinat de Trump reste obscure, car le Secret Service a échoué de multiples façons, et le tireur n'a laissé aucun indice sur ses motivations ou les raisons pour lesquelles il a tenté d'éliminer Trump. En fait, son historique de recherches sur les réseaux sociaux complique encore les choses, car il avait précédemment recherché où se trouvait le président Biden, indiquant qu'il ne se souciait pas de savoir qui il allait abattre et qu'il voulait juste tirer sur quelqu'un.
Malgré tout cela, il n'y a pas la moindre preuve que le tireur n'ait pas agi seul ou qu'il ait eu de l'aide. Les affirmations selon lesquelles il y aurait eu un second tireur, peut-être posté sur un château d'eau à proximité, ont été démenties par de nombreuses vidéos. Et il n'y a pas non plus de preuve d'une implication étrangère, ni que le tireur ait eu un objectif particulier en tête. Rien de tout cela n'est inhabituel, car dans toute l'histoire des attentats présidentiels américains, il n'y a jamais eu un seul cas où plus d'un tireur a tiré sur le président.
Fondamentalement, cette tentative d'assassinat était la même que presque toutes les précédentes tentatives d'assassinat présidentielles dans l'histoire des États-Unis, sans complot ou intrigue d'envergure. Avec une exception notable : l'assassinat d'Abraham Lincoln. Toutes les autres ont été le fait d'une personne agissant seule, généralement pour des raisons floues ou inconnues. James Garfield, William McKinley et JFK ont tous été abattus par des tireurs isolés, appréhendés rapidement, généralement sur le champ.
De même, Ronald Reagan s'est fait tirer dessus en mars 1981 par un tireur arrêté dans l'instant. Et dans l'incident auquel la fusillade de Trump a été le plus souvent comparée, l'ancien président Theodore Roosevelt, qui se présentait comme candidat tiers parti en 1912, s'est fait tirer dessus pendant un discours. Ce tireur a été maîtrisé par l'audience et arrêté. Il est mort dans une institution mentale. Aucun de ces attentats n'a impliqué d'autres personnes que le tireur, identifié et appréhendé immédiatement.
Même d'autres tentatives de tuer des présidents ont été majoritairement l'œuvre de tireurs solitaires, comme les multiples tentatives de tirer sur Gerald Ford en 1975. Seuls quelques-uns, comme un complot d'anarchistes argentins pour tuer Herbert Hoover, ou lorsque deux activistes portoricains ont tenté de tuer Harry Truman, ont été le fait de conspirations. Et ces conspirations ont échoué, les coupables ayant été identifiés et neutralisés ou tués rapidement.
La seule conspiration réelle ayant abouti à la mort d'un président fut celle de sympathisants confédérés pour tuer Lincoln, le vice-président Andrew Johnson et le secrétaire d'État William Seward. Les conspirateurs, dirigés par John Wilkes Booth, cherchaient à décapiter le gouvernement unioniste victorieux en tuant ses trois dirigeants en même temps – mais leur plan a échoué à tuer quiconque autre que Lincoln, qui a été abattu par Booth agissant seul. Le tueur de Johnson a perdu son sang-froid, et l'assassin de Seward l'a blessé sans le tuer. La conspiration a été démantelée rapidement, la plupart des membres arrêtés et Booth lui-même a été abattu par les troupes américaines douze jours après l'assassinat. La plupart des conspirateurs ont été pendus, et un seul a pris la fuite, admettant plus tard son implication dans le complot.
Dans tous les cas où un complot présidentiel a impliqué plus d'une personne, la conspiration n'a pas été menée au plus haut niveau du gouvernement – comme les théories sur Trump le suggèrent – mais par un petit groupe de tueurs qui échouèrent généralement à accomplir leurs tâches et furent exposés presque immédiatement. Comme complots, on fait mieux.
En examinant les détails de la tentative d'assassinat de Trump, la nécessité d'une conspiration disparaît complètement. Le tireur n'était pas un tueur entraîné capable d'abattre n'importe quelle cible à n'importe quelle distance, ce qui est probablement le type de personne qu'engagerait une puissante cabale. En réalité, Thomas Crooks était un tireur inexpérimenté et mal entraîné qui n'a même pas pu rejoindre l'équipe de tir de son lycée. Pourquoi une conspiration de haut niveau pour éliminer Donald Trump reposerait-elle sur une personne aussi peu fiable ? Et si Crooks n'était qu'un bouc émissaire pour un tireur réellement entraîné agissant de concert avec Crooks, pourquoi ce tireur a-t-il manqué sa cible ? Si c'était le seul et unique coup de cette cabale maléfique contre Trump, pourquoi n'ont-ils pas fait plus pour en tirer parti ?
