Vaccins tueurs, génocide planétaire, arme biologique... Dans une vidéo virale diffusée depuis quelques jours, un médecin américain annonce que deux milliards de personnes vont mourir du vaccin anti-Covid.
Depuis quelques jours, une vidéo traduite par le blogueur complotiste Salim Laïbi (Le Libre Penseur) fait le tour de la complosphère francophone. Relayée sur Profession Gendarme [archive], Réseau International [archive], Pro fide catholica [archive], Sott.net [archive] ou encore Égalité & Réconciliation [archive], cette visioconférence met en scène un médecin américain, Vladimir Zelenko, égrénant devant trois religieux juifs orthodoxes apparemment basés en Israël tous les poncifs complotistes et antivaccins du moment.
Sobrement intitulée « Vaccination covid : le Dr Zelenko met en garde contre un potentiel génocide planétaire ! », la version sous-titrée en français de la vidéo totalise des dizaines de milliers de vues ; sa version originale, des centaines de milliers.
Au cas où l'on n'aurait pas compris l'aubaine que représente ce genre de document pour des médias partageant fréquemment des contenus antijuifs, Salim Laïbi – qui, en 2013, a reçu une quenelle d’or des mains de Dieudonné – vend la mèche : « Le Dr Vladimir Zelenko parle de génocide planétaire et il sera compliqué de l’accuser d’antisémitisme d’autant que ces propos sont tenus face à des rabbins ! »
Pendant près d'une demi heure, le Dr Zelenko enchaîne en effet fausses informations, contre-vérités et prédictions apocalyptiques. « Il n’y a aucune justification pour utiliser ce poison mortel à moins de vouloir sacrifier des êtres humains » affirme-t-il par exemple au sujet du vaccin, ajoutant qu'il serait à l’origine de fausses couches, qu’il endommagerait les ovaires, réduirait le nombre de spermatozoïdes et augmenterait les risques de maladies auto-immunes et de cancers.
Est-il utile de préciser que rien du tableau effroyable décrit par Zelenko n'est corroboré par les faits ? Si l'avenir devait, par hypothèse, lui donner raison s'agissant de l'infertilité par exemple, il serait de toutes façons trop tôt pour l'affirmer : « Un diagnostic d'infertilité, indique la gynécologue Odile Bagot, ne peut se faire qu'au bout d'un an voire deux ans de rapports sexuels réguliers au sein d'un couple. La vaccination ayant commencé il y a six mois, on voit mal comment un lien de causalité pourrait être avéré. »
A l'appui de sa thèse, Zelenko ne recule devant aucune outrance, multipliant les analogies avec le nazisme ou se référant à la Bible. Pour écarter le procès en complotisme, il déclare ainsi que Noé était « un complotiste »... jusqu'au Déluge ! Quant au gouvernement israélien, il serait, dit-il, « la Guilgoul [la réincarnation – ndlr] de Josef Mengele » car, en soumettant sa population à une campagne de vaccination massive, il se serait livré à une « expérimentation humaine » comparable à celles entreprises par les médecins de la mort nazis.
Les références citées par Vladimir Zelenko dans son exposé sont toutes défavorablement connues de la communauté scientifique. On y trouve les noms de Dolores Cahill, Robert Malone ou Luc Montagnier.
Le Prix Nobel de médecine, marginalisé depuis des années par ses pairs, est réputé pour ses déclarations tonitruantes et (très) controversées au sujet des vaccins. En 2017, il affirmait notamment que les vaccins pédiatriques étaient responsables de la mort subite du nourrisson. Plus récemment, que la vaccination avait encouragé l'apparition des variants du Covid-19. Toutefois, contrairement à ce qu'assure Zelenko, Montagnier n'a semble-t-il jamais affirmé que les vaccins représentaient « le plus grand risque pour l’humanité et le plus grand risque de génocide de l’Histoire de l’humanité ». Cette citation apocryphe s'inscrit dans une série de propos inventés et attribués à tort au Pr Montagnier.
Mais Zelenko ne s'arrête pas là. Il estime ainsi que si la population mondiale se faisait entièrement vacciner, les pertes humaines pourraient s’élever à plus de deux milliards de personnes (sic !).
