Pour Andréas Pantazopoulos, la coalition au pouvoir en Grèce entre la gauche radicale et l'ANEL n'a rien d'étonnant, leur convergence politique et idéologique s'étant déjà manifesté lors du mouvement des « Indignés », en 2011.
La crise politique a bouleversé les distinctions, héritées du passé, entre forces progressistes et forces conservatrices (le fameux clivage grec « droite/anti-droite »). Le nouveau clivage horizontal a opposé les « pro » et les « anti »-Mémorandum, brouillant ainsi les repères habituels et créant des coalitions inédites. Comme celle entre la Syriza et les « Grecs Indépendants », caractérisée par un intransigeantisme politique à forte connotation nationaliste, mais aussi complotiste. Gauche radicale nationale-populiste et droite nationale-populiste ont convergé à plusieurs reprises, condamnant les « centres étrangers » qui dictent la politique économique du pays, et revendiquant la « souveraineté nationale » confisquée par les « banquiers et usuriers » ainsi que par l’Allemagne, nouvelle figure nationale de l’ennemi extérieur, qui a pris la place de l’« impérialisme américain » dénoncé rituellement depuis la chute de la dictature des colonels en 1974.
Les « Grecs Indépendants » constituent une formation politique europhobe marquée par la défense de l’Orthodoxie et des attitudes ouvertement xénophobes envers l’immigration. Tout récemment, ce parti a provoqué l’indignation de l’instance représentative des communautés juives de Grèce (KIS), quand Panos Kammenos a déclaré que les juifs grecs – à l’instar des « bouddhistes » et des « musulmans » – ne payaient pas d’impôts.
« Nouvel Ordre mondial »
La vision complotiste des « Grecs Indépendants » est en outre omniprésente dans leur discours politique, fondé sur un nationalisme effréné. Les premières lignes de leur manifeste en sont tout à fait révélatrices :
« Les citoyens Grecs que nous avons rencontrés ces deux dernières années, en affrontant les assauts du Nouvel Ordre mondial à travers les mémorandums d’humiliation nationale et une attaque violente contre la famille grecque, sont tombés d’accord pour créer une nouvelle formation politique sous le nom des "Grecs Indépendants" ».
Pour ce parti antisystème, le pays est considéré comme « occupé » et, comme il est souligné dans ses textes officiels, la Grèce « est victime d’un complot ourdi, planifié et exécuté entre le printemps 2009 et le printemps 2010 ». Un complot auquel George Soros, le club Bilderberg et les francs-maçons ne seraient pas étranger selon Kammenos... Les gouvernements successifs, quant à eux, sont considérés comme des « traîtres », des agents aux mains des forces de la « mondialisation ». Selon les mots utilisés dans les documents officiels du parti, par exemple lors de son 2ème Congrès tenu en décembre 2014, « le Nouvel Ordre mondial a utilisé et utilise les gouvernements grecs et les centres idéologiques qu’il contrôle (institutions universitaires, médias, etc.) pour notre dés-hellénisation ». Un processus qui mettrait en péril, au-delà de la souveraineté nationale, l’« essence » même de la « différence culturelle grecque », puisque « l’"Élite Supranationale", en ayant pour but l’appropriation du "Pouvoir financier mondial", agit préventivement pour homogénéiser "les différences culturelles des peuples" ».
On peut donc se demander comment la gauche radicale peut s’allier avec cette formation nationale-populiste située à la droite de la droite du spectre politique, et qui a d’ailleurs des contacts privilégiés au niveau européen avec Beppe Grillo (Mouvement 5 étoiles) et Nigel Farage (UKIP). Le facteur de la culture politique grecque, fortement imprégnée par le conspirationnisme, peut en constituer une première réponse. Mais, sans faire d’amalgame, et comme on a pu l’observer au début, la convergence des « extrêmes » repose aussi sur une considération commune des enjeux, soutenue d’en haut par un discours transpolitique commun. Un code politique, idéologique et culturel commun ainsi qu’un manichéisme moral et idéologique, telle est la base d’une alliance inédite, sur laquelle peut se développer une stratégie électorale aussi douteuse qu’inquiétante.
