Sucharit Bhakdi (1946 - ) est un microbiologiste allemand d'origine thaï à la retraite. Il est connu pour ses affirmations trompeuses ou infondées sur la pandémie de Covid-19, puis plus récemment sur le vaccin contre la poliomyélite qu'il a qualifié d'« inefficace » le 12 avril 2024 lors d'un meeting organisé par le parti d'extrême droite autrichien FPÖ.
Professeur émérite à l'Université Johannes Gutenberg de Mayence de 1991 à 2012, Sucharit Bhakdi a publié en mars 2020 une lettre ouverte à la chancelière allemande Angela Merkel concernant les conséquences socio-économiques des mesures sanitaires prises contre la pandémie de coronavirus.
Il affirme par exemple que le vaccin anti-Covid à ARN messager de Pfizer/BioNTech comporterait des risques majeurs pour la santé. Il pourrait notamment rendre les femmes infertiles, une thèse qui n'est pas corroborée sur le plan scientifique. Il est cité comme une référence par les activistes anti-vaccination et anti-masques.
« Bhakdi a fait de fausses déclarations sur le SARS-CoV-2 dès le début de la pandémie et est l'un des principaux moteurs du mouvement antivax et négationniste du Covid dans les pays germanophones », a affirmé à l'AFP Florian Krammer, professeur de microbiologie à l'école de médecine Icahn de l'hôpital Mont Sinai à New York, co-auteur d’une étude publiée dans la revue Cell.
Il est le co-auteur, avec sa femme Karina Reiß, de deux livres sur la crise du COVID : Corona Fehlalarm? [Corona, fausse alerte ?] paru en 2020 et Corona Unmasked en 2021. Le premier, qui s’était déjà vendu à 200 000 exemplaires en août 2020, occupant la première place du classement hebdomadaire des ventes de livre de Der Spiegel, n’a bénéficié d’aucune campagne de promotion classique. Il s’agit d’un succès entièrement lié au succès de son auteur auprès de la complosphère, explique le quotidien autrichien Der Standard. Le deuxième, quant à lui, a occupé la deuxième place du même classement.
Face à ce mauvais buzz, la faculté de médecine de l'université de Kiel, le centre d'excellence Precision Medicine in Chronic Inflammation (PMI) et l'hôpital universitaire du Schleswig-Holstein (UKSH) ont pris position en août 2020, condamnant ses thèses comme n'étant pas étayées, minimisant les faits, étant dangereuses pour la santé et « en contradiction avec les connaissances scientifiques internationales sérieuses ».
De même, en octobre 2020, le département de microbiologie et d'hygiène médicale de l'université Johannes Gutenberg a annoncé dans un communiqué « prendre ses distances avec les positions adoptées par M. Bhakdi » au sujet de la pandémie, qu'il considère comme « trompeuses ou fausses ».
Le professeur Sucharit Bhakdi a participé à des projets de recherche en tant que chercheur invité à la faculté de médecine de l'université de Kiel de 2016 à 2020, dans le cadre d'un contrat d'agrément. Ce contrat a pris fin le 31 décembre 2020.
Dès fin mars 2020, il a donné une interview à KenFM, la chaîne du conspirationniste allemand Ken Jebsen. Ken Jebsen et Sucharit Bhakdi ont tous deux vu leurs chaînes YouTube respectives être supprimées en novembre 2020 pour avoir enfreint de manière répétée les règles d'utilisation de la plateforme qui proscrivent la désinformation en matière de santé. Ils ont également tous deux été primés aux Goldenes Brett vorm Kopf (Une planche en or), un anti-prix récompensant le meilleur du pire des pseudo-sciences.
Le 7 septembre 2020, Bhakdi est longuement interviewé sur la chaîne autrichienne Servus TV. Cette dernière, qui émet sur le câble et par satellite, appartient au groupe Red Bull et est réputée proche de l’extrême droite. La vidéo de son interview cumule près d'un million de vues sur YouTube. Il est décrit par Wikipedia comme un invité récurrent de cette chaîne depuis lors.
Ainsi, le 6 décembre de la même année, il apparaissait de nouveau sur Servus TV, dans l'émission hebdomadaire « Corona Quartet ». Il y affirmait que le vaccin « basé sur les gènes » de Biontech et Pfizer contre le COVID-19 était dangereux et provoquait des effets secondaires « assez graves ». Selon lui, « La moitié » des jeunes gens en bonne santé vaccinés avec ce vaccin en Grande-Bretagne auraient été atteints de « fièvre, frissons, douleurs musculaires, douleurs dans les membres, maux de tête ». Des symptômes somme toute assez classiques, sans compter que la campagne de vaccination en Grande-Bretagne n'a commencé que deux jours après les affirmations de Bhakdi. Une équipe de vérification des faits de la DPA (l’agence de presse allemande) a donc jugé ses déclarations sur les effets secondaires "inexactes et en grande partie exagérées".
En mai 2020, Bhakdi, Reiß, les médecins Wolfgang Wodarg (déjà antivax au moment de la grippe H1N1) et Bodo Schiffmann ainsi que le financier Stefan Homburg ont fondé l'association Mediziner und Wissenschaftler für Gesundheit, Freiheit und Demokratie e.V. (MWGFD - Médecins et scientifiques pour la santé, la liberté et la démocratie). Bhakdi en a pris la présidence.