De telles questions tendent à réfuter l'existence de toute conspiration autour de cet événement. Evidemment, ce ne sont pas les questions que se posent les complotistes, qui préfèrent se concentrer sur les incohérences des récits, les mauvais souvenirs des témoins et les faits inventés.
Ce qui est peut-être le plus troublant dans la manière dont Trump a frôlé la mort, c'est à quel point un tel événement est banal. Aucun soldat d'élite ou petite unité super-entraînée n'y est impliqué. Aucun complot n'a été nécessaire. Rien de ce qui s'est passé n'est sorti de l'ordinaire. Il a suffi d'un gosse ayant facilement accès à un fusil, qui est parvenu à mettre Trump dans sa ligne de mire avant de rater sa cible. À quelques détails près, il aurait pu s'agir d'une fusillade dans une école ou de l'une de ces tueries de masse qui se produisent en permanence aux États-Unis.
Rien dans cette tentative d'assassinat ne fut spécial ou extraordinaire. Sauf sa cible.
La tentative d'assassinat qui a visé l'ancien président américain et actuel candidat Donald Trump le 13 juillet dernier a suscité des théories du complot presque dès que les coups de feu ont retenti. Compte tenu du degré de polarisation politique atteint aux États-Unis, ces théories se sont divisées en deux grands récits distincts, indexés sur les convictions politiques de chacun des deux camps.
D'un côté, les allégations selon lesquelles la fusillade n'était qu'une mise en scène ont circulé à gauche, même si de telles rumeurs ont longtemps été l'apanage de l'extrême droite. Les partisans de Trump, quant à eux, ont immédiatement crié au complot, déclarant que leur champion avait été victime d'une tentative d'assassinat orchestrée ou permise par « l'État profond ». Selon cette version, Trump devait être abattu par plusieurs tireurs, mais a survécu en tournant la tête au dernier moment, et l'un des tireurs, identifié comme Thomas Crooks, a été tué pour faire disparaître toute preuve du complot...
Les théories du complot qui affirment qu'un événement est une imposture même lorsqu'il est diffusé en direct et qu'il se déroule sous les yeux d'un large public sont relativement récentes. Elles s'inscrivent dans les fausses accusations selon lesquelles le massacre de l'école primaire Sandy Hook en 2012 avait été « mis en scène » sans aucune victime – le même « faux drapeau » mis en avant dans chaque incident à grande échelle aux États-Unis aujourd'hui.
Cependant, les théories du complot concernant les assassinats ou tentatives d'assassinats de présidents sont loin d'être nouvelles. Il suffit de jeter un oeil sur l'industrie encore lucrative des auteurs conspirationnistes qui écrivent sur l'assassinat de John F. Kennedy six décennies après les faits, malgré l'absence de nouvelles preuves soutenant autre chose que l'idée que Lee Harvey Oswald a agi seul. Bien qu'il n'y ait aucun consensus sur l'identité des tireurs, une majorité d'Américains doute encore que Kennedy a été abattu par un seul tireur.
Ce type de conspirationnisme est naturel, surtout face au scénario le plus impensable en politique américaine. Voir un leader puissant presque abattu en direct à la télévision constitue une matière parfaite pour les théories du complot. Après tout, quelque chose s'est effectivement mal passé et, dans les premiers instants qui suivent les tirs, personne ne sait ce qui se passe. Les candidats à une élection présidentielle ne sont pas censés être abattus. Quand cela se produit, nous exigeons de savoir pourquoi et comment cela a pu arriver.
L'histoire derrière la tentative d'assassinat de Trump reste obscure, car le Secret Service a échoué de multiples façons, et le tireur n'a laissé aucun indice sur ses motivations ou les raisons pour lesquelles il a tenté d'éliminer Trump. En fait, son historique de recherches sur les réseaux sociaux complique encore les choses, car il avait précédemment recherché où se trouvait le président Biden, indiquant qu'il ne se souciait pas de savoir qui il allait abattre et qu'il voulait juste tirer sur quelqu'un.
Malgré tout cela, il n'y a pas la moindre preuve que le tireur n'ait pas agi seul ou qu'il ait eu de l'aide. Les affirmations selon lesquelles il y aurait eu un second tireur, peut-être posté sur un château d'eau à proximité, ont été démenties par de nombreuses vidéos. Et il n'y a pas non plus de preuve d'une implication étrangère, ni que le tireur ait eu un objectif particulier en tête. Rien de tout cela n'est inhabituel, car dans toute l'histoire des attentats présidentiels américains, il n'y a jamais eu un seul cas où plus d'un tireur a tiré sur le président.
