« Grand Remplacement », « false flag », « État profond » : comment les conspirationnistes commentent l'attentat raciste commis par Payton Gendron.
Influencé par la thèse du « Grand Remplacement », un jeune homme de 18 ans, Payton Gendron, a perpétré le 14 mai dernier une tuerie raciste dans un supermarché de Buffalo (État de New York), ôtant la vie à dix personnes, toutes afro-américaines. Arrêté juste après l’attentat, il est poursuivi pour « meurtre avec préméditation ». Payton Gendron avait rédigé et mis en ligne un manifeste de près de 200 pages pour dénoncer un « remplacement racial et culturel complet du peuple européen » et un « génocide blanc ».
Comme c’est le cas lors de chaque événement un peu exceptionnel, les différents courants de la complosphère et de l’extrême-droite ont entrepris, très vite, d’en proposer des récits alternatifs, en l’inscrivant dans un cadre interprétatif préexistant et prêt à l’emploi.
On a vu ainsi foisonner dans les heures et jours qui ont suivi toute une série de réécritures de l’attentat de Buffalo visant à mettre en doute la « version officielle » : pour accuser le gouvernement américain d'être derrière la tuerie, diluer la part de responsabilité des promoteurs de la théorie du « Grand Remplacement », voire pour instrumentaliser de manière opportuniste le massacre en tentant de le relier au régiment ukrainien Azov.
Comme lors de tueries de masses passées (Oklahoma City, école Sandy Hook, marathon de Boston, El Paso, Dayton…), des voix se sont élevées du sein de l’extrême droite américaine pour dénoncer une mise en scène orchestrée par le FBI et le gouvernement fédéral.
La sénatrice de l'État de l'Arizona, Wendy Rogers (membre des Oath Keepers, l'une des milices qui avaient participé à l'attaque du Capitole le 6 janvier 2021) a suggéré sur Telegram que l’auteur de l’attentat serait un agent du FBI.
Son commentaire (« Fed boy summer has started in Buffalo ») est un jeu de mots codé autour d'une chanson de Chet Hanks (« White Boy Summer »). Il suggère que les « Fed » (les « fédéraux ») orchestrent en secret des fusillades de masse pour justifier un durcissement de la réglementation sur les armes à feu ou pour détourner l’attention de problèmes plus importants.
Un point de vue relayé en France par les sites Aube Digitale et NouvelOrdreMondial.cc. Faisant mine de se demander pourquoi la police locale n’avait rien fait alors que Payton Gendron avait menacé de commettre des actes de violence dans son lycée, Aube Digitale juge « le timing politique de la fusillade […] suspect. Déjà, les démocrates et les personnalités des médias utilisent la fusillade de Buffalo pour renouveler leurs appels à un contrôle accru des armes à feu et à la censure en ligne », poursuit le site.
Présentant trompeusement le terroriste norvégien Anders Behring Breivik comme un « sataniste [...] adhérant au sionisme international » (sic), le blog conspirationniste Strategika51 relève pour sa part que Payton Gendron n’a pas été « abattu par les forces de l’ordre. Ce qui a suscité l’émergence d’une foule d’hypothèses sur un supposé false flag ou attaque sous faux drapeau ».
Les DéQodeurs proposent quant à eux la traduction en français d'un texte paru sur le blog du youtubeur conspirationniste américain Jordan Sather, selon lequel « cette situation présente toutes les caractéristiques d’une attaque sous faux drapeau standard de l’État profond – tireur raciste, diffusion en direct sur les réseaux sociaux, manifeste écrit de manière douteuse, symbolisme sur les lieux, appels au contrôle des armes à feu et timing politique de l’événement. »
On sent toujours un certain embarras chez les anti-remplacistes quand le protagoniste d’une tuerie raciste invoque la théorie du « Grand Remplacement » pour justifier son acte. Leur réflexe est alors de dénier toute motivation idéologique à l’auteur de la fusillade… quand bien même il la revendique bruyamment sur 180 pages !
