Dans Russia Today (RT), le chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) Maxime Audinet livre un travail d’une précision inédite sur la chaîne d’information russe et son implantation dans l’écosystème « alternatif » de nos démocraties.
« Nous travaillons pour l'État, nous défendons notre patrie, comme le fait par exemple l’armée ». C’est en ces termes que Margarita Simonian décrivait en février dernier le rôle de la chaîne d’information qu’elle dirige, RT, anciennement connue sous le nom de « Russia Today ». Un média décidément pas comme les autres et souvent accusé de n’être rien de moins qu’un organe de propagande du Kremlin digne de la guerre froide. La chaîne russe est pourtant un objet bien plus complexe à définir que ne l’était Radio Moscou.
C’est à cette définition que s’est attelé Maxime Audinet, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM), dans un livre publié vendredi 22 octobre par l’INA. Russia Today (RT) : un média d’influence au service de l’État russe (240 pages) est le fruit d’une thèse commencée en 2014 et achevée en 2020 pour comprendre cet « acteur emblématique des mutations de l’influence médiatique en contexte autoritaire, ainsi qu’une référence incontournable des pratiques contemporaine des guerres de l’information », en s’appuyant non seulement sur des entretiens avec des employés du réseau, des chiffres précis d’audience, mais surtout sur une précieuse analyse sémantique.
RT compte aujourd’hui six chaînes d’information en continu, une chaîne documentaire, six médias en ligne, et une agence de production de vidéos à la demande et diffuse en six langues : l’anglais, l’arabe, l’espagnol, le français, l’allemand et le russe. En 2019, le nom de domaine rt.com occupait la deuxième place des médias publics internationaux dans le trafic web mondial, derrière la BBC. Son site arabophone, RT Arabic, est, toutes sources confondues, le média en ligne le plus consulté par les internautes en Syrie, d’après Maxime Audinet.
Le groupe tire sa force de frappe des réseaux sociaux, 96 % des interactions générées par ses publications en ligne se produisent sur le réseau social Facebook, apprend-t-on. Si les médias du groupe ont recours au clickbait, au référencement payant, et profitent des algorithmes des réseaux sociaux, « il serait toutefois erroné de considérer que les contenus produits par les médias russes internationaux sont uniquement et directement propagés par les services de RT et Sputnik ». Les sites « alternatifs », conspirationnistes ou dits de « réinformation », souvent d’extrême droite, constituent par exemple un formidable tremplin pour le média du Kremlin.
C’est notamment le cas en France du site d’Alain Soral Égalité & Réconciliation ou de Mondialisation.ca, fondé par un ancien compagnon de route de Thierry Meyssan, Michel Chossudovsky. Aux États-Unis en 2017, « le site complotiste américain InfoWars, connu pour sa diffusion récurrente de fausses informations, a publié 431 articles contenant des phrases d’au moins 32 mots émanant d’articles produits par RT International. »
C’est donc bien en s’insérant dans un écosystème numérique pré-existant que RT parvient à diffuser son message. Depuis 2008 et la guerre russo-géorgienne, le groupe a d’ailleurs cessé de se présenter comme la voix de la Russie et a opté pour une posture « alternative » : « Le réseau entend au contraire s’imposer comme un contre-pouvoir médiatique capable de concurrencer de manière asymétrique les récits diffusés par les "médias mainstream" occidentaux, non seulement dans l’écosystème informationnel global, mais aussi au sein des paysages médiatiques régionaux et nationaux ciblés en priorité par la diplomatie publique russe. »
En France, RT s’est ainsi fait sa place parmi les acteurs de la « réinformation » : « RT France collabore avec des organes se réclamant de la "réinformation", comme Politique Magazine depuis l’été 2019, un magazine royaliste affilié au mouvement Restauration nationale, héritière de l’Action française. » Citons aussi l’intellectuel d’extrême droite Jean-Yves Le Gallou, l’un des théoriciens de cette « réinformation », invité deux fois sur le plateau de la chaîne russe qui relaie aussi le bilan de la cérémonie des « Bobards d’or ».
RT n’est pas pour autant, de prime abord, un média ouvertement conspirationniste diffusant des « fake news » à longueur d’antenne. On peut même y trouver des informations tout à fait factuelles et relativement neutres. « Le but n’est donc pas de dissimuler au lecteur l’information la plus fiable ou véridique, mais de le désorienter en la noyant sous un déluge de versions "alternatives" et contradictoires, de la placer au même niveau que des récits douteux, tronqués ou trompeurs, sans contextualisation des faits » résume Maxime Audinet.