Fin juin 2020, l'administration fiscale de Passau (Bavière) a accordé à l'association le statut d'utilité publique, avant de le lui retirer en octobre 2020, l’empêchant ainsi d’émettre des reçus de dons pour le fisc. La raison en aurait été selon Bhakdi la volonté de l’association « de saper la politique et les décisions politiques, (...) et d'appeler les gens à enfreindre les lois et les règles existantes comme l'obligation de porter un masque ». Cela n’a pas empêché l’association de récolter, selon ses propres déclarations, plus de 400 000 euros de dons entre le moment de sa fondation et février 2021.
Cela n’a pas empêché été des représentants de l'association, dont Bhakdi et Stefan Homburg, de rencontrer au cours de l’été 2020 le ministre-président de Saxe Michael Kretschmer (CDU) pour une discussion confidentielle déclarée comme « table ronde scientifique », note dans une enquête l’ONG Correctiv. Son contenu n'a pas été révélé, car la chancellerie de Saxe a gardé sous clé un enregistrement audio de la conversation et a déclaré avoir convenu de ne pas en dévoiler le contenu.
Toujours selon les recherches de Correctiv, l'association de Bhakdi a participé à une campagne nationale de désinformation organisée à partir de septembre 2020 via le service de messagerie Telegram, en partenariat avec d’autres organisations. Elles ont fait imprimer des tracts à des millions d'exemplaires et les ont fait distribuer par des dizaines de milliers de bénévoles dans toute l'Allemagne afin de saper les mesures prises par l'État à coups de fausses informations, comme un prétendu préjudice causé aux enfants par les masques. L'association de Bhakdi a d’ailleurs établi des contacts avec des médecins et des naturopathes qui ont délivré des attestations d'exemption de l'obligation de porter un masque. Une liste de praticiens complaisants était même présente sur son site jusqu'en septembre 2020.
De son entretien avec Jebsen est sortie l’idée de demander aux synagogues, églises et mosquées d’ouvrir leurs portes afin d’accorder l’asile aux opposants à la politique sanitaire. Un appel a donc été lancé en ce sens le 26 avril 2020 à l’initiative de l’ésotériste d’extrême droite Erich Hambach, leader du groupuscule à acarctère sectaire Friedensweg (Le Chemin de la Paix). Son titre, « Nikolaikirche ist überall » (« L’église Saint-Nicolas est partout »), fait référence à une église de Leipzig célèbre pour avoir été un haut lieu de résistance au régime est-allemand.
Selon ce texte, la prière et le chants devraient permettre de créer, « conformément à la physique quantique, un champ de conscience qui s'étendra bien au-delà du lieu de culte individuel et deviendra un élément fédérateur de tous les êtres humains. »
Parmi les signataires, toujours les mêmes compères : Sucharit Bhakdi, Bodo Schiffmann, Ken Jebsen, Daniele Ganser, Erich Hambach.
En juillet 2021, Bhakdi est apparu aux côtés de Wolfgang Wodarg dans un message vidéo lors de la « 2e conférence pour la paix » organisée par le même Hambach à Munich. La liste des participants regroupait plusieurs figures connues de la complosphère germanophone, dont Reiner Fuellmich et Daniele Ganser.
Quant à Hambach, il personnifie à lui seul la capacité de connexion de la scène ésotérique avec différents récits complotistes qui se basent en partie sur des idées antidémocratiques, antisémites et racistes, note la chaîne de télévision bavaroise BR24.
Dans une interview accordée en anglais à un naturopathe grec en mai 2021, Marios Dimopulos, il a affirmé que les confinement ne fonctionnaient pas et que les tests PCR étaient invalides. Pourquoi ? Parce que la pandémie n'existe pas, bien sûr ! « Cette pandémie, telle qu’elle a été déclarée, n’a jamais existé. Tout cela a été construit pour faire croire au monde qu’un nouveau virus mortel était venu pour vous tuer, ce qui était un mensonge. C'est aussi simple que ça. »
Cet entretien est d'ailleurs un condensé des pires théories du complot sur le sujet. Ainsi, à propos de la forte mortalité en Inde, voici ce que dit Bhakdi : « Eh bien, je ne peux pas juger de la situation en Inde car je n’y suis pas allé. Et je ne crois pas aux choses qui passent par les médias, vous savez, si je ne suis pas sûr qu'ils aient raison. [...] Mais [les gens en Inde] ne meurent pas, selon nos sources, à cause du coronavirus. Ils meurent à cause des mesures prises contre ce virus. Ils meurent parce qu’ils meurent de faim, ils tombent malades à cause de la quarantaine. Maintenant, je ne peux pas vous dire si cela est vrai ou non. Je peux simplement dire qu'il existe de nombreuses histoires sur les raisons pour lesquelles l'Inde se porte si mal, mais j'ai tendance à croire qu'ils meurent parce qu'ils meurent de faim et à cause des mesures. » Donc, Bhakdi ne sait rien, mais en fait il sait…
« Et puis, envoyer des gens en quarantaine, faire en sorte que les enfants se testent eux-mêmes, portent des masques, tout cela est un crime contre nos enfants, un crime contre l'humanité, qui mérite d'être porté devant un tribunal. »
L’un de ses arguments phares est alors que le SARS-CoV-2 n'étant pas très différent des autres coronavirus - et notamment de celui du rhume -, notre système immunitaire pourrait répondre correctement à une infection au virus de la Covid 19 : « ce qu’on nous a fait croire, c’est que le virus du Sars-CoV-2 est si nouveau que le système immunitaire ne répondra pas à temps avec une production d’anticorps pour nous sauver la vie ».