Le médecin soutient également que le Covid-19 aurait été fabriqué artificiellement en 1999 aux États-Unis « afin d'affecter les êtres humains ». Devenu illégal, le projet embryonnaire aurait été envoyé « avec l’argent du contribuable américain et de Fauci » à Wuhan avec l'objectif de le « rendre extrêmement destructeur pour les poumons humains » :
« Ce n’est pas une théorie du complot, c’est un complot, pas une théorie. Il y a 18 mois, si je vous avais dit que le Covid-19 est une arme biologique, vous auriez dit que je suis un complotiste. »
Zelenko renchérit en affirmant que la pandémie fait partie d’une « conspiration pour commettre un génocide »... même si, initialement, il soutenait que le virus était inoffensif.
Car Zelenko est connu du public américain. Appartenant au mouvement 'Habad-Loubavitch, ce père de huit enfants né en Ukraine et immigré aux États-Unis s'est converti à l'âge adulte au hassidisme dans une communauté Satmar – courant ultraorthodoxe qui prône un antisionisme folklorique. En mars 2020, alors que les États-Unis font face à la première vague de Covid-19, il affirme avoir trouvé un traitement efficace à 100% contre la maladie. Commentant pour le New York Times la vidéo qu'il adresse alors au président Trump, il explique :
« A cette époque, c’était une toute nouvelle découverte, et je me voyais comme un commandant sur le champ de bataille. J’ai réalisé que je devais parler au général cinq étoiles. »
Exerçant comme médecin généraliste à Kiryas Joel, une petite localité de l’État de New York, Zelenko fait le choix radical d'administrer à 350 de ses patients un traitement à base d’hydroxychloroquine, d’azithromycine et de zinc, s'inspirant directement des protocoles du professeur Didier Raoult. Il traitera également 150 autres personnes dans le même État de New York. Ses conclusions, rapportées dans une lettre ouverte publiée sur Internet, sont édifiantes : zéro mort, zéro hospitalisation, zéro intubation.
Problème : comme le montre le service de vérification de l'information de Libération, CheckNews, les résultats spectaculaires annoncés par le médecin ne sont pas associés à des données vérifiables. Il n’y détaille ni les modalités du diagnostic initial, ni la réalité des soins prodigués, ni le suivi des patients. Les reproches qui lui sont adressés sont de même nature que ceux formulés à la même époque à l'égard du « protocole Raoult » : des annonces prometteuses, un manque de rigueur en matière de méthodologie et des libertés prises avec l'éthique scientifique.
Le docteur Jeff Paley, interne à l’hôpital d'Englewood, partage certains patients avec le Dr Zelenko. Il témoigne des « nombreux appels de patients exigeant le traitement, et affirmant que le Dr Zelenko guérit ses patients comme par magie ». Paley qualifiera « d'irresponsable » le fait de promouvoir une association d'hydroxychloroquine et d'azithromycine sans sensibiliser les patients aux potentiels effets secondaires d'un tel traitement.
En mai 2020, c'est la chute. Zelenko est désavoué par sa propre communauté de Kiryas Joel qui l'accuse d’avoir répandu des fausses informations et annonce qu'il compte « passer à autre chose », sans encore être sûr de ce qu'il va faire.
Étrillé par le New York Times, Zelenko compare peu après sur Twitter les journalistes du quotidien américain à des « employés d'une compagnie de papier toilette ». Dans le même tweet, ironisant sur les théories du complot, il parlera de l'immunologue Anthony Fauci comme d'un « reptile »...
En décembre 2020, quelques sites complotistes francophone se font l'écho des travaux du médecin et notamment FranceSoir qui l'invitera pour une interview co-réalisée avec l'association Bon sens.
En janvier 2021, quelques jours après l’assaut contre le Capitole, Zelenko déclare dans une vidéo que des personnes comme George Soros et Bill Gates sont impliqués dans « une guerre contre Dieu » conçue pour « maintenir la peur mondiale » dans le cadre d’un projet visant à « réorganiser la structure sociale et le tissu du monde. » Il évoque également la présence de nano-particules dans les vaccins et explique qu’« avec l’augmentation des réseaux satellitaires, il peut être très possible d’avoir un GPS à l’intérieur de chaque personne. »
Le profil anti-système de Vladimir Zelenko séduit une partie de la droite américaine. Donald Trump, tout comme il avait adoubé Raoult, entre en contact avec lui. Fox News s'empare du phénomène, notamment par l'intermédiaire de Sean Hannity. Fin mars 2020, la chaîne fera d'ailleurs la promotion de l’hydroxychloroquine une centaine de fois en trois jours. Le chef de cabinet de la Maison Blanche, Mark Meadows, appelle directement Zelenko pour s'entretenir à propos de son protocole. Rudy Giuliani, ancien maire de New York et surtout avocat controversé de Donald Trump, affirme échanger avec lui quotidiennement à cette époque. Mais c'est surtout avec le conspirationniste Jerome Corsi que Vladimir Zelenko va s'associer.