La version la plus crédible de l’affaire Navalny, celle d’un empoisonnement au Novitchok, est par exemple bien accessible sur RT, mais mise sur le même plan que d’autres théories alternatives tronquées et trompeuses. Le groupe fonctionne ainsi en prétendant qu’il existe donc toujours plusieurs versions concurrentes d’une même histoire qui se valent toutes.
Une tactique qui le conduit bel et bien à relayer des théories conspirationnistes. En 2010, l’animateur Peter Lavelle a ainsi reçu dans son émission « CrossTalk » diffusée sur RT America des membres du 9/11 Truth Movement qui remet en cause la « version officielle » des attentats du 11 septembre 2001, pour « essayer de comprendre ce qu’il s’est vraiment passé ». Interrogée à ce sujet, la patronne du réseau, Margarita Simonian, assumait : « Personnellement je ne les crois pas. Mais s’il y a des personnes qui pensent de cette manière mais n’ont pas accès aux médias dominants, alors je crois qu’ils méritent d’être entendus ».
La posture conspirationniste est cependant de moins en moins ouvertement assumée par RT, notamment en raison du retour de bâton survenu après les accusations d’ingérences dans l’élection américaine de 2016. En juin 2018, RT France a été mis en demeure par le CSA pour « manquements à l’honnêteté, à la rigueur de l’information et à la diversité des points de vue » dans un journal télévisé du 13 avril 2018. La chaîne avait diffusé un sujet intitulé « Attaques simulées » contestant la réalité des attaques à l’arme chimique de Douma, dans la région syrienne de la Ghouta orientale et attribuant aux rebelles l’initiative d’une mise en scène des effets des attaques sur la population.
En juillet 2019, l’Ofcom, le régulateur britannique des médias, a condamné RT à une amende de 200 000 £ (236 920 €) pour son traitement partial de l’affaire Skripal. Fin septembre, juste après les élections en Allemagne, YouTube a décidé de fermer la chaîne de RT Deutsch (qui ne dispose pas d’une licence de diffusion télé), accusée d’avoir diffusé de « fausses informations » sur le Covid-19. Pendant le scrutin allemand, RT Deutsch était devenu la première source d’information sur les réseaux sociaux en donnant du temps d’antenne au parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) et en surfant sur la contestation contre les mesures sanitaires. En août, enfin, le Luxembourg a refusé d’accorder à RT Deutsch une licence de diffusion qui lui aurait permis d’émettre sur les antennes allemandes.
La posture relativiste de RT ne doit pas pour autant laisser penser que la chaîne du Kremlin ne porte aucun agenda politique particulier. Si sa stratégie communicationnelle diffère selon ses pays d’implantation, elle répond néanmoins à des dénominateurs communs : la promotion des courants « anti-systèmes ». « RT n’est en aucun cas exclusif en matière d’idées politiques et ne fait pas montre de la même rigidité idéologique que Radio Moscou à l’époque soviétique. Cependant, certains courants de pensée et forces politiques sont surreprésentés par rapport à leur médiatisation habituelle ou leur poids politique réel, quand d’autres, à l’inverse, sont marginalisés ou exposés de manière clairement péjorative. »
Arseni Barski, le rédacteur en chef du site de RT France, confie ainsi à Maxime Audinet que RT ne prétend pas être neutre et adhère à un certain nombre de valeurs, dont le « souverainisme », qu’il définit comme un « projet politique » de RT, que l’on peut situer aussi bien à gauche qu’à droite.
« L’ancien bureau du site francophone de RT à Paris a tenté d’attirer des jeunes journalistes issus des réseaux de la droite souverainiste française, réputée plus favorable à la Russie poutinienne », rappelle Maxime Audinet. « Jonathan Moadab, qui a travaillé pour le site avant d’être promu reporter pour la chaîne, a quant à lui développé un engagement qu’il qualifie d’"altersioniste" et fondé un média conspirationniste, Le Cercle des volontaires, dont la ligne a semble-t-il séduit la rédaction francophone de RT. » Ajoutons-y la révélation récente par Mediapart de la présence d’un journaliste de RT France, Pierre-Alexandre Ferletic, dans l'équipe de campagne du non-encore-candidat à l'élection présidentielle Éric Zemmour.