Le présentateur-vedette de Fox News, Tucker Carlson, promoteur intempestif de la thèse du « Grand Remplacement », a déployé un triple rideau de fumée pour s'exonérer de toute responsabilité dans ce massacre raciste. Il a d’abord expliqué que le manifeste de Payton Gendron n’était pas un « document politique » mais un « assemblage décousu de slogans et de mèmes ». Il a ensuite qualifié le terroriste de « malade mental » et son manifeste « de produit d'un esprit dérangé ». Il a enfin prétendu que Gendron accusait dans son texte Fox News de faire partie d’un complot mondial. C'est faux. En fait, le terme « Fox News » n'y apparaît pas une seule fois. Gendron consacre en revanche une page de son manifeste à un montage dans lequel la compagnie 21st Century Fox, propriété de Rupert Murdoch, est citée aux côtés de CNN, du New York Times, de NBC, de CBS News et de NPR, tous ces médias se voyant reprocher par le terroriste d'être contrôlés par les Juifs.
« Le tueur attaque Fox News dans son manifeste » : c’est cet argument que retient Donald Trump Jr., le fils de l'ex-président américain, pour contre-attaquer et accuser CNN d’exploiter politiquement ce drame. Une rhétorique anti-médias de gauche aussitôt relayée par des figures du Parti républicain.
Avec son aplomb et son opportunisme habituels, l’appareil de propagande russe a apporté sa pierre au brouillage des pistes, en suggérant que le tueur de Buffalo entretenait des liens avec le bataillon Azov, une unité paramilitaire intégrée à l’armée ukrainienne (elle en représente environ 2% des effectifs) et connue pour compter une fraction importante de néo-nazis dans ses rangs. En cause : le Sonnenrad, ou Soleil noir, que le suspect affichait sur son gilet pare-balles et en première page de son manifeste.
« Le Soleil noir est largement utilisé par les néo-nazis et les nationalistes blancs. Le bataillon ukrainien Azov a utilisé le symbole comme partie de son emblème officiel en 2014-2015, et il est toujours porté par certains des combattants comme un insigne » explique Sputniknews.
Si ce symbole a été utilisé auparavant par le bataillon Azov, il a aussi été adopté par de nombreux autres groupes extrémistes, rappelle Vice.com : « Dans de nombreux cercles en ligne d'extrême droite, le Sonnenrad est presque aussi populaire que la croix gammée, donc le décrire comme un "symbole Azov" est au mieux mal informé et au pire une tentative flagrante de créer un récit ». Spécialiste de l’Ukraine et de l’extrême-droite post-soviétique à l’Inalco, Adrien Nonjon ajoute que ce signe « se retrouve dans les subcultures d’extrême-droite européennes et américaines [et] fait partie de la culture suprémaciste. »
Le Soleil noir figurait, d’ailleurs, dans le manifeste de Brenton Tarrant (qui avait tué 51 personnes dans deux mosquées à Christchurch en 2019), principale source d’inspiration de Payton Gendron, notamment pour son mode opératoire, caméra et diffusion immédiate des images sur un réseau social. Payton Gendron ne mentionne toutefois jamais le bataillon Azov dans son manifeste. Il n’y mentionne l'Ukraine qu'une seule fois, comme le nom d'un pays parmi d'autres dont il égraine la liste, et c’est justement dans un passage copié-collé du manifeste de Brenton Tarrant. Le passage est ainsi rédigé : « Vous ne trouverez aucun répit, ni en Islande, ni en Pologne, ni en Nouvelle-Zélande, ni en Argentine, ni en Ukraine, ni nulle part ailleurs dans le monde. »
Ce fil ténu qui semble relier l’attentat de Buffalo au bataillon Azov, via Brenton Tarrant et le symbole du Soleil noir, va enflammer les relais de la propagande russe sur Instagram, puis sur Twitter. L’Institute for Strategic Dialogue (ISD) a repéré des messages « d’influenceurs pro-Kremlin » qui exploitent et amplifient ce lien, allant jusqu'à affirmer que Tarrant avait été formé par le bataillon Azov. « Des liens dont la commission gouvernementale néo-zélandaise sur l'attaque de Christchurch n'a trouvé aucune preuve » précise l’ISD.