Figure du mouvement des birthers, Corsi est le principal propagateur de la théorie du complot raciste faisant tour à tour de Barack Obama un imposteur né au Kenya, un homosexuel et un drogué. Lui et Zelenko lancent un site Internet pour mettre en contact des patients avec des médecins proposant des traitements à base d’hydroxychloroquine. Mais inquiété par les autorités dans le cadre de l'enquête sur les interférences de la Russie dans l'élection présidentielle américaine de 2016 (aucune charge ne sera finalement retenue contre lui), Jerome Corsi adresse par erreur son mail à... Aaron Zelinski, membre de l’équipe du procureur spécial Robert Mueller ! Il aurait confondu les noms de Zelenko et de Zelinski dans son carnet d’adresse. Erreur fatale puisqu’à la réception du mail, Aaron Zelinski, aujourd'hui chargé d'enquêter sur la crise du coronavirus, s’empresse de prendre contact avec l’avocat de Jerome Corsi et de demander des comptes sur ce site internet qui recommande un traitement non homologué par la Food and Drug Administration (FDA). Le ministère américain de la Justice enquête désormais sur les mails échangés entre Corsi et Zelenko dans lesquels ce dernier aurait assuré au premier que son étude portant sur la trithérapie avait été approuvée par la FDA, ce qui n’est pas le cas.
Fort de l'intérêt médiatique dont il a bénéficié au cours de l'année écoulée, Vladimir Zelenko a lancé en mars 2021 une société de compléments alimentaires commercialisant les vitamines « Z-Stack », une « super formule tout-en-un » à base de zinc et de vitamines C et D destinée à doper ses défenses immunitaires. La vidéo de promotion qui accompagne le produit précise qu’il s’agit du « protocole Zelenko ».
Depuis quelques jours, une vidéo traduite par le blogueur complotiste Salim Laïbi (Le Libre Penseur) fait le tour de la complosphère francophone. Relayée sur Profession Gendarme [archive], Réseau International [archive], Pro fide catholica [archive], Sott.net [archive] ou encore Égalité & Réconciliation [archive], cette visioconférence met en scène un médecin américain, Vladimir Zelenko, égrénant devant trois religieux juifs orthodoxes apparemment basés en Israël tous les poncifs complotistes et antivaccins du moment.
Sobrement intitulée « Vaccination covid : le Dr Zelenko met en garde contre un potentiel génocide planétaire ! », la version sous-titrée en français de la vidéo totalise des dizaines de milliers de vues ; sa version originale, des centaines de milliers.
Au cas où l'on n'aurait pas compris l'aubaine que représente ce genre de document pour des médias partageant fréquemment des contenus antijuifs, Salim Laïbi – qui, en 2013, a reçu une quenelle d’or des mains de Dieudonné – vend la mèche : « Le Dr Vladimir Zelenko parle de génocide planétaire et il sera compliqué de l’accuser d’antisémitisme d’autant que ces propos sont tenus face à des rabbins ! »
Pendant près d'une demi heure, le Dr Zelenko enchaîne en effet fausses informations, contre-vérités et prédictions apocalyptiques. « Il n’y a aucune justification pour utiliser ce poison mortel à moins de vouloir sacrifier des êtres humains » affirme-t-il par exemple au sujet du vaccin, ajoutant qu'il serait à l’origine de fausses couches, qu’il endommagerait les ovaires, réduirait le nombre de spermatozoïdes et augmenterait les risques de maladies auto-immunes et de cancers.