Fondamentalement, cette tentative d'assassinat était la même que presque toutes les précédentes tentatives d'assassinat présidentielles dans l'histoire des États-Unis, sans complot ou intrigue d'envergure. Avec une exception notable : l'assassinat d'Abraham Lincoln. Toutes les autres ont été le fait d'une personne agissant seule, généralement pour des raisons floues ou inconnues. James Garfield, William McKinley et JFK ont tous été abattus par des tireurs isolés, appréhendés rapidement, généralement sur le champ.
De même, Ronald Reagan s'est fait tirer dessus en mars 1981 par un tireur arrêté dans l'instant. Et dans l'incident auquel la fusillade de Trump a été le plus souvent comparée, l'ancien président Theodore Roosevelt, qui se présentait comme candidat tiers parti en 1912, s'est fait tirer dessus pendant un discours. Ce tireur a été maîtrisé par l'audience et arrêté. Il est mort dans une institution mentale. Aucun de ces attentats n'a impliqué d'autres personnes que le tireur, identifié et appréhendé immédiatement.
Même d'autres tentatives de tuer des présidents ont été majoritairement l'œuvre de tireurs solitaires, comme les multiples tentatives de tirer sur Gerald Ford en 1975. Seuls quelques-uns, comme un complot d'anarchistes argentins pour tuer Herbert Hoover, ou lorsque deux activistes portoricains ont tenté de tuer Harry Truman, ont été le fait de conspirations. Et ces conspirations ont échoué, les coupables ayant été identifiés et neutralisés ou tués rapidement.
La seule conspiration réelle ayant abouti à la mort d'un président fut celle de sympathisants confédérés pour tuer Lincoln, le vice-président Andrew Johnson et le secrétaire d'État William Seward. Les conspirateurs, dirigés par John Wilkes Booth, cherchaient à décapiter le gouvernement unioniste victorieux en tuant ses trois dirigeants en même temps – mais leur plan a échoué à tuer quiconque autre que Lincoln, qui a été abattu par Booth agissant seul. Le tueur de Johnson a perdu son sang-froid, et l'assassin de Seward l'a blessé sans le tuer. La conspiration a été démantelée rapidement, la plupart des membres arrêtés et Booth lui-même a été abattu par les troupes américaines douze jours après l'assassinat. La plupart des conspirateurs ont été pendus, et un seul a pris la fuite, admettant plus tard son implication dans le complot.
Dans tous les cas où un complot présidentiel a impliqué plus d'une personne, la conspiration n'a pas été menée au plus haut niveau du gouvernement – comme les théories sur Trump le suggèrent – mais par un petit groupe de tueurs qui échouèrent généralement à accomplir leurs tâches et furent exposés presque immédiatement. Comme complots, on fait mieux.
En examinant les détails de la tentative d'assassinat de Trump, la nécessité d'une conspiration disparaît complètement. Le tireur n'était pas un tueur entraîné capable d'abattre n'importe quelle cible à n'importe quelle distance, ce qui est probablement le type de personne qu'engagerait une puissante cabale. En réalité, Thomas Crooks était un tireur inexpérimenté et mal entraîné qui n'a même pas pu rejoindre l'équipe de tir de son lycée. Pourquoi une conspiration de haut niveau pour éliminer Donald Trump reposerait-elle sur une personne aussi peu fiable ? Et si Crooks n'était qu'un bouc émissaire pour un tireur réellement entraîné agissant de concert avec Crooks, pourquoi ce tireur a-t-il manqué sa cible ? Si c'était le seul et unique coup de cette cabale maléfique contre Trump, pourquoi n'ont-ils pas fait plus pour en tirer parti ?
De telles questions tendent à réfuter l'existence de toute conspiration autour de cet événement. Evidemment, ce ne sont pas les questions que se posent les complotistes, qui préfèrent se concentrer sur les incohérences des récits, les mauvais souvenirs des témoins et les faits inventés.
Ce qui est peut-être le plus troublant dans la manière dont Trump a frôlé la mort, c'est à quel point un tel événement est banal. Aucun soldat d'élite ou petite unité super-entraînée n'y est impliqué. Aucun complot n'a été nécessaire. Rien de ce qui s'est passé n'est sorti de l'ordinaire. Il a suffi d'un gosse ayant facilement accès à un fusil, qui est parvenu à mettre Trump dans sa ligne de mire avant de rater sa cible. À quelques détails près, il aurait pu s'agir d'une fusillade dans une école ou de l'une de ces tueries de masse qui se produisent en permanence aux États-Unis.
Rien dans cette tentative d'assassinat ne fut spécial ou extraordinaire. Sauf sa cible.
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