Le centre de recherche recense en outre les principaux récits stéréotypés qu’il a rencontrés à ce sujet :
Cet argument du lien entre Gendron et Azov a été notamment relayé, en France, par le président de l'UPR, François Asselineau.
Pour sa part, le site conspirationniste Profession-gendarme pointe un doigt accusateur non sur l’extrême droite mais sur « la société actuelle », présentée comme la véritable « responsable de ces meurtres » : « On diffuse des nouvelles concernant l’aide à l’Ukraine, l’argent, les armes, les visites de chefs d’état à Kiev et les sacrifices patriotiques des milices ukrainiennes nationalistes dont on fait des héros. Toute cette jeunesse sans avenir, gorgée de propagande nationaliste n’a qu’un pas à franchir. Comme en Nouvelle-Zélande, ce sont presque toujours des très jeunes radicalisés qui n’ont pas la possibilité de rejoindre ces bataillons étrangers et décident de mener leur propre guerre chez eux ».
Une voix, longtemps prestigieuse, s’est jointe aux dénégations des anti-remplacistes : celle de Glenn Greenwald. Avocat des droits de l’homme, converti au journalisme, Greenwald est devenu un invité régulier de Tucker Carlson sur Fox News avec pas moins de 72 apparitions entre décembre 2017 et juin 2021. Il est monté en première ligne pour brouiller les pistes dans la propagation du thème du « Grand Remplacement », allant jusqu'à dresser, contre toute évidence, le portrait d’un Payton Gendron plutôt de gauche sous prétexte que le tueur renvoie à un lien pointant vers un article du magazine de la gauche radicale-chic américaine Jacobin.
Décernant un brevet de respectabilité à Tucker Carlson, Greenwald renvoie finalement dos à dos la gauche américaine et l’extrême-droite, expliquant que même si le présentateur de Fox News défendait les mêmes opinions que Gendron à propos du « Grand Remplacement », « il ne serait pas pour autant plus responsable des meurtres de Buffalo que les experts de gauche ont du sang sur les mains pour les innombrables massacres perpétrés au nom des causes politiques qu'ils soutiennent et des théories qu'ils épousent ».
Influencé par la thèse du « Grand Remplacement », un jeune homme de 18 ans, Payton Gendron, a perpétré le 14 mai dernier une tuerie raciste dans un supermarché de Buffalo (État de New York), ôtant la vie à dix personnes, toutes afro-américaines. Arrêté juste après l’attentat, il est poursuivi pour « meurtre avec préméditation ». Payton Gendron avait rédigé et mis en ligne un manifeste de près de 200 pages pour dénoncer un « remplacement racial et culturel complet du peuple européen » et un « génocide blanc ».
Comme c’est le cas lors de chaque événement un peu exceptionnel, les différents courants de la complosphère et de l’extrême-droite ont entrepris, très vite, d’en proposer des récits alternatifs, en l’inscrivant dans un cadre interprétatif préexistant et prêt à l’emploi.
On a vu ainsi foisonner dans les heures et jours qui ont suivi toute une série de réécritures de l’attentat de Buffalo visant à mettre en doute la « version officielle » : pour accuser le gouvernement américain d'être derrière la tuerie, diluer la part de responsabilité des promoteurs de la théorie du « Grand Remplacement », voire pour instrumentaliser de manière opportuniste le massacre en tentant de le relier au régiment ukrainien Azov.
Comme lors de tueries de masses passées (Oklahoma City, école Sandy Hook, marathon de Boston, El Paso, Dayton…), des voix se sont élevées du sein de l’extrême droite américaine pour dénoncer une mise en scène orchestrée par le FBI et le gouvernement fédéral.
La sénatrice de l'État de l'Arizona, Wendy Rogers (membre des Oath Keepers, l'une des milices qui avaient participé à l'attaque du Capitole le 6 janvier 2021) a suggéré sur Telegram que l’auteur de l’attentat serait un agent du FBI.
Son commentaire (« Fed boy summer has started in Buffalo ») est un jeu de mots codé autour d'une chanson de Chet Hanks (« White Boy Summer »). Il suggère que les « Fed » (les « fédéraux ») orchestrent en secret des fusillades de masse pour justifier un durcissement de la réglementation sur les armes à feu ou pour détourner l’attention de problèmes plus importants.