Sur les 42 entretiens accordés à RT France par des responsables politiques français entre décembre 2017 et août 2019, Maxime Audinet note que « la moitié (21) l’est avec des personnalités issues de la droite et de l’extrême droite souverainistes (François Asselineau, Florian Philippot, Marine Le Pen, etc.) et neuf avec des représentants de la gauche souverainiste (Jean-Pierre Chevènement, Djordje Kuzmanovic, Éric Coquerel, etc.). Avec respectivement six et cinq interventions en plateau, les deux personnalités les plus invitées dans le JT de RT France sont, à l’été 2019, l’ancien conseiller de Jean-Luc Mélenchon et fondateur du parti République souveraine Djordje Kuzmanovic et le chef du parti UPR et thuriféraire du "Frexit" François Asselineau. » On peut donc au moins visionner RT France pour « penser printemps ».
- Selon les responsables de la chaîne francophone, 136 employés travaillent à RT France à Paris, dont 70 journalistes.
- Le site de RT France comptabilise 2,3 millions de visiteurs uniques mensuels, dont les trois quarts proviennent de France.
- Le public français représente 7,2 % de l’audience de l’ensemble des sites de RT.
- En 2019, RT et Sputnik occupaient la 135e et la 140e place dans le trafic web français, juste devant le site de la BBC.
- En décembre 2018 et janvier 2019, à l’occasion du mouvement des Gilets jaunes, le nombre total de visites sur RT France est passé de 7,1 millions en novembre à 12,4 millions en décembre et 12,9 millions en janvier, avant de retomber à 8,8 millions en février 2019 et de revenir à un niveau stable.
- Sur RT France, en 2016, pour un article lié au chômage, on en comptait 17 sur le terrorisme (contre 1,7 dans Le Figaro et 2 dans Le Monde).
- 96,3 % des 216 499 895 interactions réalisées à partir des 218 705 contenus partagés par les sites de RT sur ces réseaux sociaux entre le 15 septembre 2018 et le 15 septembre 2019 ont eu lieu sur le réseau Facebook.
Voir aussi :
La couverture très sélective des mouvements de protestation par Russia Today
« Nous travaillons pour l'État, nous défendons notre patrie, comme le fait par exemple l’armée ». C’est en ces termes que Margarita Simonian décrivait en février dernier le rôle de la chaîne d’information qu’elle dirige, RT, anciennement connue sous le nom de « Russia Today ». Un média décidément pas comme les autres et souvent accusé de n’être rien de moins qu’un organe de propagande du Kremlin digne de la guerre froide. La chaîne russe est pourtant un objet bien plus complexe à définir que ne l’était Radio Moscou.
C’est à cette définition que s’est attelé Maxime Audinet, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM), dans un livre publié vendredi 22 octobre par l’INA. Russia Today (RT) : un média d’influence au service de l’État russe (240 pages) est le fruit d’une thèse commencée en 2014 et achevée en 2020 pour comprendre cet « acteur emblématique des mutations de l’influence médiatique en contexte autoritaire, ainsi qu’une référence incontournable des pratiques contemporaine des guerres de l’information », en s’appuyant non seulement sur des entretiens avec des employés du réseau, des chiffres précis d’audience, mais surtout sur une précieuse analyse sémantique.
RT compte aujourd’hui six chaînes d’information en continu, une chaîne documentaire, six médias en ligne, et une agence de production de vidéos à la demande et diffuse en six langues : l’anglais, l’arabe, l’espagnol, le français, l’allemand et le russe. En 2019, le nom de domaine rt.com occupait la deuxième place des médias publics internationaux dans le trafic web mondial, derrière la BBC. Son site arabophone, RT Arabic, est, toutes sources confondues, le média en ligne le plus consulté par les internautes en Syrie, d’après Maxime Audinet.
Le groupe tire sa force de frappe des réseaux sociaux, 96 % des interactions générées par ses publications en ligne se produisent sur le réseau social Facebook, apprend-t-on. Si les médias du groupe ont recours au clickbait, au référencement payant, et profitent des algorithmes des réseaux sociaux, « il serait toutefois erroné de considérer que les contenus produits par les médias russes internationaux sont uniquement et directement propagés par les services de RT et Sputnik ». Les sites « alternatifs », conspirationnistes ou dits de « réinformation », souvent d’extrême droite, constituent par exemple un formidable tremplin pour le média du Kremlin.
