Conspiracy Watch | l'Observatoire du conspirationnisme
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Sur Twitter, 11% des Français ont été exposés à « Hold-up »

Publié par La Rédaction23 novembre 2020,

Les comptes les plus relayés par les utilisateurs pro-« Hold-up » sont presque systématiquement conspirationnistes et/ou anonymes.

Montage CW.

L'engouement suscité par le pseudo-documentaire « Hold-up » a été abondamment commenté dans les médias depuis son lancement le 11 novembre dernier. Sur Twitter, pas moins de 11% des Français auraient été exposés à des messages sur ce film conspirationniste.

C'est ce qui ressort des données collectées par l'agence de communication Majorelle PR & Events au moyen d'une technologie innovante d’analyse de l’opinion publique fondée sur un échantillon représentatif d’utilisateurs français des réseaux sociaux.

Cet outil, appelé Lucy, a permis à Majorelle de déterminer que 2% des comptes français sur Twitter ont activement parlé de « Hold-up », soit pour le promouvoir, soit pour s'en inquiéter. « Chaque personne qui a parlé de cette vidéo a touché six personnes en moyenne, explique-t-on à Majorelle. C'est un ratio assez élevé par rapport à ce que l'on observe habituellement, plus proche de 1 pour 2 quand les relais sont faibles à 1 pour un peu plus de 5 lorsque les relais sont structurés. »

Les comptes Twitter soutenant la vidéo conspirationniste réalisée par Pierre Barnérias ont régulièrement mentionné dans leurs messages le compte officiel du film. Ils suivent des comptes très marqués politiquement comme ceux des avocats Gilles-William Goldnadel et Juan Branco ou le compte satirique En Mode Macaron. Toutefois, les comptes les plus relayés par les défenseurs du film sont pour l’essentiel des comptes anonymes au nombre d'abonnés limité comme Alex Le Cat (près de 3400 abonnés), un compte relayant régulièrement des contenus conspirationnistes, ou celui de Marie Wilhelm (près de 6900 abonnés).

Tweet d'Alex Le Cat soutenant le film conspirationniste Hold-up (12/11/2020).

Du côté des anti-« Hold-up », on mentionne peu ou pas le compte officiel du film, on suit des comptes plus consensuels et on relaie des contenus de debunking ou de fact-checking issus d'AFP Factuel, de Tristan Mendès France, de Covid19 Fédération ou des journalistes Marcus Dupont-Besnard (Numerama) et Raphaël Grably (BFM TV).

Parmi les comptes Twitter pro-« Hold-up », on est significativement abonné à des comptes très critiques à l'égard du gouvernement ou flirtant avec le conspirationnisme comme ceux de Juan Branco, Tropical Boy ou En Mode Macaron. De la même manière, ces comptes suivent des personnalités politiques de la gauche antilibérale comme François Ruffin, Jean-Luc Mélenchon, Manon Aubry, Adrien Quattenens, ou d'extrême droite comme Marine Le Pen, Gilbert Collard, Thierry Mariani ou Jordan Bardella. Concernant les médias et les journalistes suivis par ces comptes pro-« Hold-up », on note la présence récurrente de RT France, TV Libertés et André Bercoff et, dans une moindre mesure, de Valeurs Actuelles, Fakir et Le Media.

En revanche, les comptes les plus relayés par ces communautés pro-« Hold-up » sont presque systématiquement conspirationnistes et/ou anonymes, et affichent peu d'abonnés : Silvano Trotta (45,5k abonnés), Stalec (10,9k abonnés), Biobiobiobio (12,7k abonnés). À noter également la présence du Comité Trump France (27,1k abonnés) et de Didier Maïsto (26,3k abonnés), passé récemment de Sud Radio à RT France.

En agrégeant les comptes conspirationnistes ainsi révélés (Silviano Trotta, Stalec, Biobiobiobio, Alex le Cat et Wilhelm Marie), on voit que leur influence s'étend bien au-delà de leurs followers : 0,11% des Français les suivent, mais 0,61% les retweetent en un mois. Des retweets qui atteignent 3,2% des Français sur Twitter.

L'activisme des communautés sceptiques et conspirationnistes

En juillet dernier, Majorelle PR & Events avait publié une étude réalisée entre le 8 mai et le 8 juin 2020 autour de la controverse sur l'hydroxychloroquine.