Est-il utile de préciser que rien du tableau effroyable décrit par Zelenko n'est corroboré par les faits ? Si l'avenir devait, par hypothèse, lui donner raison s'agissant de l'infertilité par exemple, il serait de toutes façons trop tôt pour l'affirmer : « Un diagnostic d'infertilité, indique la gynécologue Odile Bagot, ne peut se faire qu'au bout d'un an voire deux ans de rapports sexuels réguliers au sein d'un couple. La vaccination ayant commencé il y a six mois, on voit mal comment un lien de causalité pourrait être avéré. »
A l'appui de sa thèse, Zelenko ne recule devant aucune outrance, multipliant les analogies avec le nazisme ou se référant à la Bible. Pour écarter le procès en complotisme, il déclare ainsi que Noé était « un complotiste »... jusqu'au Déluge ! Quant au gouvernement israélien, il serait, dit-il, « la Guilgoul [la réincarnation – ndlr] de Josef Mengele » car, en soumettant sa population à une campagne de vaccination massive, il se serait livré à une « expérimentation humaine » comparable à celles entreprises par les médecins de la mort nazis.
Les références citées par Vladimir Zelenko dans son exposé sont toutes défavorablement connues de la communauté scientifique. On y trouve les noms de Dolores Cahill, Robert Malone ou Luc Montagnier.
Le Prix Nobel de médecine, marginalisé depuis des années par ses pairs, est réputé pour ses déclarations tonitruantes et (très) controversées au sujet des vaccins. En 2017, il affirmait notamment que les vaccins pédiatriques étaient responsables de la mort subite du nourrisson. Plus récemment, que la vaccination avait encouragé l'apparition des variants du Covid-19. Toutefois, contrairement à ce qu'assure Zelenko, Montagnier n'a semble-t-il jamais affirmé que les vaccins représentaient « le plus grand risque pour l’humanité et le plus grand risque de génocide de l’Histoire de l’humanité ». Cette citation apocryphe s'inscrit dans une série de propos inventés et attribués à tort au Pr Montagnier.
Mais Zelenko ne s'arrête pas là. Il estime ainsi que si la population mondiale se faisait entièrement vacciner, les pertes humaines pourraient s’élever à plus de deux milliards de personnes (sic !).
Le médecin soutient également que le Covid-19 aurait été fabriqué artificiellement en 1999 aux États-Unis « afin d'affecter les êtres humains ». Devenu illégal, le projet embryonnaire aurait été envoyé « avec l’argent du contribuable américain et de Fauci » à Wuhan avec l'objectif de le « rendre extrêmement destructeur pour les poumons humains » :
« Ce n’est pas une théorie du complot, c’est un complot, pas une théorie. Il y a 18 mois, si je vous avais dit que le Covid-19 est une arme biologique, vous auriez dit que je suis un complotiste. »
Zelenko renchérit en affirmant que la pandémie fait partie d’une « conspiration pour commettre un génocide »... même si, initialement, il soutenait que le virus était inoffensif.
Car Zelenko est connu du public américain. Appartenant au mouvement 'Habad-Loubavitch, ce père de huit enfants né en Ukraine et immigré aux États-Unis s'est converti à l'âge adulte au hassidisme dans une communauté Satmar – courant ultraorthodoxe qui prône un antisionisme folklorique. En mars 2020, alors que les États-Unis font face à la première vague de Covid-19, il affirme avoir trouvé un traitement efficace à 100% contre la maladie. Commentant pour le New York Times la vidéo qu'il adresse alors au président Trump, il explique :
« A cette époque, c’était une toute nouvelle découverte, et je me voyais comme un commandant sur le champ de bataille. J’ai réalisé que je devais parler au général cinq étoiles. »
Exerçant comme médecin généraliste à Kiryas Joel, une petite localité de l’État de New York, Zelenko fait le choix radical d'administrer à 350 de ses patients un traitement à base d’hydroxychloroquine, d’azithromycine et de zinc, s'inspirant directement des protocoles du professeur Didier Raoult. Il traitera également 150 autres personnes dans le même État de New York. Ses conclusions, rapportées dans une lettre ouverte publiée sur Internet, sont édifiantes : zéro mort, zéro hospitalisation, zéro intubation.
Problème : comme le montre le service de vérification de l'information de Libération, CheckNews, les résultats spectaculaires annoncés par le médecin ne sont pas associés à des données vérifiables. Il n’y détaille ni les modalités du diagnostic initial, ni la réalité des soins prodigués, ni le suivi des patients. Les reproches qui lui sont adressés sont de même nature que ceux formulés à la même époque à l'égard du « protocole Raoult » : des annonces prometteuses, un manque de rigueur en matière de méthodologie et des libertés prises avec l'éthique scientifique.