C’est notamment le cas en France du site d’Alain Soral Égalité & Réconciliation ou de Mondialisation.ca, fondé par un ancien compagnon de route de Thierry Meyssan, Michel Chossudovsky. Aux États-Unis en 2017, « le site complotiste américain InfoWars, connu pour sa diffusion récurrente de fausses informations, a publié 431 articles contenant des phrases d’au moins 32 mots émanant d’articles produits par RT International. »
C’est donc bien en s’insérant dans un écosystème numérique pré-existant que RT parvient à diffuser son message. Depuis 2008 et la guerre russo-géorgienne, le groupe a d’ailleurs cessé de se présenter comme la voix de la Russie et a opté pour une posture « alternative » : « Le réseau entend au contraire s’imposer comme un contre-pouvoir médiatique capable de concurrencer de manière asymétrique les récits diffusés par les "médias mainstream" occidentaux, non seulement dans l’écosystème informationnel global, mais aussi au sein des paysages médiatiques régionaux et nationaux ciblés en priorité par la diplomatie publique russe. »
En France, RT s’est ainsi fait sa place parmi les acteurs de la « réinformation » : « RT France collabore avec des organes se réclamant de la "réinformation", comme Politique Magazine depuis l’été 2019, un magazine royaliste affilié au mouvement Restauration nationale, héritière de l’Action française. » Citons aussi l’intellectuel d’extrême droite Jean-Yves Le Gallou, l’un des théoriciens de cette « réinformation », invité deux fois sur le plateau de la chaîne russe qui relaie aussi le bilan de la cérémonie des « Bobards d’or ».
RT n’est pas pour autant, de prime abord, un média ouvertement conspirationniste diffusant des « fake news » à longueur d’antenne. On peut même y trouver des informations tout à fait factuelles et relativement neutres. « Le but n’est donc pas de dissimuler au lecteur l’information la plus fiable ou véridique, mais de le désorienter en la noyant sous un déluge de versions "alternatives" et contradictoires, de la placer au même niveau que des récits douteux, tronqués ou trompeurs, sans contextualisation des faits » résume Maxime Audinet.
La version la plus crédible de l’affaire Navalny, celle d’un empoisonnement au Novitchok, est par exemple bien accessible sur RT, mais mise sur le même plan que d’autres théories alternatives tronquées et trompeuses. Le groupe fonctionne ainsi en prétendant qu’il existe donc toujours plusieurs versions concurrentes d’une même histoire qui se valent toutes.
Une tactique qui le conduit bel et bien à relayer des théories conspirationnistes. En 2010, l’animateur Peter Lavelle a ainsi reçu dans son émission « CrossTalk » diffusée sur RT America des membres du 9/11 Truth Movement qui remet en cause la « version officielle » des attentats du 11 septembre 2001, pour « essayer de comprendre ce qu’il s’est vraiment passé ». Interrogée à ce sujet, la patronne du réseau, Margarita Simonian, assumait : « Personnellement je ne les crois pas. Mais s’il y a des personnes qui pensent de cette manière mais n’ont pas accès aux médias dominants, alors je crois qu’ils méritent d’être entendus ».
La posture conspirationniste est cependant de moins en moins ouvertement assumée par RT, notamment en raison du retour de bâton survenu après les accusations d’ingérences dans l’élection américaine de 2016. En juin 2018, RT France a été mis en demeure par le CSA pour « manquements à l’honnêteté, à la rigueur de l’information et à la diversité des points de vue » dans un journal télévisé du 13 avril 2018. La chaîne avait diffusé un sujet intitulé « Attaques simulées » contestant la réalité des attaques à l’arme chimique de Douma, dans la région syrienne de la Ghouta orientale et attribuant aux rebelles l’initiative d’une mise en scène des effets des attaques sur la population.