Selon Frédéric Altare, spécialiste de l'immunité à l'Inserm interrogé par l’AFP, cela ne suffit cependant pas à affirmer que notre système immunitaire peut répondre de la même façon à une infection au SARS-CoV-2 qu'à tout autre coronavirus : « pour les virus de rhume classiques, effectivement on peut très bien s'en remettre sans aller à l'hôpital. Mais il y a une limite, le SARS-COV-2 est très différent pour sa dangerosité, c'est assez clair au vu du nombre d'hospitalisations ».
« Le Dr Bhakdi a raison de dire que notre corps peut produire des anticorps qui permettent aux personnes infectées d'acquérir une immunité, mais c'est au prix de maladies graves chez de nombreuses personnes infectées, voire de la mort », abondait David R. Walt, enseignant-chercheur du département de pathologie de l'école de médicine de l'université d'Harvard, dans un entretien à l’AFP. « Ce qu'il propose, c'est de laisser tout le monde être infecté, ce qui entraînera des millions de morts et de souffrances supplémentaires. Nos recherches ne soutiennent pas une telle proposition. On sait que les vaccins produisent une réponse immunitaire beaucoup plus forte et offrent une protection beaucoup plus durable que l'infection. »
En janvier 2023, il a affirmé dans une interview vidéo largement diffusée que la princesse thaïlandaise et héritière potentielle du trône, Bajrakitiyabha, 44 ans, était tombée malade et avait été plongée dans le coma peu après avoir été vaccinée avec le vaccin COVID-19 de Pfizer. En réalité, la princesse souffrait d’une infection à mycoplasme, une maladie bactérienne généralement associée à la pneumonie, qui a entraîné l’apparition d’un rythme cardiaque irrégulier. Dans une déclaration antérieure, le palais a également indiqué qu'elle souffrait d'un anévrisme cérébral.
Le 3 février 2023, le gouvernement thaïlandais a rejeté les affirmations de Bhakdi sur sa page Facebook en les qualifiant de « fake news » et en demandant qu'elles ne soient pas diffusées, mais cela n'a pas empêché le site web populiste d'extrême droite Journalistenwatch de diffuser largement les affirmations de Bhakdi dans les pays germanophones, ni ce dernier de rester droit dans ses bottes, selon l’agence de presse AP : « Je me suis entretenu avec des conseillers de haut rang du gouvernement et de la famille royale, expliquant ainsi pourquoi la Thaïlande pouvait et devait annuler le contrat d'achat de Pfizer. Ni plus ni moins. Et ils semblaient convaincus. Rien ne s'est produit en raison de contre-mouvements internes. Nous redoublons toutefois d'efforts. »
Las, il s’est avéré depuis que le professeur n’avait rencontré aucun officiel ni scientifique sérieux, mais avait uniquement été en contact avec des militants antivax locaux. Dans un passage de sa vidéo supprimé depuis, il suggérait aux opposants thaïlandais au vaccin à porter plainte contre Pfizer. Il a depuis reconnu des « exagérations », sans pour autant renier le fond de son discours sur le vaccin.
Quoi qu’il en soit, de tels propos pourraient lui coûter cher s’il venait à devoir retourner en Thaïlande : la diffusion de fausses nouvelles - notamment sur le Covid - y est punie de trois à cinq ans de prison, et jusqu’à quinze si elles concernent la famille royale.
Pendant les élections fédérales allemandes de 2021, Bhakdi a été candidat en Rhénanie-du-Nord-Westphalie avec son épouse Karina Reiß pour le parti Basisdemokratische Partei Deutschland (Die Basis), un parti covido-sceptique, conspirationniste et promoteur des médecines dites “alternatives”, où se côtoient anciens militants des Verts, de la CDU et de l'AfD.
La principale revendication du parti était l'arrêt immédiat de la campagne de vaccination menée par l'État. Bhakdi a demandé, en tant que candidat aux élections fédérales, que l'on laisse « les coronavirus courir dans la population » ; ainsi, les gens pourraient « établir une coexistence avec ces virus ».
Le programme de Die Basis est en outre explicitement inspiré du concept de « tripartition sociale » théorisé par Rudolf Steiner - le fondateur de l’anthroposophie - et qui plonge ses racines dans le nationalisme allemand de l'entre deux guerres. Les manifestations et rassemblements de Die basis sont par ailleurs largement fréquentés par des Querdenker et autres Reichsbürger.