Intitulée « La Grande contagion »*, cette étude classait en sept familles différentes les « communautés sceptiques, défiantes et conspirationnistes » : anti-nucléaire, pro-chloroquine, « anti-tech » (qui ont fait de Bill Gates leur adversaire et dénoncent l'application de traçage du coronavirus), écologistes radicaux (animalistes, anti-spécistes...), anti-Big Pharma, anti-5G et anti-vaccins. Le rayonnement et le poids de ces communautés dans l'opinion publique étaient variables mais elles pouvaient rencontrer et capter une audience de cinq à dix fois supérieure à leur poids d'origine.

Soruce : Majorelle PR & Events (juillet 2020).

L'étude de Majorelle montrait qu'il existait une porosité indéniable entre ces différentes communautés et de nombreuses interactions entre elles. Par exemple, une « communauté marginale telle que les anti-vaccins peut générer une audience considérable chez les anti-tech (près de deux tiers d’entre eux sont touchés) et entretenir la spirale sceptique ». Autre exemple : « les anti-5G sont hyper exposés aux anti-big pharma (72,7% le sont au moins une fois par mois, à raison de 110,5 messages par jour), soit 4 fois plus que les Français en moyenne ».

Par rapport à l’ensemble des Français, ces communautés sceptiques inclinent davantage vers les deux extrêmes de l’échiquier politique, à savoir Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Ainsi, près de 28% des pro-chloroquine suivaient sur Twitter le chef de file de La France insoumise et la présidente du Rassemblement national contre environ 5% des Français.

Autre enseignement, qui vérifie une nouvelle fois le suractivisme des communautés sceptiques, défiantes et conspirationnistes : tandis qu'environ un quart des Français (26%) ont vu passer au moins une fois un message sur la chloroquine pendant la période étudiée, ils sont plus de 80% chez les complotistes « anti-tech ».

S'agissant de certaines thématiques, l'agence de communication Majorelle n'hésite pas à évoquer un « matraquage ». Alors que les Français sur Twitter ont reçu en moyenne une vingtaine de messages pro-chloroquine par jour, ceux qui suivaient au moins un média alternatif en ont reçu 230.

 

 Voir aussi :

Comment les anti-vaccins gagnent du terrain grâce au complotisme

 

* « La Grande contagion : comment sept communautés sceptiques, défiantes et conspirationnistes ont décuplé leur audience pendant la crise de la Covid-19 », Sacha Mandel, Lucy par Majorelle PR & Events, juillet 2020.

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L'engouement suscité par le pseudo-documentaire « Hold-up » a été abondamment commenté dans les médias depuis son lancement le 11 novembre dernier. Sur Twitter, pas moins de 11% des Français auraient été exposés à des messages sur ce film conspirationniste.

C'est ce qui ressort des données collectées par l'agence de communication Majorelle PR & Events au moyen d'une technologie innovante d’analyse de l’opinion publique fondée sur un échantillon représentatif d’utilisateurs français des réseaux sociaux.

Cet outil, appelé Lucy, a permis à Majorelle de déterminer que 2% des comptes français sur Twitter ont activement parlé de « Hold-up », soit pour le promouvoir, soit pour s'en inquiéter. « Chaque personne qui a parlé de cette vidéo a touché six personnes en moyenne, explique-t-on à Majorelle. C'est un ratio assez élevé par rapport à ce que l'on observe habituellement, plus proche de 1 pour 2 quand les relais sont faibles à 1 pour un peu plus de 5 lorsque les relais sont structurés. »

Les comptes Twitter soutenant la vidéo conspirationniste réalisée par Pierre Barnérias ont régulièrement mentionné dans leurs messages le compte officiel du film. Ils suivent des comptes très marqués politiquement comme ceux des avocats Gilles-William Goldnadel et Juan Branco ou le compte satirique En Mode Macaron. Toutefois, les comptes les plus relayés par les défenseurs du film sont pour l’essentiel des comptes anonymes au nombre d'abonnés limité comme Alex Le Cat (près de 3400 abonnés), un compte relayant régulièrement des contenus conspirationnistes, ou celui de Marie Wilhelm (près de 6900 abonnés).

Tweet d'Alex Le Cat soutenant le film conspirationniste Hold-up (12/11/2020).

Du côté des anti-« Hold-up », on mentionne peu ou pas le compte officiel du film, on suit des comptes plus consensuels et on relaie des contenus de debunking ou de fact-checking issus d'AFP Factuel, de Tristan Mendès France, de Covid19 Fédération ou des journalistes Marcus Dupont-Besnard (Numerama) et Raphaël Grably (BFM TV).