En juillet 2019, l’Ofcom, le régulateur britannique des médias, a condamné RT à une amende de 200 000 £ (236 920 €) pour son traitement partial de l’affaire Skripal. Fin septembre, juste après les élections en Allemagne, YouTube a décidé de fermer la chaîne de RT Deutsch (qui ne dispose pas d’une licence de diffusion télé), accusée d’avoir diffusé de « fausses informations » sur le Covid-19. Pendant le scrutin allemand, RT Deutsch était devenu la première source d’information sur les réseaux sociaux en donnant du temps d’antenne au parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) et en surfant sur la contestation contre les mesures sanitaires. En août, enfin, le Luxembourg a refusé d’accorder à RT Deutsch une licence de diffusion qui lui aurait permis d’émettre sur les antennes allemandes.
La posture relativiste de RT ne doit pas pour autant laisser penser que la chaîne du Kremlin ne porte aucun agenda politique particulier. Si sa stratégie communicationnelle diffère selon ses pays d’implantation, elle répond néanmoins à des dénominateurs communs : la promotion des courants « anti-systèmes ». « RT n’est en aucun cas exclusif en matière d’idées politiques et ne fait pas montre de la même rigidité idéologique que Radio Moscou à l’époque soviétique. Cependant, certains courants de pensée et forces politiques sont surreprésentés par rapport à leur médiatisation habituelle ou leur poids politique réel, quand d’autres, à l’inverse, sont marginalisés ou exposés de manière clairement péjorative. »
Arseni Barski, le rédacteur en chef du site de RT France, confie ainsi à Maxime Audinet que RT ne prétend pas être neutre et adhère à un certain nombre de valeurs, dont le « souverainisme », qu’il définit comme un « projet politique » de RT, que l’on peut situer aussi bien à gauche qu’à droite.
« L’ancien bureau du site francophone de RT à Paris a tenté d’attirer des jeunes journalistes issus des réseaux de la droite souverainiste française, réputée plus favorable à la Russie poutinienne », rappelle Maxime Audinet. « Jonathan Moadab, qui a travaillé pour le site avant d’être promu reporter pour la chaîne, a quant à lui développé un engagement qu’il qualifie d’"altersioniste" et fondé un média conspirationniste, Le Cercle des volontaires, dont la ligne a semble-t-il séduit la rédaction francophone de RT. » Ajoutons-y la révélation récente par Mediapart de la présence d’un journaliste de RT France, Pierre-Alexandre Ferletic, dans l'équipe de campagne du non-encore-candidat à l'élection présidentielle Éric Zemmour.
Sur les 42 entretiens accordés à RT France par des responsables politiques français entre décembre 2017 et août 2019, Maxime Audinet note que « la moitié (21) l’est avec des personnalités issues de la droite et de l’extrême droite souverainistes (François Asselineau, Florian Philippot, Marine Le Pen, etc.) et neuf avec des représentants de la gauche souverainiste (Jean-Pierre Chevènement, Djordje Kuzmanovic, Éric Coquerel, etc.). Avec respectivement six et cinq interventions en plateau, les deux personnalités les plus invitées dans le JT de RT France sont, à l’été 2019, l’ancien conseiller de Jean-Luc Mélenchon et fondateur du parti République souveraine Djordje Kuzmanovic et le chef du parti UPR et thuriféraire du "Frexit" François Asselineau. » On peut donc au moins visionner RT France pour « penser printemps ».
- Selon les responsables de la chaîne francophone, 136 employés travaillent à RT France à Paris, dont 70 journalistes.
- Le site de RT France comptabilise 2,3 millions de visiteurs uniques mensuels, dont les trois quarts proviennent de France.
- Le public français représente 7,2 % de l’audience de l’ensemble des sites de RT.
- En 2019, RT et Sputnik occupaient la 135e et la 140e place dans le trafic web français, juste devant le site de la BBC.
- En décembre 2018 et janvier 2019, à l’occasion du mouvement des Gilets jaunes, le nombre total de visites sur RT France est passé de 7,1 millions en novembre à 12,4 millions en décembre et 12,9 millions en janvier, avant de retomber à 8,8 millions en février 2019 et de revenir à un niveau stable.
- Sur RT France, en 2016, pour un article lié au chômage, on en comptait 17 sur le terrorisme (contre 1,7 dans Le Figaro et 2 dans Le Monde).
- 96,3 % des 216 499 895 interactions réalisées à partir des 218 705 contenus partagés par les sites de RT sur ces réseaux sociaux entre le 15 septembre 2018 et le 15 septembre 2019 ont eu lieu sur le réseau Facebook.
Voir aussi :
La couverture très sélective des mouvements de protestation par Russia Today
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