Parmi les autres figures connues de Die Basis, on compte le désormais ex-avocat Reiner Fuellmich. Tout comme Bhakdi, ce dernier a pris part au film conspirationniste Planet Lockdown, dans la distribution duquel se trouvait aussi l’anesthésiste marseillais Louis Fouché.
En novembre 2023, Bhakdi a participé à symposium covido-sceptique organisé par l'AfD dans les locaux du Bundestag, le parlement allemand. Ses partisans n’ont pas manqué de remarquer qu’il a versé quelques larmes sous les ovations. Le discours qu’il a prononcé à cette occasion a été relayé par France-Soir.
En Autriche, il a des contacts avec le parti anti-vaccination MFG–Österreich Menschen – Freiheit – Grundrechte et est souvent intervenu comme orateur lors de ses manifestations, comme à Vienne le 27 février 2022.
Le 12 avril 2024, il a été la vedette de la conférence « Zurück zur Normalität » (« Retour à la normale ») organisée par le parti d'extrême droite autrichien FPÖ. Cette fois, il ne s'est pas contenté de déblatérer sur le Covid mais a affirmé qu'il n'existait aucune preuve de l'efficacité du vaccin contre la polio.
🇩🇪🇦🇹 "Il n'existe aucune preuve de l'efficacité du #vaccin contre la #polio" : Sucharit #Bhakdi, microbiologiste allemand devenu figure de proue des #antivax, s'enfonce chaque jour un peu plus. Ici lors d'un événement du #FPÖ (extrême droite autrichienne). CC @conspiration https://t.co/zb7fgg2maB
— Hannah Stasi (@HannahStasi) April 15, 2024
Lors du même événement, il a qualifié le FPÖ de « seul parti décent ». Sous l'extrait vidéo posté sur YouTube par le FPÖ, le parti remercie chaleureusement le microbiologiste allemand en ces termes :
« Le professeur Sucharit Bhakdi, médecin de renommée mondiale, est une figure lumineuse de la liberté et de la santé pour des milliards de personnes. C'est une légende vivante et un héros. »
En Suisse, il a produit le 12 novembre 2021 un discours en visioconférence de soutien à une manifestation appelant à voter « Non » lors du référendum sur les mesures anti-Covid, dite « loi COVID ». La guest star de cet événement était Robert Kennedy Jr, et Reiner Fuellmich comptait aussi parmi les intervenants.
Lors de sa campagne électorale de 2021, il a été accusé d’avoir commis deux chefs « d’incitation à la haine » contre les Juifs. Parmi les plaignants se trouve notamment le délégué à l'antisémitisme de la communauté juive de Berlin, Sigmount Königsberg.
Bhakdi avait lié l'autorisation des vaccins COVID-19 à un prétendu « objectif final » et à un « deuxième holocauste » dans un discours prononcé le 24 septembre 2021 à Kiel. et dans une vidéo d'avril 2021 dans laquelle il a déclaré : « Les gens qui ont fui cette terre où régnait le mal absolu et qui ont trouvé leur terre, ont transformé leur propre terre en quelque chose d'encore pire que ce qu'était l'Allemagne [nazie]. C'est ce qu'il y a de mal avec les Juifs : ils apprennent bien. Aucun peuple n'apprend mieux qu'eux. Mais ils ont appris le mal et l'ont mis en pratique. C'est pourquoi Israël est maintenant un enfer. »
En réaction à ces déclarations, la maison d'édition autrichienne Goldegg Verlag, qui a édité ses deux livres covido-sceptiques, a déclaré mettre fin à sa collaboration avec le professeur déchu. Aucun autre projet ne sera réalisé avec lui et ses livres ne seront pas réimprimés.
« Nous ne suivons pas cette voie », a-t-elle fait savoir. « Non seulement nous ne pouvons pas comprendre les déclarations actuelles du professeur Bhakdi, mais elles dépassent notre entendement. Nous sommes profondément touchés et nous nous distançons clairement, aussi bien en tant que maison d'édition qu'en tant qu'individus, des idées de droite et de l'antisémitisme ».
Cela ne l’a pas empêché de réitérer des propos douteux dans une interview en novembre 2021. Bhakdi y a défendu l’existencde d’« un agenda monstrueux, démoniaque, satanique » d'un « minuscule groupe de personnes » : les « plus riches du monde », qui peuvent se permettre « d'imprimer de l'argent », auraient minutieusement concocté le plan de la campagne de vaccination il y a 20 ans déjà et l'exécuteraient maintenant avec des politiciens achetés.
La justice allemande, quant à elle, l’a acquitté. Dans ses motifs, le juge avait déclaré qu'il ne pouvait pas être totalement exclu que Bhakdi ne visait que le gouvernement israélien et non le peuple dans ses déclarations. Une décision incompréhensibles pour les leaders de la communauté juive du pays. Le procureur a d’ailleurs fait appel de ce jugement, et l'affaire devrait repasser devant les tribunaux en 2024. De ce côté-ci du Rhin, le site France-Soir lui a apporté son soutien, trouvant même à relayer une pétition de descendants de victimes de la Shoah le soutenant.