Parmi les comptes Twitter pro-« Hold-up », on est significativement abonné à des comptes très critiques à l'égard du gouvernement ou flirtant avec le conspirationnisme comme ceux de Juan Branco, Tropical Boy ou En Mode Macaron. De la même manière, ces comptes suivent des personnalités politiques de la gauche antilibérale comme François Ruffin, Jean-Luc Mélenchon, Manon Aubry, Adrien Quattenens, ou d'extrême droite comme Marine Le Pen, Gilbert Collard, Thierry Mariani ou Jordan Bardella. Concernant les médias et les journalistes suivis par ces comptes pro-« Hold-up », on note la présence récurrente de RT France, TV Libertés et André Bercoff et, dans une moindre mesure, de Valeurs Actuelles, Fakir et Le Media.

En revanche, les comptes les plus relayés par ces communautés pro-« Hold-up » sont presque systématiquement conspirationnistes et/ou anonymes, et affichent peu d'abonnés : Silvano Trotta (45,5k abonnés), Stalec (10,9k abonnés), Biobiobiobio (12,7k abonnés). À noter également la présence du Comité Trump France (27,1k abonnés) et de Didier Maïsto (26,3k abonnés), passé récemment de Sud Radio à RT France.

En agrégeant les comptes conspirationnistes ainsi révélés (Silviano Trotta, Stalec, Biobiobiobio, Alex le Cat et Wilhelm Marie), on voit que leur influence s'étend bien au-delà de leurs followers : 0,11% des Français les suivent, mais 0,61% les retweetent en un mois. Des retweets qui atteignent 3,2% des Français sur Twitter.

L'activisme des communautés sceptiques et conspirationnistes

En juillet dernier, Majorelle PR & Events avait publié une étude réalisée entre le 8 mai et le 8 juin 2020 autour de la controverse sur l'hydroxychloroquine.

Intitulée « La Grande contagion »*, cette étude classait en sept familles différentes les « communautés sceptiques, défiantes et conspirationnistes » : anti-nucléaire, pro-chloroquine, « anti-tech » (qui ont fait de Bill Gates leur adversaire et dénoncent l'application de traçage du coronavirus), écologistes radicaux (animalistes, anti-spécistes...), anti-Big Pharma, anti-5G et anti-vaccins. Le rayonnement et le poids de ces communautés dans l'opinion publique étaient variables mais elles pouvaient rencontrer et capter une audience de cinq à dix fois supérieure à leur poids d'origine.

Soruce : Majorelle PR & Events (juillet 2020).

L'étude de Majorelle montrait qu'il existait une porosité indéniable entre ces différentes communautés et de nombreuses interactions entre elles. Par exemple, une « communauté marginale telle que les anti-vaccins peut générer une audience considérable chez les anti-tech (près de deux tiers d’entre eux sont touchés) et entretenir la spirale sceptique ». Autre exemple : « les anti-5G sont hyper exposés aux anti-big pharma (72,7% le sont au moins une fois par mois, à raison de 110,5 messages par jour), soit 4 fois plus que les Français en moyenne ».

Par rapport à l’ensemble des Français, ces communautés sceptiques inclinent davantage vers les deux extrêmes de l’échiquier politique, à savoir Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Ainsi, près de 28% des pro-chloroquine suivaient sur Twitter le chef de file de La France insoumise et la présidente du Rassemblement national contre environ 5% des Français.

Autre enseignement, qui vérifie une nouvelle fois le suractivisme des communautés sceptiques, défiantes et conspirationnistes : tandis qu'environ un quart des Français (26%) ont vu passer au moins une fois un message sur la chloroquine pendant la période étudiée, ils sont plus de 80% chez les complotistes « anti-tech ».

S'agissant de certaines thématiques, l'agence de communication Majorelle n'hésite pas à évoquer un « matraquage ». Alors que les Français sur Twitter ont reçu en moyenne une vingtaine de messages pro-chloroquine par jour, ceux qui suivaient au moins un média alternatif en ont reçu 230.

 

 Voir aussi :

Comment les anti-vaccins gagnent du terrain grâce au complotisme

 

* « La Grande contagion : comment sept communautés sceptiques, défiantes et conspirationnistes ont décuplé leur audience pendant la crise de la Covid-19 », Sacha Mandel, Lucy par Majorelle PR & Events, juillet 2020.

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