Un point de vue relayé en France par les sites Aube Digitale et NouvelOrdreMondial.cc. Faisant mine de se demander pourquoi la police locale n’avait rien fait alors que Payton Gendron avait menacé de commettre des actes de violence dans son lycée, Aube Digitale juge « le timing politique de la fusillade […] suspect. Déjà, les démocrates et les personnalités des médias utilisent la fusillade de Buffalo pour renouveler leurs appels à un contrôle accru des armes à feu et à la censure en ligne », poursuit le site.
Présentant trompeusement le terroriste norvégien Anders Behring Breivik comme un « sataniste [...] adhérant au sionisme international » (sic), le blog conspirationniste Strategika51 relève pour sa part que Payton Gendron n’a pas été « abattu par les forces de l’ordre. Ce qui a suscité l’émergence d’une foule d’hypothèses sur un supposé false flag ou attaque sous faux drapeau ».
Les DéQodeurs proposent quant à eux la traduction en français d'un texte paru sur le blog du youtubeur conspirationniste américain Jordan Sather, selon lequel « cette situation présente toutes les caractéristiques d’une attaque sous faux drapeau standard de l’État profond – tireur raciste, diffusion en direct sur les réseaux sociaux, manifeste écrit de manière douteuse, symbolisme sur les lieux, appels au contrôle des armes à feu et timing politique de l’événement. »
On sent toujours un certain embarras chez les anti-remplacistes quand le protagoniste d’une tuerie raciste invoque la théorie du « Grand Remplacement » pour justifier son acte. Leur réflexe est alors de dénier toute motivation idéologique à l’auteur de la fusillade… quand bien même il la revendique bruyamment sur 180 pages !
Le présentateur-vedette de Fox News, Tucker Carlson, promoteur intempestif de la thèse du « Grand Remplacement », a déployé un triple rideau de fumée pour s'exonérer de toute responsabilité dans ce massacre raciste. Il a d’abord expliqué que le manifeste de Payton Gendron n’était pas un « document politique » mais un « assemblage décousu de slogans et de mèmes ». Il a ensuite qualifié le terroriste de « malade mental » et son manifeste « de produit d'un esprit dérangé ». Il a enfin prétendu que Gendron accusait dans son texte Fox News de faire partie d’un complot mondial. C'est faux. En fait, le terme « Fox News » n'y apparaît pas une seule fois. Gendron consacre en revanche une page de son manifeste à un montage dans lequel la compagnie 21st Century Fox, propriété de Rupert Murdoch, est citée aux côtés de CNN, du New York Times, de NBC, de CBS News et de NPR, tous ces médias se voyant reprocher par le terroriste d'être contrôlés par les Juifs.
« Le tueur attaque Fox News dans son manifeste » : c’est cet argument que retient Donald Trump Jr., le fils de l'ex-président américain, pour contre-attaquer et accuser CNN d’exploiter politiquement ce drame. Une rhétorique anti-médias de gauche aussitôt relayée par des figures du Parti républicain.
Avec son aplomb et son opportunisme habituels, l’appareil de propagande russe a apporté sa pierre au brouillage des pistes, en suggérant que le tueur de Buffalo entretenait des liens avec le bataillon Azov, une unité paramilitaire intégrée à l’armée ukrainienne (elle en représente environ 2% des effectifs) et connue pour compter une fraction importante de néo-nazis dans ses rangs. En cause : le Sonnenrad, ou Soleil noir, que le suspect affichait sur son gilet pare-balles et en première page de son manifeste.
« Le Soleil noir est largement utilisé par les néo-nazis et les nationalistes blancs. Le bataillon ukrainien Azov a utilisé le symbole comme partie de son emblème officiel en 2014-2015, et il est toujours porté par certains des combattants comme un insigne » explique Sputniknews.