(Dernière mise à jour le 22/11/2024)
Sucharit Bhakdi (1946 - ) est un microbiologiste allemand d'origine thaï à la retraite. Il est connu pour ses affirmations trompeuses ou infondées sur la pandémie de Covid-19, puis plus récemment sur le vaccin contre la poliomyélite qu'il a qualifié d'« inefficace » le 12 avril 2024 lors d'un meeting organisé par le parti d'extrême droite autrichien FPÖ.
Professeur émérite à l'Université Johannes Gutenberg de Mayence de 1991 à 2012, Sucharit Bhakdi a publié en mars 2020 une lettre ouverte à la chancelière allemande Angela Merkel concernant les conséquences socio-économiques des mesures sanitaires prises contre la pandémie de coronavirus.
Il affirme par exemple que le vaccin anti-Covid à ARN messager de Pfizer/BioNTech comporterait des risques majeurs pour la santé. Il pourrait notamment rendre les femmes infertiles, une thèse qui n'est pas corroborée sur le plan scientifique. Il est cité comme une référence par les activistes anti-vaccination et anti-masques.
« Bhakdi a fait de fausses déclarations sur le SARS-CoV-2 dès le début de la pandémie et est l'un des principaux moteurs du mouvement antivax et négationniste du Covid dans les pays germanophones », a affirmé à l'AFP Florian Krammer, professeur de microbiologie à l'école de médecine Icahn de l'hôpital Mont Sinai à New York, co-auteur d’une étude publiée dans la revue Cell.
Il est le co-auteur, avec sa femme Karina Reiß, de deux livres sur la crise du COVID : Corona Fehlalarm? [Corona, fausse alerte ?] paru en 2020 et Corona Unmasked en 2021. Le premier, qui s’était déjà vendu à 200 000 exemplaires en août 2020, occupant la première place du classement hebdomadaire des ventes de livre de Der Spiegel, n’a bénéficié d’aucune campagne de promotion classique. Il s’agit d’un succès entièrement lié au succès de son auteur auprès de la complosphère, explique le quotidien autrichien Der Standard. Le deuxième, quant à lui, a occupé la deuxième place du même classement.
Face à ce mauvais buzz, la faculté de médecine de l'université de Kiel, le centre d'excellence Precision Medicine in Chronic Inflammation (PMI) et l'hôpital universitaire du Schleswig-Holstein (UKSH) ont pris position en août 2020, condamnant ses thèses comme n'étant pas étayées, minimisant les faits, étant dangereuses pour la santé et « en contradiction avec les connaissances scientifiques internationales sérieuses ».
De même, en octobre 2020, le département de microbiologie et d'hygiène médicale de l'université Johannes Gutenberg a annoncé dans un communiqué « prendre ses distances avec les positions adoptées par M. Bhakdi » au sujet de la pandémie, qu'il considère comme « trompeuses ou fausses ».
Le professeur Sucharit Bhakdi a participé à des projets de recherche en tant que chercheur invité à la faculté de médecine de l'université de Kiel de 2016 à 2020, dans le cadre d'un contrat d'agrément. Ce contrat a pris fin le 31 décembre 2020.
Dès fin mars 2020, il a donné une interview à KenFM, la chaîne du conspirationniste allemand Ken Jebsen. Ken Jebsen et Sucharit Bhakdi ont tous deux vu leurs chaînes YouTube respectives être supprimées en novembre 2020 pour avoir enfreint de manière répétée les règles d'utilisation de la plateforme qui proscrivent la désinformation en matière de santé. Ils ont également tous deux été primés aux Goldenes Brett vorm Kopf (Une planche en or), un anti-prix récompensant le meilleur du pire des pseudo-sciences.
Le 7 septembre 2020, Bhakdi est longuement interviewé sur la chaîne autrichienne Servus TV. Cette dernière, qui émet sur le câble et par satellite, appartient au groupe Red Bull et est réputée proche de l’extrême droite. La vidéo de son interview cumule près d'un million de vues sur YouTube. Il est décrit par Wikipedia comme un invité récurrent de cette chaîne depuis lors.
Ainsi, le 6 décembre de la même année, il apparaissait de nouveau sur Servus TV, dans l'émission hebdomadaire « Corona Quartet ». Il y affirmait que le vaccin « basé sur les gènes » de Biontech et Pfizer contre le COVID-19 était dangereux et provoquait des effets secondaires « assez graves ». Selon lui, « La moitié » des jeunes gens en bonne santé vaccinés avec ce vaccin en Grande-Bretagne auraient été atteints de « fièvre, frissons, douleurs musculaires, douleurs dans les membres, maux de tête ». Des symptômes somme toute assez classiques, sans compter que la campagne de vaccination en Grande-Bretagne n'a commencé que deux jours après les affirmations de Bhakdi. Une équipe de vérification des faits de la DPA (l’agence de presse allemande) a donc jugé ses déclarations sur les effets secondaires "inexactes et en grande partie exagérées".
En mai 2020, Bhakdi, Reiß, les médecins Wolfgang Wodarg (déjà antivax au moment de la grippe H1N1) et Bodo Schiffmann ainsi que le financier Stefan Homburg ont fondé l'association Mediziner und Wissenschaftler für Gesundheit, Freiheit und Demokratie e.V. (MWGFD - Médecins et scientifiques pour la santé, la liberté et la démocratie). Bhakdi en a pris la présidence.