Le docteur Jeff Paley, interne à l’hôpital d'Englewood, partage certains patients avec le Dr Zelenko. Il témoigne des « nombreux appels de patients exigeant le traitement, et affirmant que le Dr Zelenko guérit ses patients comme par magie ». Paley qualifiera « d'irresponsable » le fait de promouvoir une association d'hydroxychloroquine et d'azithromycine sans sensibiliser les patients aux potentiels effets secondaires d'un tel traitement.
En mai 2020, c'est la chute. Zelenko est désavoué par sa propre communauté de Kiryas Joel qui l'accuse d’avoir répandu des fausses informations et annonce qu'il compte « passer à autre chose », sans encore être sûr de ce qu'il va faire.
Étrillé par le New York Times, Zelenko compare peu après sur Twitter les journalistes du quotidien américain à des « employés d'une compagnie de papier toilette ». Dans le même tweet, ironisant sur les théories du complot, il parlera de l'immunologue Anthony Fauci comme d'un « reptile »...
En décembre 2020, quelques sites complotistes francophone se font l'écho des travaux du médecin et notamment FranceSoir qui l'invitera pour une interview co-réalisée avec l'association Bon sens.
En janvier 2021, quelques jours après l’assaut contre le Capitole, Zelenko déclare dans une vidéo que des personnes comme George Soros et Bill Gates sont impliqués dans « une guerre contre Dieu » conçue pour « maintenir la peur mondiale » dans le cadre d’un projet visant à « réorganiser la structure sociale et le tissu du monde. » Il évoque également la présence de nano-particules dans les vaccins et explique qu’« avec l’augmentation des réseaux satellitaires, il peut être très possible d’avoir un GPS à l’intérieur de chaque personne. »
Le profil anti-système de Vladimir Zelenko séduit une partie de la droite américaine. Donald Trump, tout comme il avait adoubé Raoult, entre en contact avec lui. Fox News s'empare du phénomène, notamment par l'intermédiaire de Sean Hannity. Fin mars 2020, la chaîne fera d'ailleurs la promotion de l’hydroxychloroquine une centaine de fois en trois jours. Le chef de cabinet de la Maison Blanche, Mark Meadows, appelle directement Zelenko pour s'entretenir à propos de son protocole. Rudy Giuliani, ancien maire de New York et surtout avocat controversé de Donald Trump, affirme échanger avec lui quotidiennement à cette époque. Mais c'est surtout avec le conspirationniste Jerome Corsi que Vladimir Zelenko va s'associer.
Figure du mouvement des birthers, Corsi est le principal propagateur de la théorie du complot raciste faisant tour à tour de Barack Obama un imposteur né au Kenya, un homosexuel et un drogué. Lui et Zelenko lancent un site Internet pour mettre en contact des patients avec des médecins proposant des traitements à base d’hydroxychloroquine. Mais inquiété par les autorités dans le cadre de l'enquête sur les interférences de la Russie dans l'élection présidentielle américaine de 2016 (aucune charge ne sera finalement retenue contre lui), Jerome Corsi adresse par erreur son mail à... Aaron Zelinski, membre de l’équipe du procureur spécial Robert Mueller ! Il aurait confondu les noms de Zelenko et de Zelinski dans son carnet d’adresse. Erreur fatale puisqu’à la réception du mail, Aaron Zelinski, aujourd'hui chargé d'enquêter sur la crise du coronavirus, s’empresse de prendre contact avec l’avocat de Jerome Corsi et de demander des comptes sur ce site internet qui recommande un traitement non homologué par la Food and Drug Administration (FDA). Le ministère américain de la Justice enquête désormais sur les mails échangés entre Corsi et Zelenko dans lesquels ce dernier aurait assuré au premier que son étude portant sur la trithérapie avait été approuvée par la FDA, ce qui n’est pas le cas.
Fort de l'intérêt médiatique dont il a bénéficié au cours de l'année écoulée, Vladimir Zelenko a lancé en mars 2021 une société de compléments alimentaires commercialisant les vitamines « Z-Stack », une « super formule tout-en-un » à base de zinc et de vitamines C et D destinée à doper ses défenses immunitaires. La vidéo de promotion qui accompagne le produit précise qu’il s’agit du « protocole Zelenko ».
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