Si ce symbole a été utilisé auparavant par le bataillon Azov, il a aussi été adopté par de nombreux autres groupes extrémistes, rappelle Vice.com : « Dans de nombreux cercles en ligne d'extrême droite, le Sonnenrad est presque aussi populaire que la croix gammée, donc le décrire comme un "symbole Azov" est au mieux mal informé et au pire une tentative flagrante de créer un récit ». Spécialiste de l’Ukraine et de l’extrême-droite post-soviétique à l’Inalco, Adrien Nonjon ajoute que ce signe « se retrouve dans les subcultures d’extrême-droite européennes et américaines [et] fait partie de la culture suprémaciste. »
Le Soleil noir figurait, d’ailleurs, dans le manifeste de Brenton Tarrant (qui avait tué 51 personnes dans deux mosquées à Christchurch en 2019), principale source d’inspiration de Payton Gendron, notamment pour son mode opératoire, caméra et diffusion immédiate des images sur un réseau social. Payton Gendron ne mentionne toutefois jamais le bataillon Azov dans son manifeste. Il n’y mentionne l'Ukraine qu'une seule fois, comme le nom d'un pays parmi d'autres dont il égraine la liste, et c’est justement dans un passage copié-collé du manifeste de Brenton Tarrant. Le passage est ainsi rédigé : « Vous ne trouverez aucun répit, ni en Islande, ni en Pologne, ni en Nouvelle-Zélande, ni en Argentine, ni en Ukraine, ni nulle part ailleurs dans le monde. »
Ce fil ténu qui semble relier l’attentat de Buffalo au bataillon Azov, via Brenton Tarrant et le symbole du Soleil noir, va enflammer les relais de la propagande russe sur Instagram, puis sur Twitter. L’Institute for Strategic Dialogue (ISD) a repéré des messages « d’influenceurs pro-Kremlin » qui exploitent et amplifient ce lien, allant jusqu'à affirmer que Tarrant avait été formé par le bataillon Azov. « Des liens dont la commission gouvernementale néo-zélandaise sur l'attaque de Christchurch n'a trouvé aucune preuve » précise l’ISD.
Le centre de recherche recense en outre les principaux récits stéréotypés qu’il a rencontrés à ce sujet :
Cet argument du lien entre Gendron et Azov a été notamment relayé, en France, par le président de l'UPR, François Asselineau.
Pour sa part, le site conspirationniste Profession-gendarme pointe un doigt accusateur non sur l’extrême droite mais sur « la société actuelle », présentée comme la véritable « responsable de ces meurtres » : « On diffuse des nouvelles concernant l’aide à l’Ukraine, l’argent, les armes, les visites de chefs d’état à Kiev et les sacrifices patriotiques des milices ukrainiennes nationalistes dont on fait des héros. Toute cette jeunesse sans avenir, gorgée de propagande nationaliste n’a qu’un pas à franchir. Comme en Nouvelle-Zélande, ce sont presque toujours des très jeunes radicalisés qui n’ont pas la possibilité de rejoindre ces bataillons étrangers et décident de mener leur propre guerre chez eux ».
Une voix, longtemps prestigieuse, s’est jointe aux dénégations des anti-remplacistes : celle de Glenn Greenwald. Avocat des droits de l’homme, converti au journalisme, Greenwald est devenu un invité régulier de Tucker Carlson sur Fox News avec pas moins de 72 apparitions entre décembre 2017 et juin 2021. Il est monté en première ligne pour brouiller les pistes dans la propagation du thème du « Grand Remplacement », allant jusqu'à dresser, contre toute évidence, le portrait d’un Payton Gendron plutôt de gauche sous prétexte que le tueur renvoie à un lien pointant vers un article du magazine de la gauche radicale-chic américaine Jacobin.
Décernant un brevet de respectabilité à Tucker Carlson, Greenwald renvoie finalement dos à dos la gauche américaine et l’extrême-droite, expliquant que même si le présentateur de Fox News défendait les mêmes opinions que Gendron à propos du « Grand Remplacement », « il ne serait pas pour autant plus responsable des meurtres de Buffalo que les experts de gauche ont du sang sur les mains pour les innombrables massacres perpétrés au nom des causes politiques qu'ils soutiennent et des théories qu'ils épousent ».
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