Fin juin 2020, l'administration fiscale de Passau (Bavière) a accordé à l'association le statut d'utilité publique, avant de le lui retirer en octobre 2020, l’empêchant ainsi d’émettre des reçus de dons pour le fisc. La raison en aurait été selon Bhakdi la volonté de l’association « de saper la politique et les décisions politiques, (...) et d'appeler les gens à enfreindre les lois et les règles existantes comme l'obligation de porter un masque ». Cela n’a pas empêché l’association de récolter, selon ses propres déclarations, plus de 400 000 euros de dons entre le moment de sa fondation et février 2021.
Cela n’a pas empêché été des représentants de l'association, dont Bhakdi et Stefan Homburg, de rencontrer au cours de l’été 2020 le ministre-président de Saxe Michael Kretschmer (CDU) pour une discussion confidentielle déclarée comme « table ronde scientifique », note dans une enquête l’ONG Correctiv. Son contenu n'a pas été révélé, car la chancellerie de Saxe a gardé sous clé un enregistrement audio de la conversation et a déclaré avoir convenu de ne pas en dévoiler le contenu.
Toujours selon les recherches de Correctiv, l'association de Bhakdi a participé à une campagne nationale de désinformation organisée à partir de septembre 2020 via le service de messagerie Telegram, en partenariat avec d’autres organisations. Elles ont fait imprimer des tracts à des millions d'exemplaires et les ont fait distribuer par des dizaines de milliers de bénévoles dans toute l'Allemagne afin de saper les mesures prises par l'État à coups de fausses informations, comme un prétendu préjudice causé aux enfants par les masques. L'association de Bhakdi a d’ailleurs établi des contacts avec des médecins et des naturopathes qui ont délivré des attestations d'exemption de l'obligation de porter un masque. Une liste de praticiens complaisants était même présente sur son site jusqu'en septembre 2020.
De son entretien avec Jebsen est sortie l’idée de demander aux synagogues, églises et mosquées d’ouvrir leurs portes afin d’accorder l’asile aux opposants à la politique sanitaire. Un appel a donc été lancé en ce sens le 26 avril 2020 à l’initiative de l’ésotériste d’extrême droite Erich Hambach, leader du groupuscule à acarctère sectaire Friedensweg (Le Chemin de la Paix). Son titre, « Nikolaikirche ist überall » (« L’église Saint-Nicolas est partout »), fait référence à une église de Leipzig célèbre pour avoir été un haut lieu de résistance au régime est-allemand.
Selon ce texte, la prière et le chants devraient permettre de créer, « conformément à la physique quantique, un champ de conscience qui s'étendra bien au-delà du lieu de culte individuel et deviendra un élément fédérateur de tous les êtres humains. »
Parmi les signataires, toujours les mêmes compères : Sucharit Bhakdi, Bodo Schiffmann, Ken Jebsen, Daniele Ganser, Erich Hambach.
En juillet 2021, Bhakdi est apparu aux côtés de Wolfgang Wodarg dans un message vidéo lors de la « 2e conférence pour la paix » organisée par le même Hambach à Munich. La liste des participants regroupait plusieurs figures connues de la complosphère germanophone, dont Reiner Fuellmich et Daniele Ganser.
Quant à Hambach, il personnifie à lui seul la capacité de connexion de la scène ésotérique avec différents récits complotistes qui se basent en partie sur des idées antidémocratiques, antisémites et racistes, note la chaîne de télévision bavaroise BR24.
Dans une interview accordée en anglais à un naturopathe grec en mai 2021, Marios Dimopulos, il a affirmé que les confinement ne fonctionnaient pas et que les tests PCR étaient invalides. Pourquoi ? Parce que la pandémie n'existe pas, bien sûr ! « Cette pandémie, telle qu’elle a été déclarée, n’a jamais existé. Tout cela a été construit pour faire croire au monde qu’un nouveau virus mortel était venu pour vous tuer, ce qui était un mensonge. C'est aussi simple que ça. »
Cet entretien est d'ailleurs un condensé des pires théories du complot sur le sujet. Ainsi, à propos de la forte mortalité en Inde, voici ce que dit Bhakdi : « Eh bien, je ne peux pas juger de la situation en Inde car je n’y suis pas allé. Et je ne crois pas aux choses qui passent par les médias, vous savez, si je ne suis pas sûr qu'ils aient raison. [...] Mais [les gens en Inde] ne meurent pas, selon nos sources, à cause du coronavirus. Ils meurent à cause des mesures prises contre ce virus. Ils meurent parce qu’ils meurent de faim, ils tombent malades à cause de la quarantaine. Maintenant, je ne peux pas vous dire si cela est vrai ou non. Je peux simplement dire qu'il existe de nombreuses histoires sur les raisons pour lesquelles l'Inde se porte si mal, mais j'ai tendance à croire qu'ils meurent parce qu'ils meurent de faim et à cause des mesures. » Donc, Bhakdi ne sait rien, mais en fait il sait…
« Et puis, envoyer des gens en quarantaine, faire en sorte que les enfants se testent eux-mêmes, portent des masques, tout cela est un crime contre nos enfants, un crime contre l'humanité, qui mérite d'être porté devant un tribunal. »
L’un de ses arguments phares est alors que le SARS-CoV-2 n'étant pas très différent des autres coronavirus - et notamment de celui du rhume -, notre système immunitaire pourrait répondre correctement à une infection au virus de la Covid 19 : « ce qu’on nous a fait croire, c’est que le virus du Sars-CoV-2 est si nouveau que le système immunitaire ne répondra pas à temps avec une production d’anticorps pour nous sauver la vie ».