Voir aussi :
La crise politique a bouleversé les distinctions, héritées du passé, entre forces progressistes et forces conservatrices (le fameux clivage grec « droite/anti-droite »). Le nouveau clivage horizontal a opposé les « pro » et les « anti »-Mémorandum, brouillant ainsi les repères habituels et créant des coalitions inédites. Comme celle entre la Syriza et les « Grecs Indépendants », caractérisée par un intransigeantisme politique à forte connotation nationaliste, mais aussi complotiste. Gauche radicale nationale-populiste et droite nationale-populiste ont convergé à plusieurs reprises, condamnant les « centres étrangers » qui dictent la politique économique du pays, et revendiquant la « souveraineté nationale » confisquée par les « banquiers et usuriers » ainsi que par l’Allemagne, nouvelle figure nationale de l’ennemi extérieur, qui a pris la place de l’« impérialisme américain » dénoncé rituellement depuis la chute de la dictature des colonels en 1974.
Les « Grecs Indépendants » constituent une formation politique europhobe marquée par la défense de l’Orthodoxie et des attitudes ouvertement xénophobes envers l’immigration. Tout récemment, ce parti a provoqué l’indignation de l’instance représentative des communautés juives de Grèce (KIS), quand Panos Kammenos a déclaré que les juifs grecs – à l’instar des « bouddhistes » et des « musulmans » – ne payaient pas d’impôts.
« Nouvel Ordre mondial »
La vision complotiste des « Grecs Indépendants » est en outre omniprésente dans leur discours politique, fondé sur un nationalisme effréné. Les premières lignes de leur manifeste en sont tout à fait révélatrices :
« Les citoyens Grecs que nous avons rencontrés ces deux dernières années, en affrontant les assauts du Nouvel Ordre mondial à travers les mémorandums d’humiliation nationale et une attaque violente contre la famille grecque, sont tombés d’accord pour créer une nouvelle formation politique sous le nom des "Grecs Indépendants" ».
Pour ce parti antisystème, le pays est considéré comme « occupé » et, comme il est souligné dans ses textes officiels, la Grèce « est victime d’un complot ourdi, planifié et exécuté entre le printemps 2009 et le printemps 2010 ». Un complot auquel George Soros, le club Bilderberg et les francs-maçons ne seraient pas étranger selon Kammenos... Les gouvernements successifs, quant à eux, sont considérés comme des « traîtres », des agents aux mains des forces de la « mondialisation ». Selon les mots utilisés dans les documents officiels du parti, par exemple lors de son 2ème Congrès tenu en décembre 2014, « le Nouvel Ordre mondial a utilisé et utilise les gouvernements grecs et les centres idéologiques qu’il contrôle (institutions universitaires, médias, etc.) pour notre dés-hellénisation ». Un processus qui mettrait en péril, au-delà de la souveraineté nationale, l’« essence » même de la « différence culturelle grecque », puisque « l’"Élite Supranationale", en ayant pour but l’appropriation du "Pouvoir financier mondial", agit préventivement pour homogénéiser "les différences culturelles des peuples" ».
On peut donc se demander comment la gauche radicale peut s’allier avec cette formation nationale-populiste située à la droite de la droite du spectre politique, et qui a d’ailleurs des contacts privilégiés au niveau européen avec Beppe Grillo (Mouvement 5 étoiles) et Nigel Farage (UKIP). Le facteur de la culture politique grecque, fortement imprégnée par le conspirationnisme, peut en constituer une première réponse. Mais, sans faire d’amalgame, et comme on a pu l’observer au début, la convergence des « extrêmes » repose aussi sur une considération commune des enjeux, soutenue d’en haut par un discours transpolitique commun. Un code politique, idéologique et culturel commun ainsi qu’un manichéisme moral et idéologique, telle est la base d’une alliance inédite, sur laquelle peut se développer une stratégie électorale aussi douteuse qu’inquiétante.
Voir aussi :
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