Le lauréat du prix Pulitzer 1970 devrait passer moins de temps sur les réseaux sociaux...
Interviewé le 30 juin 2018 dans l'émission d'Afshin Rattansi, « Going Underground », sur Russia Today (RT), Seymour Hersh a repris à son compte une intox pourtant réfutée depuis près de deux ans. Qualifiant les Casques blancs, une ONG humanitaire intervenant dans les zones contrôlées par les rebelles syriens, d'être « aussi une organisation de propagande », le journaliste américain, très controversé quant à sa couverture des événements en Syrie, déclare que « trop souvent, nous avons vu le même enfant sur des photos, vous savez, année après année, toujours recouvert de poussière. »
De quel enfant recouvert de poussière Hersh parle-t-il ici ? Pour ceux qui suivent la situation en Syrie, comme Christiaan Triebert, un journaliste indépendant collaborant au site d'investigation Bellingcat, cela ne fait aucun doute : Hersh fait référence à une série de photos d'une fillette rescapée d'un bombardement et présenté par les partisans du régime de Bachar el-Assad comme une manipulation de CNN.
Le quotidien français Libération et le site de fact-checking américain Snopes avaient pourtant « débunké » ce montage viral dès novembre-décembre 2016. Mais celui-ci continue apparemment à circuler. Qu'y voit-on ? La même petite fille syrienne aux bras de trois « sauveteurs » différents. La légende du tryptique ainsi réalisé laisse entendre que CNN aurait délibérément et grossièrement « fabriqué » les faux témoignages photographiques de trois moments distincts. Il n'en est évidemment rien. Dans une longue série de tweets consacrée à l'affaire, Christiaan Triebert dissèque un à un les éléments du dossier.
Il aura suffi d'une simple recherche d'images inversée pour mettre en évidence la duperie : les trois photographies habilement recadrées et rediffusées par le(s) manipulateur(s) – agissant notamment sous le pseudo « Meme » – font bien apparaître la même petite fille passée successivement de mains en mains (le sauveteur initial, puis probablement un gardien ou collaborateur d'une ONG et un civil en chemisette à carreaux) au cours du même sauvetage, le 27 août 2016.
La première image (avant un recadrage serré) montre un membre des « Casques blancs » portant plusieurs enfants, dont la fillette en question, sur le lieu de « l'attentat » présumé (nous verrons plus bas qu'il s'agissait en fait plus précisément d'une frappe aérienne du régime Assad) à Alep, le 27 août 2016.
Fort naturellement, le sauveteur a rapidement confié ses encombrants petits protégés à des collaborateurs dès qu'il en a eu la possibilité, sans doute pour retourner à son travail de recherches dans les décombres : sur la deuxième photo, l'enfant apparaît seule dans les bras d'un autre homme en tenue jaune. Ce cliché, à nouveau recadré par le(s) faussaire(s), aurait été pris par un autre photographe : Ameer Alhalbi de l'AFP/Getty.
Enfin, une dernière photo, également revendiquée par l'AFP et datée du même jour (27 août 2016), la montre dans les bras d'un troisième homme habillé en civil (peut-être un parent ?) s'éloignant du lieu du sauvetage.
Les images sont donc bien réelles, et elles montrent bien la même petite fille à la suite du même incident. Mais celle-ci a simplement et fort naturellement été confiée à plusieurs personnes successives au cours d'une classique opération de sauvetage. Rien n'indique que CNN ait mis en scène ou simulé quoi que ce soit en la circonstance, contrairement à ce que le fameux « Meme » laisse suggérer.
Lauréat du prix Pulitzer en 1970 pour avoir révélé le massacre de centaines de civils vietnamiens par des soldats américains à My Lai en mars 1968, Seymour Hersh, 81 ans, se voit depuis plusieurs années reprocher son manque de sérieux et de déontologie.
Interviewé le 30 juin 2018 dans l'émission d'Afshin Rattansi, « Going Underground », sur Russia Today (RT), Seymour Hersh a repris à son compte une intox pourtant réfutée depuis près de deux ans. Qualifiant les Casques blancs, une ONG humanitaire intervenant dans les zones contrôlées par les rebelles syriens, d'être « aussi une organisation de propagande », le journaliste américain, très controversé quant à sa couverture des événements en Syrie, déclare que « trop souvent, nous avons vu le même enfant sur des photos, vous savez, année après année, toujours recouvert de poussière. »
De quel enfant recouvert de poussière Hersh parle-t-il ici ? Pour ceux qui suivent la situation en Syrie, comme Christiaan Triebert, un journaliste indépendant collaborant au site d'investigation Bellingcat, cela ne fait aucun doute : Hersh fait référence à une série de photos d'une fillette rescapée d'un bombardement et présenté par les partisans du régime de Bachar el-Assad comme une manipulation de CNN.
Le quotidien français Libération et le site de fact-checking américain Snopes avaient pourtant « débunké » ce montage viral dès novembre-décembre 2016. Mais celui-ci continue apparemment à circuler. Qu'y voit-on ? La même petite fille syrienne aux bras de trois « sauveteurs » différents. La légende du tryptique ainsi réalisé laisse entendre que CNN aurait délibérément et grossièrement « fabriqué » les faux témoignages photographiques de trois moments distincts. Il n'en est évidemment rien. Dans une longue série de tweets consacrée à l'affaire, Christiaan Triebert dissèque un à un les éléments du dossier.
Il aura suffi d'une simple recherche d'images inversée pour mettre en évidence la duperie : les trois photographies habilement recadrées et rediffusées par le(s) manipulateur(s) – agissant notamment sous le pseudo « Meme » – font bien apparaître la même petite fille passée successivement de mains en mains (le sauveteur initial, puis probablement un gardien ou collaborateur d'une ONG et un civil en chemisette à carreaux) au cours du même sauvetage, le 27 août 2016.
La première image (avant un recadrage serré) montre un membre des « Casques blancs » portant plusieurs enfants, dont la fillette en question, sur le lieu de « l'attentat » présumé (nous verrons plus bas qu'il s'agissait en fait plus précisément d'une frappe aérienne du régime Assad) à Alep, le 27 août 2016.
Fort naturellement, le sauveteur a rapidement confié ses encombrants petits protégés à des collaborateurs dès qu'il en a eu la possibilité, sans doute pour retourner à son travail de recherches dans les décombres : sur la deuxième photo, l'enfant apparaît seule dans les bras d'un autre homme en tenue jaune. Ce cliché, à nouveau recadré par le(s) faussaire(s), aurait été pris par un autre photographe : Ameer Alhalbi de l'AFP/Getty.
Enfin, une dernière photo, également revendiquée par l'AFP et datée du même jour (27 août 2016), la montre dans les bras d'un troisième homme habillé en civil (peut-être un parent ?) s'éloignant du lieu du sauvetage.
Les images sont donc bien réelles, et elles montrent bien la même petite fille à la suite du même incident. Mais celle-ci a simplement et fort naturellement été confiée à plusieurs personnes successives au cours d'une classique opération de sauvetage. Rien n'indique que CNN ait mis en scène ou simulé quoi que ce soit en la circonstance, contrairement à ce que le fameux « Meme » laisse suggérer.
Lauréat du prix Pulitzer en 1970 pour avoir révélé le massacre de centaines de civils vietnamiens par des soldats américains à My Lai en mars 1968, Seymour Hersh, 81 ans, se voit depuis plusieurs années reprocher son manque de sérieux et de déontologie.
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