Selon Frédéric Altare, spécialiste de l'immunité à l'Inserm interrogé par l’AFP, cela ne suffit cependant pas à affirmer que notre système immunitaire peut répondre de la même façon à une infection au SARS-CoV-2 qu'à tout autre coronavirus : « pour les virus de rhume classiques, effectivement on peut très bien s'en remettre sans aller à l'hôpital. Mais il y a une limite, le SARS-COV-2 est très différent pour sa dangerosité, c'est assez clair au vu du nombre d'hospitalisations ».
« Le Dr Bhakdi a raison de dire que notre corps peut produire des anticorps qui permettent aux personnes infectées d'acquérir une immunité, mais c'est au prix de maladies graves chez de nombreuses personnes infectées, voire de la mort », abondait David R. Walt, enseignant-chercheur du département de pathologie de l'école de médicine de l'université d'Harvard, dans un entretien à l’AFP. « Ce qu'il propose, c'est de laisser tout le monde être infecté, ce qui entraînera des millions de morts et de souffrances supplémentaires. Nos recherches ne soutiennent pas une telle proposition. On sait que les vaccins produisent une réponse immunitaire beaucoup plus forte et offrent une protection beaucoup plus durable que l'infection. »
En janvier 2023, il a affirmé dans une interview vidéo largement diffusée que la princesse thaïlandaise et héritière potentielle du trône, Bajrakitiyabha, 44 ans, était tombée malade et avait été plongée dans le coma peu après avoir été vaccinée avec le vaccin COVID-19 de Pfizer. En réalité, la princesse souffrait d’une infection à mycoplasme, une maladie bactérienne généralement associée à la pneumonie, qui a entraîné l’apparition d’un rythme cardiaque irrégulier. Dans une déclaration antérieure, le palais a également indiqué qu'elle souffrait d'un anévrisme cérébral.
Le 3 février 2023, le gouvernement thaïlandais a rejeté les affirmations de Bhakdi sur sa page Facebook en les qualifiant de « fake news » et en demandant qu'elles ne soient pas diffusées, mais cela n'a pas empêché le site web populiste d'extrême droite Journalistenwatch de diffuser largement les affirmations de Bhakdi dans les pays germanophones, ni ce dernier de rester droit dans ses bottes, selon l’agence de presse AP : « Je me suis entretenu avec des conseillers de haut rang du gouvernement et de la famille royale, expliquant ainsi pourquoi la Thaïlande pouvait et devait annuler le contrat d'achat de Pfizer. Ni plus ni moins. Et ils semblaient convaincus. Rien ne s'est produit en raison de contre-mouvements internes. Nous redoublons toutefois d'efforts. »
Las, il s’est avéré depuis que le professeur n’avait rencontré aucun officiel ni scientifique sérieux, mais avait uniquement été en contact avec des militants antivax locaux. Dans un passage de sa vidéo supprimé depuis, il suggérait aux opposants thaïlandais au vaccin à porter plainte contre Pfizer. Il a depuis reconnu des « exagérations », sans pour autant renier le fond de son discours sur le vaccin.
Quoi qu’il en soit, de tels propos pourraient lui coûter cher s’il venait à devoir retourner en Thaïlande : la diffusion de fausses nouvelles - notamment sur le Covid - y est punie de trois à cinq ans de prison, et jusqu’à quinze si elles concernent la famille royale.
Pendant les élections fédérales allemandes de 2021, Bhakdi a été candidat en Rhénanie-du-Nord-Westphalie avec son épouse Karina Reiß pour le parti Basisdemokratische Partei Deutschland (Die Basis), un parti covido-sceptique, conspirationniste et promoteur des médecines dites “alternatives”, où se côtoient anciens militants des Verts, de la CDU et de l'AfD.
La principale revendication du parti était l'arrêt immédiat de la campagne de vaccination menée par l'État. Bhakdi a demandé, en tant que candidat aux élections fédérales, que l'on laisse « les coronavirus courir dans la population » ; ainsi, les gens pourraient « établir une coexistence avec ces virus ».
Le programme de Die Basis est en outre explicitement inspiré du concept de « tripartition sociale » théorisé par Rudolf Steiner - le fondateur de l’anthroposophie - et qui plonge ses racines dans le nationalisme allemand de l'entre deux guerres. Les manifestations et rassemblements de Die basis sont par ailleurs largement fréquentés par des Querdenker et autres Reichsbürger.
Parmi les autres figures connues de Die Basis, on compte le désormais ex-avocat Reiner Fuellmich. Tout comme Bhakdi, ce dernier a pris part au film conspirationniste Planet Lockdown, dans la distribution duquel se trouvait aussi l’anesthésiste marseillais Louis Fouché.
En novembre 2023, Bhakdi a participé à symposium covido-sceptique organisé par l'AfD dans les locaux du Bundestag, le parlement allemand. Ses partisans n’ont pas manqué de remarquer qu’il a versé quelques larmes sous les ovations. Le discours qu’il a prononcé à cette occasion a été relayé par France-Soir.
En Autriche, il a des contacts avec le parti anti-vaccination MFG–Österreich Menschen – Freiheit – Grundrechte et est souvent intervenu comme orateur lors de ses manifestations, comme à Vienne le 27 février 2022.
Le 12 avril 2024, il a été la vedette de la conférence « Zurück zur Normalität » (« Retour à la normale ») organisée par le parti d'extrême droite autrichien FPÖ. Cette fois, il ne s'est pas contenté de déblatérer sur le Covid mais a affirmé qu'il n'existait aucune preuve de l'efficacité du vaccin contre la polio.
🇩🇪🇦🇹 "Il n'existe aucune preuve de l'efficacité du #vaccin contre la #polio" : Sucharit #Bhakdi, microbiologiste allemand devenu figure de proue des #antivax, s'enfonce chaque jour un peu plus. Ici lors d'un événement du #FPÖ (extrême droite autrichienne). CC @conspiration https://t.co/zb7fgg2maB
— Hannah Stasi (@HannahStasi) April 15, 2024
Lors du même événement, il a qualifié le FPÖ de « seul parti décent ». Sous l'extrait vidéo posté sur YouTube par le FPÖ, le parti remercie chaleureusement le microbiologiste allemand en ces termes :
« Le professeur Sucharit Bhakdi, médecin de renommée mondiale, est une figure lumineuse de la liberté et de la santé pour des milliards de personnes. C'est une légende vivante et un héros. »
En Suisse, il a produit le 12 novembre 2021 un discours en visioconférence de soutien à une manifestation appelant à voter « Non » lors du référendum sur les mesures anti-Covid, dite « loi COVID ». La guest star de cet événement était Robert Kennedy Jr, et Reiner Fuellmich comptait aussi parmi les intervenants.
Lors de sa campagne électorale de 2021, il a été accusé d’avoir commis deux chefs « d’incitation à la haine » contre les Juifs. Parmi les plaignants se trouve notamment le délégué à l'antisémitisme de la communauté juive de Berlin, Sigmount Königsberg.
Bhakdi avait lié l'autorisation des vaccins COVID-19 à un prétendu « objectif final » et à un « deuxième holocauste » dans un discours prononcé le 24 septembre 2021 à Kiel. et dans une vidéo d'avril 2021 dans laquelle il a déclaré : « Les gens qui ont fui cette terre où régnait le mal absolu et qui ont trouvé leur terre, ont transformé leur propre terre en quelque chose d'encore pire que ce qu'était l'Allemagne [nazie]. C'est ce qu'il y a de mal avec les Juifs : ils apprennent bien. Aucun peuple n'apprend mieux qu'eux. Mais ils ont appris le mal et l'ont mis en pratique. C'est pourquoi Israël est maintenant un enfer. »
En réaction à ces déclarations, la maison d'édition autrichienne Goldegg Verlag, qui a édité ses deux livres covido-sceptiques, a déclaré mettre fin à sa collaboration avec le professeur déchu. Aucun autre projet ne sera réalisé avec lui et ses livres ne seront pas réimprimés.
« Nous ne suivons pas cette voie », a-t-elle fait savoir. « Non seulement nous ne pouvons pas comprendre les déclarations actuelles du professeur Bhakdi, mais elles dépassent notre entendement. Nous sommes profondément touchés et nous nous distançons clairement, aussi bien en tant que maison d'édition qu'en tant qu'individus, des idées de droite et de l'antisémitisme ».
Cela ne l’a pas empêché de réitérer des propos douteux dans une interview en novembre 2021. Bhakdi y a défendu l’existencde d’« un agenda monstrueux, démoniaque, satanique » d'un « minuscule groupe de personnes » : les « plus riches du monde », qui peuvent se permettre « d'imprimer de l'argent », auraient minutieusement concocté le plan de la campagne de vaccination il y a 20 ans déjà et l'exécuteraient maintenant avec des politiciens achetés.
La justice allemande, quant à elle, l’a acquitté. Dans ses motifs, le juge avait déclaré qu'il ne pouvait pas être totalement exclu que Bhakdi ne visait que le gouvernement israélien et non le peuple dans ses déclarations. Une décision incompréhensibles pour les leaders de la communauté juive du pays. Le procureur a d’ailleurs fait appel de ce jugement, et l'affaire devrait repasser devant les tribunaux en 2024. De ce côté-ci du Rhin, le site France-Soir lui a apporté son soutien, trouvant même à relayer une pétition de descendants de victimes de la Shoah le soutenant.
(Dernière mise à jour le 22/11/2024)
Depuis seize ans, Conspiracy Watch contribue à sensibiliser aux dangers du complotisme en assurant un travail d’information et de veille critique sans équivalent. Pour pérenniser nos activités, le soutien de nos lecteurs est indispensable.